Si les habitants du Sud-Ouest sont habitués à lever le nez aux passages de Rafale, notamment du côté de Mérignac ou de Mont-de-Marsan, ils ont moins souvent l’occasion d’apercevoir dans le ciel des… Sukhoi. Pourtant, il ne sera pas impossible de voir passer, ces prochains jours, des Su-30MKI de conception russe appartenant à l’armée de l’air indienne.
La BA 118 de Mont-de-Marsan (Landes) accueille en effet jusqu’au 26 novembre un grand exercice aérien, Garuda, en partenariat avec l’Indian Air Force, qui a fait le déplacement jusqu’en France avec six Sukhoi Su-30MKI. Ils s’entraîneront avec des Rafale et des Mirage de l’armée de l’Air et de l’Espace durant cet exercice, qui a démarré lundi.
Le principal avion de combat de la force indienne
Dérivé du Su-30, le Su-30MKI est un biréacteur né à la fin des années 1990, de la collaboration entre l’avionneur russe Sukhoi et Hindustan Aeronautics Limited (Inde) pour concevoir un appareil qui pourrait remplacer les MiG-23 et MiG-27 indiens par un chasseur multirôle. Avec 270 appareils (sur environ 550 avions de chasse), c’est aujourd’hui la colonne vertébrale de la force indienne.
Mais comme le rappelle le général Jérôme Bellanger, chef d’état-major de l’armée de l’Air, l’Inde est également un « partenaire stratégique » de la France, puisqu’il a « aussi fait le choix du Rafale ». Après une commande de 36 appareils en 2018, l’Inde a commandé en avril dernier 26 autres Rafale en version marine. Il devenait ainsi le premier pays, en dehors de la France, à acheter du Rafale marine (version spécifique capable d’appontage).
L’Inde est par ailleurs le seul pays, en dehors de la France, à avoir utilisé le Rafale au combat, durant la brève opération Sindoor du mois de mai dernier, contre le Pakistan. Même si un appareil français a été détruit durant ce conflit, l’Inde s’est dite très satisfaite des performances du chasseur de Dassault et pourrait passer en 2026 une méga-commande qui pourrait porter jusqu’à 114 Rafale supplémentaires. L’Indian Air Force dispose aussi de quelque Mirage 2000.
Des scénarios de défense aérienne et d’attaque au sol
Les pilotes indiens ne devraient donc guère être surpris durant l’exercice Garuda dans leur opposition aérienne au Rafale, qu’ils connaissent très bien. « Les scénarios [de l’exercice] couvrent des missions de défense aérienne, d’attaque au sol, de ravitaillement en vol et de coopération tactique, visant à renforcer l’interopérabilité entre les équipages et un partage d’expertise entre aviateurs français et indiens » explique l’armée de l’Air.
En plus de Mont-de-Marsan, qui sera la base principale de Garuda, sept autres bases sont impliquées (Nancy, Orange, Luxeuil, Avord, Évreux, Cazaux, Orléans) lors de cet entraînement qui va réunir 500 aviateurs et 25 aéronefs (10 Rafale, 6 Mirage 2000 et ponctuellement un hélicoptère Caracal, un A330 MRTT Phénix et un A400M Atlas).
« Garuda s’inscrit dans un processus global de coopération bilatérale avec l’Inde et contribue directement au renforcement de la sécurité dans l’espace indo-pacifique, région stratégique au cœur des enjeux de stabilité et de liberté d’action », poursuit l’armée de l’Air.
« Organisé alternativement en France ou en Inde tous les deux à trois ans, Garuda est un exercice bilatéral majeur, souligne de son côté le général Jérôme Bellanger. Au-delà des vols, de nombreuses unités de la BA 118 accueilleront des observateurs indiens pour approfondir nos échanges et dépasser le seul cadre opérationnel ».
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