De notre envoyé spécial à Izieu,
En débarquant dans l’Ain le mercredi 29 octobre, après 1h30 de car depuis leur quartier du 9e arrondissement, certains jeunes footballeurs de Lyon La Duchère ne savaient pas encore réellement ce qu’était la Maison d’Izieu. Comme pour chacune des sorties qu’elle propose durant les vacances scolaires dans le cadre de son riche programme socio-éducatif, la direction du club s’était contentée d’annoncer le lieu de la visite, laissant le soin aux familles de se renseigner.
Or découvrir le musée-mémorial d’Izieu, consacré à l’histoire de la rafle et de la déportation, le 6 avril 1944, de 44 enfants et de leurs sept accompagnateurs juifs, a crispé certains parents de « La Duch » durant les vacances de la Toussaint. « Avec ce qu’il se passe actuellement à Gaza, le timing pose problème, et le club aurait pu nous expliquer plus franchement sa démarche », regrette ainsi un père de famille, qui n’a pas souhaité inscrire son fils pour cette visite. De même, seuls 13 des 24 jeunes licenciés prévus étaient finalement présents pour le rendez-vous matinal du 29 octobre.
Une saison de « lutte contre toutes les violences »
« Le club n’a pas à se justifier lorsqu’il mène un projet, qui est cette saison axé sur la lutte contre toutes formes de violences, répond Jean-Christophe Vincent, président de Lyon La Duchère. Les collèges de toute la région se rendent chaque année à la Maison d’Izieu. Mais il est vrai que plusieurs personnes nous ont dit qu’elles trouvaient courageux d’aborder la question de l’antisémitisme dans le contexte actuel. Rien n’est difficile, ça ne l’est que lorsqu’on ne regarde pas le problème en face et qu’on n’essaie pas de le régler. »
Pendant toute cette saison 2025-2026, Lyon La Duchère nous ouvre ses portes, avec un reportage vidéo diffusé toutes les deux semaines dans 20 Minutes Arena, l’émission télévisée du service des sports de la rédaction de 20 Minutes. Pour le sixième épisode, nous avons donc suivi les 13 joueurs et joueuses duchérois, âgés de 9 à 12 ans, présents pour cette découverte de l’histoire des enfants d’Izieu.
Izieu, « lieu de tragédie mais aussi de sauvetage »
Poursuivant un travail sur la mémoire mis en place au club, avec durant les précédentes saisons la visite de l’Institut du monde arabe à Paris puis celle du Tata sénégalais de Chasselay (Rhône), ceux-ci ont effectué dans la partie musée d’Izieu des recherches sur le parcours des jeunes juifs déportés.
Et ce avant de visiter cette maison ayant accueilli la colonie d’enfants aux origines diverses, avec à sa tête Miron et Sabine Zlatin. Cette peintre et résistante née à Varsovie (Pologne), absente pour la rafle du 6 avril 1944, a longtemps bataillé pour faire reconnaître le musée-mémorial des enfants d’Izieu, inauguré en 1994 par le président François Mitterrand.
« Cette histoire s’est passée il y a plus de quatre-vingts ans, mais malheureusement, certains des faits sont encore valables aujourd’hui, a expliqué en fin de visite Axelle Bourgougnon, médiatrice culturelle à la Maison d’Izieu. On doit rester très vigilant à ce qu’on dit, et ne pas hésiter à alerter lorsqu’on entend quelque chose qui ne nous semble pas normal. » Puis dans ce « lieu de tragédie mais aussi de sauvetage », les jeunes Duchérois ont participé à un atelier pour réfléchir à la question des stéréotypes et les discriminations.
Le directeur de la Maison d’Izieu à son tour en visite au collège de La Duchère
Deux notions qu’ils ne maîtrisaient pas encore, quoique. « Je ne sais pas si ça en fait partie mais on dirait parfois que les arbitres sont contre Lyon La Duchère parce que nous sommes un club de quartier, nous a confié Milan Deschamps Exiga, joueur de l’équipe U12 de « La Duch ». Je ne suis pas d’accord avec ça. C’est comme être noir ou blanc, on est tous égaux. »
Notre dossier sur Lyon La Duchère
Huit jours plus tard, Alexandre Nugues-Bourchat, directeur du musée-mémorial, a effectué le trajet dans l’autre sens, afin de sensibiliser une vingtaine d’élèves du collège Victor Schoelcher (Lyon 9e). Avec le projet d’inviter dans les prochains mois des collégiens duchérois à Izieu, « pour éviter qu’il ne s’agisse que d’un one shot ».
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