La high-tech israélienne change de catégorie

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La high-tech israélienne change de catégorie

Israël est en train de changer de catégorie. En l’espace de quelques annonces, le pays ne se présente plus seulement comme la « start-up nation », mais comme un véritable nœud stratégique de l’infrastructure numérique mondiale. D’un côté, Amazon Web Services (AWS) s’apprête à doubler sa capacité de traitement de données dans le pays. De l’autre, Nvidia projette de bâtir, à Kiryat Tivon, l’un de ses plus grands campus de développement hors des États-Unis.

Selon les informations rendues publiques, AWS a signé une lettre d’intention pour louer 4,2 hectares de terrain près de Netanya, afin d’y ériger un data center d’environ 60 000 m², capable de délivrer une puissance électrique estimée entre 35 et 40 mégawatts. L’investissement, évalué entre 600 et 800 millions de dollars, s’accompagnerait d’un loyer annuel d’environ 15 millions de shekels garanti sur cinq ans. À lui seul, ce site pourrait égaler la capacité actuelle de l’ensemble des installations AWS en Israël.

Ce projet prolonge la dynamique amorcée par le contrat Nimbus, ce vaste programme de migration vers le cloud qui a fait d’AWS l’un des fournisseurs stratégiques de l’État israélien. La région cloud AWS Israël, ouverte en 2023, permet déjà aux administrations, hôpitaux, municipalités et entreprises de stocker et traiter leurs données dans le pays, sous des normes de sécurité renforcées. Avec le nouveau data center près de Netanya, l’infrastructure passerait clairement à l’échelle, au service aussi bien des besoins publics que des géants de la tech installés localement.

C’est précisément là qu’entre en scène Nvidia. Le spécialiste mondial des puces graphiques destinées à l’intelligence artificielle prévoit d’implanter à Kiryat Tivon, près de Haïfa, un campus de recherche et développement capable d’accueillir entre 5 000 et 10 000 ingénieurs. Le Tivon Tech Park, conçu pour offrir quelque 120 000 m² de bureaux, représente un investissement estimé à 2 milliards de shekels. Les autorités foncières israéliennes ont déjà validé l’allocation du terrain, faisant de ce site un futur pôle technologique majeur, pensé pour rivaliser symboliquement avec le siège californien de l’entreprise.

L’architecture qui se dessine est limpide : les data centers d’AWS fourniront la puissance de calcul, Nvidia apportera les processeurs et le savoir-faire IA, et l’écosystème israélien viendra greffer dessus ses startups et ses centres de recherche. Cette combinaison s’inscrit dans un paysage encore plus large, où de nouveaux acteurs investissent massivement. Un centre de données dédié à l’IA, construit à Modi’in par Nebius et son partenaire immobilier, représente déjà un investissement de 300 millions de dollars et abrite des milliers de processeurs graphiques destinés à alimenter le futur supercalculateur national. Parallèlement, Nebius a signé un contrat de 3 milliards de dollars sur cinq ans pour fournir de l’infrastructure IA à un géant mondial des réseaux sociaux.

Au-delà des mastodontes internationaux, la vitalité du tissu local impressionne. En quelques semaines, plusieurs jeunes pousses israéliennes spécialisées dans l’IA et la cybersécurité ont annoncé des levées de fonds cumulées de l’ordre de 250 millions de dollars. Sweet Security, centrée sur la sécurisation des environnements cloud et IA, a bouclé un tour conséquent ; Wonderful développe des agents conversationnels multilingues capables d’opérer en première ligne du service client ; Tenzai conçoit des agents d’IA chargés de « hacker » en continu les applications pour en détecter les failles. Ce trio n’est que la partie émergée d’un flux d’investissements qui dépasse les 800 millions de dollars sur une seule semaine pour l’écosystème israélien.

Ce mouvement s’explique par un cocktail unique : excellence académique, unités d’élite de cybersécurité et de renseignement qui injectent leurs talents dans le civil, culture entrepreneuriale agressive et maintenant, infrastructures physiques de rang mondial. Là où Israël fournissait jusqu’ici surtout des cerveaux et des algorithmes, il héberge désormais aussi les centres de calcul qui feront tourner les modèles d’IA de la prochaine décennie.

Face à la compétition globale pour la puissance de calcul et l’innovation, ces annonces propulsent Israël au rang de hub incontournable, au coude-à-coude avec la Californie, certains grands pôles européens et l’Asie. Reste à savoir comment le pays gérera les défis qui accompagnent cette montée en puissance : besoins colossaux en énergie, pression sur le réseau électrique, aménagement du territoire et régulation d’une IA de plus en plus omniprésente. Mais une chose est claire : pour les géants du numérique comme pour les investisseurs, la carte du monde de l’IA comporte désormais un point lumineux particulièrement intense au-dessus d’Israël.

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