La France a vu naître sa 1ère décacorne, start-up valorisée plus de $10 milliards. 

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2025, l’année qu’on attendait ? Après trois années moroses, l’écosystème européen des start-up repart en avant. C’est en tout cas ce qui ressort du rapport toujours très fouillé du fonds de capital-risque britannique Atomico.

Si les financements devraient « seulement » être en légère hausse cette année (44 milliards de dollars, contre 43 milliards en 2023), d’autres signes montrent que le Vieux Continent a enclenché une nouvelle dynamique. Le contingent des licornes, ces start-up valorisées plus d’un milliard de dollars, a encore augmenté cette année : on en dénombre 28 nouvelles en 2025, soit près du double de l’an dernier, pour un total de 413.

Issues de 11 pays différents, ces nouvelles licornes se développent dans des secteurs divers comme le quantique avec le finlandais IQM ou la défense avec le portugais Tekever. L’IA est évidemment un gros pourvoyeur de licornes avec l’allemand n8n ou encore le suédois Lovable, dont la croissance fulgurante a surpris le monde de la tech.

« L’écosystème est prêt »

Autre fait marquant de l’année 2025 : la France a vu naître sa première décacorne, start-up valorisée plus de 10 milliards de dollars. La pépite de l’intelligence artificielle générative Mistral a été valorisée 11,7 milliards d’euros à la suite d’une levée de fonds d’1,7 milliard.

« Lorsque nous avons commencé à rédiger ce rapport il y a dix ans, la question était : l’Europe peut-elle produire une entreprise valant un milliard d’euros ? Depuis lors, nous avons créé beaucoup plus de décacornes et même des entreprises valant 100 milliards de dollars. Aujourd’hui, nous avons vraiment les yeux rivés sur la première entreprise européenne qui vaudra un jour 1.000 milliards de dollars. L’écosystème est prêt », estime Tom Wehmeier, associé chez Atomico.

Dans cette course au financement, le Royaume-Uni devrait conserver une nouvelle fois sa première place, avec une augmentation de 22 % des fonds levés en 2025, pour atteindre 14 milliards de dollars. L’Allemagne, la Suède et la Finlande devraient également enregistrer de fortes hausses par rapport à l’année précédente. La France, qui souffre d’instabilité politique depuis plus d’un an, ne connaîtra sûrement pas le même sort.

L’écart se resserre avec les Etats-Unis

Si le financement des start-up européennes en phase de démarrage (« early stage » dans le jargon) est, sans grande surprise, resté résilient, celui dédié à la phase de croissance est étonnamment en hausse (+13 % sur un an). L’IA y est évidemment pour quelque chose.

Comme l’a montré un récent rapport du fonds de capital-risque américain Accel, les start-up européennes et israéliennes qui développent des logiciels à base d’IA parviennent à boucler des tours de table à plusieurs centaines de millions de dollars. Et resserrent ainsi l’écart avec leurs homologues américaines.

C’est le cas de Lovable (200 millions de dollars) ou encore Synthesia (184 millions). Côté grands modèles de langage, l’Europe est en revanche bien à la traîne face aux américains OpenAI, Anthropic, Google et autres.

Réduction des obstacles à l’entrepreneuriat

Il n’y a pas que l’IA dans la vie européenne. En 2025, 36 % des investissements capital-risque ont été alloués à des deeptechs (innovations de rupture comme le quantique, la cybersécurité, le spatial…), contre seulement 19 % en 2021. Parmi les opérations marquantes, on peut citer le tour de table de 600 millions d’euros de Helsing, la levée de fonds de 600 millions de dollars d’Isomorphic Labs (découverte de médicaments) ou encore les 200 millions de Proxima Fusion (nucléaire).

« Alors que les Etats-Unis concentrent leurs investissements sur quelques laboratoires d’IA colossaux, l’Europe a, à ce jour, diversifié ses investissements dans les domaines de la technologie quantique, de la défense, de la mobilité et des technologies climatiques », notent les auteurs du rapport.

Autre signal positif pour l’écosystème : en 2025, plus de 27.700 entrepreneurs ont créé des start-up en Europe, un record. C’est une hausse de 55 % par rapport à 2023, qui s’explique en partie par la réduction des obstacles à l’entrepreneuriat, grâce notamment à « des outils no code [qui permettent de créer des sites et applications sans savoir coder, NDLR] et à des réseaux de fondateurs plus solides », selon Atomico.

« Nous avons fait un bien meilleur travail au cours des 12 derniers mois pour susciter l’enthousiasme et l’optimisme autour de l’entrepreneuriat au niveau européen. Cela s’explique en grande partie par le nouveau super cycle technologique avec l’IA », estime Sarah Guemouri, investisseuse chez Atomico.

Des entrepreneurs plus optimistes

Le fonds a d’ailleurs réalisé un sondage qui montre qu’en 2025, environ 50 % des répondants se sentent plus optimistes qu’il y a 12 mois, contre 34 % en 2024. « C’est l’un des niveaux d’optimisme les plus élevés observés au cours de la dernière décennie », est-il précisé dans le rapport.

« Lorsque nous avons demandé dans quelle mesure il était intéressant de créer une entreprise technologique en Europe à l’heure actuelle, 42 % des personnes interrogées ont répondu que cela était plus intéressant aujourd’hui qu’il y a un an. »

Près de 40 % des personnes interrogées affirment qu’il est devenu plus facile de recruter et de retenir les meilleurs talents, soit le niveau le plus élevé jamais atteint au cours des cinq dernières années. L’Europe emploie évidemment moins de personnes dans la tech que les Etats-Unis, mais elle connaît une croissance plus rapide : 11,2 % par an contre 8,2 % outre-Atlantique.

Moins de fragmentations, plus de sorties

Si le tableau est bien moins noir qu’il y a trois ans, il reste toujours des zones à améliorer pour créer bien plus de champions européens. Les entrepreneurs interrogés par Atomico citent en premier lieu la fragmentation du marché européen. Il est souvent plus facile pour une start-up française de se lancer aux Etats-Unis qu’en Allemagne ou en Espagne ! La Commission devrait présenter début 2026 le « 28e régime », qui harmoniserait une partie des règles pour les start-up.

Autre épine dans le pied de la tech européenne : le manque de sorties, à savoir les introductions en Bourse et les fusions-acquisitions. Même si la situation s’est améliorée. Depuis le début de l’année, 15 transactions d’une valeur supérieure à 1 milliard de dollars ont été réalisées en Europe, dont 11 opérations de fusion-acquisition (dont Deliveroo par Doordash).

« Il convient de noter que l’Europe a connu sa meilleure année en matière d’introductions en Bourse depuis 2021 », souligne Atomico, en citant la cotation de Klarna (mais aux Etats-Unis). « Nous nous attendons à en voir davantage arriver sur le marché l’année prochaine. Plusieurs d’entre elles ont signalé qu’elles se préparaient effectivement à entrer en Bourse », indique Sarah Guemouri. Mais entre les paroles et les actes, il y a souvent un très grand pas.

https://www.lesechos.fr/start-up/ecosysteme/nous-avons-les-yeux-rives-sur-la-premiere-entreprise-europeenne-qui-vaudra-1000-milliards-de-dollars-le-reveil-de-la-tech-europeenne-2199498

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