L’utilisation de l’imagerie dans la campagne de délégitimation d’Israël
David Katz
Les images en provenance de Gaza ne relèvent pas du journalisme indépendant: chaque photo quittant la bande de Gaza est prise et transmise sous le contrôle du Hamas, ce qui signifie que les médias internationaux publient des images façonnées par la censure, la mise en scène et les priorités narratives d’une organisation terroriste.
On utilise un cadrage émotionnel pour déformer la réalité et présenter Israël sous un jour faux : des images théâtrales, cadrées serrées, sont sélectionnées pour créer des impressions de « génocide », de « famine » et de chaos, tandis que des plans contextuels plus larges révèlent des scènes beaucoup plus ordinaires qui contredisent ces récits.
La propagande visuelle est devenue une arme stratégique contre Israël : en privilégiant l’émotion à la vérification des faits, les médias amplifient les images manipulées qui détournent les responsabilités, occultent le contexte et alimentent la désinformation. Le public doit examiner attentivement qui prend ces photos, ce qui est omis et pourquoi.
Les mots et le langage ne représentent qu’une partie du déferlement médiatique qui déferle de Gaza. Pour beaucoup, ce ne sont pas tant les textes descriptifs qui marquent les esprits, mais plutôt les images qui les accompagnent. À l’instar du journaliste qui choisit ses mots avec soin pour construire un récit, le photographe qui prend la photo ou le rédacteur photo qui sélectionne les images à utiliser font eux aussi des choix conscients pour cadrer ce récit.
La force émotionnelle de ces images est délibérée. L’objectif est de court-circuiter la logique et de provoquer l’indignation ; de présenter Israël comme l’auteur d’un génocide et d’une famine, alors que de telles réalités sont infondées. Ces images servent à façonner la perception mondiale, transformant une guerre défensive contre le terrorisme en une accusation morale contre l’État juif. Les faits – livraisons de nourriture, coordination de l’aide et points de passage ouverts – sont occultés par ce déferlement d’images chargées d’émotion. Chaque spectateur doit comprendre qu’aucune image ne quitte Gaza sans l’aval ni le contrôle du Hamas. Ce manque d’accès indépendant constitue un biais structurel qui influence nécessairement la réception, l’interprétation et l’appréciation de ces photographies.
L’image est l’arme principale de la campagne de délégitimation d’Israël. Les photographes basés à Gaza opèrent entièrement sous le contrôle du Hamas, et les médias internationaux diffusent ces images sans esprit critique, privilégiant l’émotion à la vérité. La manipulation émotionnelle a remplacé la vérification journalistique, alimentant les récits mensongers de « génocide » et de « famine ».
Depuis plus de quarante ans, j’observe le pouvoir des images à émouvoir, tantôt à susciter la compassion, tantôt la colère, et souvent à conduire à des conclusions dénuées de tout fondement. Dans la guerre informationnelle actuelle menée contre Israël, l’émotion est devenue l’arme de prédilection et l’image son vecteur.
Depuis les attaques du 7 octobre 2023, des millions de photos et de vidéos ont été diffusées depuis Gaza. Elles inondent les fils d’actualité, les gros titres et les hashtags du monde entier. Elles sont conçues non pas pour informer, mais pour émouvoir : un enfant qui pleure, un jouet taché de sang, la main tendue d’un parent au milieu des décombres. Chaque image touche le cœur avant même que l’esprit ne se demande ce qui s’est passé, quand ou pourquoi.
Ces images ne proviennent pas d’une presse libre. Chaque image qui quitte Gaza le fait avec l’autorisation et sous la censure du Hamas. Les photographes sur place travaillent sous la surveillance constante d’une organisation terroriste qui décide de ce qui peut être montré et de ce qui doit être caché.
Pourtant, ces images, nées de la coercition et de la peur, sont traitées par les médias du monde entier comme une vérité spontanée.
