La peine de mort revient dans le débat israélien

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La peine de mort revient dans le débat israélien

En Israël, la question de la peine de mort – longtemps cantonnée aux livres d’histoire – revient soudain au cœur de l’actualité politique. Un texte soutenu par le parti Otzma Yehudit a franchi une première étape à la Knesset et ses principes viennent d’être détaillés dans… un groupe WhatsApp du Comité de la sécurité nationale. À l’ère des captures d’écran, même les lois les plus explosives circulent comme de simples messages.

Selon ce document, la future loi viserait exclusivement les terroristes reconnus coupables du meurtre de Juifs. La peine capitale serait alors obligatoire : les juges n’auraient plus la possibilité d’opter pour la prison à vie. Le verdict pourrait être prononcé à la majorité simple, et non plus à l’unanimité comme l’exige aujourd’hui le droit militaire dans certains cas. Aucune procédure d’appel ne serait ouverte, et l’exécution, par injection létale, devrait avoir lieu dans un délai maximal de 90 jours, sous la responsabilité du Service pénitentiaire.

Le député travailliste Gilad Kariv a dénoncé la manière dont les principes ont été communiqués, accusant la majorité de « confondre le groupe Otzma Yehudit avec le groupe officiel du Comité ». Mais au-delà de la forme, c’est le fond qui enflamme le débat : le texte est perçu par ses détracteurs comme une loi faite sur mesure pour les Palestiniens, puisqu’il ne s’appliquerait pas à des Juifs coupables du meurtre de Palestiniens.

Pour ses promoteurs, au contraire, cette sévérité assumée est une nécessité sécuritaire. Ils affirment que seule la menace de la peine capitale peut dissuader les attaques meurtrières, notamment après le traumatisme du 7 octobre et les vagues d’attentats qui ont frappé des civils israéliens ces dernières années. Certains élus de la droite et de l’extrême droite présentent ce projet comme une réponse à la fois morale et dissuasive : « qui vient tuer des Juifs doit savoir qu’il ne sortira jamais vivant ».

Ce projet marque un tournant symbolique. Israël a aboli la peine de mort pour la plupart des crimes dès les années 1950 et ne l’a appliquée qu’une seule fois en pratique, contre le criminel nazi Adolf Eichmann. Le retour de ce débat, dans un climat de guerre et de tensions internes, cristallise désormais l’affrontement entre ceux qui veulent frapper « les pires terroristes » sans état d’âme, et ceux qui redoutent une dérive discriminatoire et une rupture avec les standards internationaux. La suite dépendra des prochaines lectures à la Knesset, où la bataille politique s’annonce aussi âpre que passionnée.

Au final, il faudra juger cette loi à l’aune de ses résultats : si la peine de mort réduit réellement le nombre d’attentats, ses promoteurs pourront dire qu’elle a atteint son objectif premier, la protection des vies. Mais dans l’attente de ces preuves, nul doute que ce texte servira de munition supplémentaire aux détracteurs d’Israël à travers le monde pour stigmatiser l’État hébreu, et ils ne se priveront pas d’en faire un nouvel étendard à charge.

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