Gaza: la contre-offensive diplomatique russe

Vues:

Date:

Moscou entre dans l’arène: une contre-offensive russe qui compromet la trajectoire.

Dans le contexte des efforts américains pour stabiliser une majorité autour de la résolution révisée, la Russie est entrée en scène de front et a soumis son propre projet, une initiative qui rebattent les cartes au Conseil de sécurité et pourrait modifier l’équilibre des pouvoirs avant le vote.

La Russie a présenté ce week-end son projet de résolution sur Gaza, qui constitue un défi direct à la proposition américaine. D’après le texte du projet et les notes explicatives transmises par Moscou aux membres du Conseil, il s’agit d’un « contre-projet » influencé par le document américain, mais visant à orienter le Conseil de sécurité vers une voie différente. Selon les Russes, cette voie devrait permettre au Conseil d‘« élaborer une approche équilibrée, acceptable et uniforme » en vue de parvenir à un cessez-le-feu durable.

Le projet russe présente plusieurs différences clés par rapport à la proposition américaine :

Le document ne fait aucune mention de l’organe de transition américain (« Conseil de la paix ») proposé pour servir de gouvernement intérimaire à Gaza pendant deux ans.
Au lieu d’approuver dès maintenant une force internationale de stabilisation clairement définie, comme le demande Washington, Moscou demande au Secrétaire général de l’ONU de présenter des options pour une telle force, c’est-à-dire de reporter la décision pratique à une étape ultérieure.
Le document souligne la nécessité que la position du Conseil de sécurité soit « équilibrée et acceptable » pour toutes les parties, et ne se limite pas à la proposition américaine.

Les États-Unis n’ont pas caché leur colère face à la démarche russe. La délégation de Washington auprès de l’ONU a averti qu’une tentative de « semer la discorde à ce stade, alors que des négociations actives sont en cours sur la résolution, pourrait avoir des conséquences graves et concrètes pour les Palestiniens de Gaza ». Selon elle, le cessez-le-feu est fragile et il est nécessaire de rassembler le Conseil de sécurité autour d’un texte unique, et non d’ouvrir une voie concurrente.

Du point de vue américain, il ne s’agit pas simplement d’une manœuvre tactique au Conseil de sécurité, mais d’une atteinte directe à la capacité de Washington d’ancrer dans une décision formelle à la fois les éléments du plan Trump et l’introduction hésitante, mais sans précédent, d’une voie vers un État palestinien.

La soumission du projet russe complexifie davantage une situation déjà explosive. Les États-Unis font déjà face à la suspicion et aux objections de la Russie, de la Chine et de l’Algérie concernant des éléments clés de leur initiative, notamment la force internationale de stabilisation, le mécanisme d’administration intérimaire à Gaza et les références au plan Trump. Désormais, avec une proposition russe officielle également sur la table, le Conseil de sécurité se trouve face à un choix entre deux textes différents.

Conseil de sécurité des Nations UniesConseil de sécurité de l’ONU | Photo : REUTERS/Angelina Katsanis

Dans la pratique, les membres du Conseil de sécurité sont désormais confrontés à un double dilemme : doivent-ils soutenir le projet américain, qui comprend un mécanisme de transition détaillé et une voie politique possible, ou préférer le texte russe, qui vise à retarder les décisions pratiques et à confier cette tâche à l’appréciation du Secrétaire général, dans un format plus souple ?

Parallèlement, des questions telles que la composition de la force internationale de stabilisation, son champ d’action, ses pouvoirs et la durée de son mandat demeurent sources de controverses, même parmi les pays qui ne se rattachent pas d’emblée à l’un des camps. Les compromis entre les textes, s’ils sont trouvés, seront d’autant plus complexes compte tenu de la confrontation diplomatique directe entre Washington et Moscou.

Les prochains jours seront décisifs pour savoir si les États-Unis parviendront, malgré la manœuvre russe, à rallier une majorité au Conseil de sécurité autour de leur proposition, ou si la lutte d’influence entre Washington et Moscou torpillera une nouvelle tentative de formuler un cadre international consensuel pour Gaza, précisément au moment où la question sensible et historique de la création d’un État palestinien est également entrée en jeu.

JForum.fr avec www.maariv.co.il

La rédaction de JForum, retirera d’office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

La source de cet article se trouve sur ce site

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

PARTAGER:

spot_imgspot_img
spot_imgspot_img