Arrêté pour avoir prié à la synagogue

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Arrêté pour avoir prié à la synagogue

Il pensait sans doute vivre un moment intime, presque discret, entre lui et Dieu. Ce juif de nationalité russe et israélienne, installé en Russie, a pourtant vu son voyage en Libye se transformer en cauchemar. Parti de Tunisie, il franchit la frontière vers Tripoli, capitale d’un pays encore fracturé par des années de guerre civile. Quelques jours plus tard, plus aucune nouvelle : il est officiellement “disparu”.

Derrière ce silence inquiétant, l’histoire est finalement simple… et glaçante. Selon une source proche du dossier, l’homme aurait voulu se recueillir dans une synagogue de Tripoli, sans en avoir obtenu l’autorisation préalable. Un geste qui, ailleurs, passerait inaperçu, mais qui, en Libye, suffit à déclencher l’intervention des services de sécurité. Les forces locales l’interpellent et l’emmènent en détention. Pendant plusieurs jours, personne ne sait vraiment où il se trouve ni dans quel état.

La synagogue où il voulait prier n’est pas un lieu anodin. Dans la capitale libyenne, les anciens bâtiments juifs portent encore la mémoire d’une communauté aujourd’hui disparue. La quasi-totalité des Juifs de Libye ont quitté le pays après les pogroms de 1945 et 1948, puis dans la foulée de la guerre de 1967, laissant derrière eux des synagogues abandonnées, parfois transformées ou menacées de destruction. Certains édifices, comme la célèbre Dar Bishi à Tripoli, ont été au fil des années délaissés ou réaffectés, symbole d’un passé que le pays ne sait plus vraiment comment gérer.

Dans ce décor chargé d’histoire, l’arrivée d’un fidèle juif étranger, de surcroît détenteur d’un passeport israélien, devient immédiatement un sujet sensible. Les autorités libyennes ne voient pas un simple touriste spirituel, mais un cas potentiellement explosif, au croisement du religieux, du politique et du sécuritaire. L’homme se retrouve arrêté pour avoir tenté de prier là où, officiellement, plus personne ne pratique.

C’est alors que Moscou entre en scène. Dès que l’affaire remonte jusqu’aux responsables russes, les coups de fil s’enchaînent. Diplomates, intermédiaires et “acteurs influents” se mobilisent pour obtenir sa libération. Selon les informations recueillies, c’est cette pression combinée qui finit par débloquer la situation. Après plusieurs jours d’angoisse, le détenu est finalement relâché et autorisé à rentrer chez lui. Pour sa famille, c’est la fin d’un cauchemar discret, loin des caméras, mais bien réel.

Ce fait divers dit beaucoup de la Libye d’aujourd’hui. Quatorze ans après la chute de Mouammar Kadhafi, le pays reste morcelé entre factions rivales, gouvernements concurrents et milices locales. Dans un tel climat, tout ce qui touche à Israël, aux Juifs ou aux symboles religieux est extrêmement sensible. Une simple visite de synagogue peut être perçue comme un geste politique, voire comme une provocation. Les autorités, soucieuses de montrer qu’elles gardent le contrôle, réagissent parfois de manière brutale et disproportionnée. (jcpa.org)

Au-delà du destin de cet homme, l’épisode met aussi en lumière le sort des traces juives en Libye : synagogues délaissées, mémoires étouffées, patrimoine menacé. La scène d’un fidèle arrêté pour une prière avortée dans un bâtiment à moitié oublié résume à elle seule ce paradoxe : une histoire juive presque effacée, mais encore suffisamment présente pour susciter la peur, la suspicion… et une crise diplomatique.

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