Une photo largement diffusée par le New York Times montre un groupe de garçons serrés les uns contre les autres, plaqués contre une barrière métallique, des casseroles levées au-dessus de leurs têtes, le visage crispé par les sanglots. Le photographe, placé au plus près, utilise un objectif grand angle qui accentue le premier plan et comprime les membres et les récipients en une masse compacte. La lumière crue du soleil zénithal intensifie la sueur et la tension, amplifiant la charge émotionnelle. Aucun contexte plus large n’est visible. Seule une impression construite de panique et de faim est perceptible. Le cadre communique le désespoir plutôt que de documenter la réalité qui se cache derrière.

Une seconde photographie, prise à quelques mètres de distance avec un objectif standard, montre les mêmes personnes debout, calmes et ordonnées derrière la même rambarde, chacune tenant un pot ou un récipient en attendant. Le sol est dégagé, l’espace ouvert, et personne ne semble être écrasé ou en danger. Le chaos apparent de la première image n’existe que dans le cadre serré.
Rien dans la photographie plus large ne corrobore l’hypothèse d’une famine ou d’un effondrement imminent. La différence entre les deux images, l’une rapprochée et théâtrale, l’autre ordinaire et banale, révèle comment l’imagerie émotionnelle se construit par le cadrage, la proximité et l’omission sélective plutôt que par les faits eux-mêmes.
Il y a quinze ans, dans le cadre de mon enquête pour Shattered Lens , j’ai montré comment les agences de presse internationales s’appuyaient sur des pigistes basés à Gaza, travaillant dans les mêmes conditions, ce qui produisait des images stéréotypées et chargées d’émotion qui faisaient la une des journaux du monde entier, hors de leur contexte. Les mécanismes n’ont pas changé ; ils sont simplement devenus plus sophistiqués.
Nous l’avons constaté à nouveau le 7 octobre. Des pigistes travaillant pour AP et Reuters se trouvaient en Israël et photographiaient les atrocités du Hamas au moment même où elles se produisaient. Les médias internationaux ont ensuite largement diffusé leurs images sans aucune transparence quant à l’accès aux lieux, au moment précis où elles ont eu lieu, ni au degré de coordination qui aurait pu être mis en œuvre. Le cadrage, l’enchaînement et les omissions sélectives reflétaient la même logique émotionnelle : maximiser le choc, effacer le contexte et détourner les responsabilités.
Ayant consacré ma vie à la photographie et à l’analyse d’images, je sais combien il est facile de manipuler une photo sans altérer un seul pixel. Changer l’angle, décaler la prise de vue, supprimer les hommes armés postés juste à l’extérieur, et une image devient une arme. L’émotion prend le dessus et la vérité en est la victime.
Le public doit apprendre à questionner ce qu’il voit. Qui a pris la photo ? Sous quelle autorité ? Qu’y avait-il hors champ ? La compassion sans contexte est précisément ce sur quoi misent les propagandistes.
Aujourd’hui, la campagne de délégitimation d’Israël se mène non seulement par les mots, mais aussi par des images conçues pour susciter des émotions avant même la réflexion. Seul le discernement peut nous en protéger. Dès lors que l’émotion remplace les faits, la photographie cesse d’informer ; elle trompe. Et lorsque la tromperie s’installe, l’histoire elle-même est réécrite.
David Katz est un photojournaliste et analyste d’images de renommée internationale, fort de plus de quarante ans d’expérience dans la couverture de l’actualité mondiale, de la politique et des grands événements. Ancien rédacteur photo et collaborateur de grands médias britanniques et internationaux, il est spécialisé dans l’analyse visuelle, l’intégrité des médias et l’influence du cadrage photographique sur la perception du public. Ses travaux actuels portent sur la mise en évidence des biais visuels dans la couverture des conflits et sur la sensibilisation du public à la manière dont les images façonnent les récits à l’ère numérique.
JForum.fr avec HonestReporting Photo de David Katz
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