La faim silencieuse progresse en Israël

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La faim silencieuse progresse en Israël

En Israël, la pauvreté ne se mesure pas seulement en chiffres sur une feuille Excel, mais aussi en assiettes à moitié vides. Selon le dernier rapport de l’Institut national d’assurance, environ 968 000 foyers – soit 27,1 % des ménages – vivent en situation d’insécurité alimentaire. Cela représente 2,8 millions de personnes, dont près d’un million d’enfants. La proportion est en légère baisse par rapport aux 30,8 % enregistrés l’année précédente, mais reste très élevée pour un pays développé et nettement supérieure à la moyenne observée dans les États les plus prospères.

L’« insécurité alimentaire » ne signifie pas seulement sauter un repas de temps en temps. Elle décrit des familles qui réduisent la qualité de leur alimentation, renoncent à des produits frais ou sains, ou, dans les cas les plus graves, n’ont tout simplement pas assez à manger. Près de 26,5 % des ménages déclarent ne pas avoir les moyens d’acheter une nourriture équilibrée. La flambée des prix de l’alimentation, régulièrement pointée par les organismes publics, pèse particulièrement sur les produits de base : pain, produits laitiers, fruits et légumes, dont les tarifs figurent parmi les plus élevés du monde développé.

Derrière ces chiffres se cachent de fortes disparités entre les différents groupes de population. Dans la société arabe israélienne, 58 % des foyers sont touchés par l’insécurité alimentaire, soit plus d’un ménage sur deux. Dans la communauté orthodoxe, un quart des familles sont concernées, tandis que chez les Juifs non orthodoxes, ce taux tombe à environ 19 %. La carte du pays révèle également un fossé géographique : plus d’un tiers des habitants du Nord et de Jérusalem se trouvent dans cette situation précaire, bien davantage que dans le centre du pays, plus favorisé économiquement.

Les enfants sont en première ligne. Près d’un tiers d’entre eux (31,7 %) grandissent dans des foyers où l’accès à une alimentation stable n’est pas garanti. Pour beaucoup, les repas pris à la cantine scolaire restent les seuls vraiment complets de la journée. Les seniors ne sont pas épargnés : 22,8 % des personnes âgées de 65 ans et plus vivent, elles aussi, dans des ménages en insécurité alimentaire, souvent après avoir rogné sur leurs dépenses pour faire face au coût du logement et des soins.

La composition du foyer joue un rôle crucial. Parmi les familles nombreuses de six personnes ou plus, près de 40 % déclarent des difficultés à se nourrir correctement. Mais la solitude n’est pas une protection : environ 31 % des personnes vivant seules sont également concernées. Le rapport rappelle que le facteur déterminant reste le revenu. Dans les ménages comptant moins de deux personnes actives sur le marché du travail, le risque d’insécurité alimentaire est 1,5 fois plus élevé. Dans les communautés orthodoxes et arabes, où les taux d’emploi et les salaires moyens sont souvent plus faibles, ce phénomène est particulièrement aigu.

Face à ce constat, les auteurs de l’étude appellent à une politique socio-économique de long terme plutôt qu’à une succession de mesures ponctuelles. Ils préconisent l’élargissement des programmes de bons alimentaires, l’augmentation ciblée de certaines allocations, le renforcement des cantines scolaires et l’adoption d’un plan pluriannuel stable, afin de donner de la visibilité aux familles comme aux associations qui les soutiennent. Plusieurs pays de l’OCDE s’appuient déjà sur ce type de dispositifs combinant aides directes, repas scolaires gratuits ou à prix réduit et soutien aux banques alimentaires.

Le directeur général par intérim de l’Institut national d’assurance, Zvika Cohen, résume l’enjeu en soulignant qu’une société développée ne peut accepter comme normal que des enfants ou des personnes âgées renoncent à des repas par manque de moyens. Au-delà des clivages politiques, la question de l’accès à une alimentation suffisante et saine touche au contrat social de base. La façon précise d’y répondre – par des réformes du marché, des aides ciblées ou un meilleur soutien au secteur associatif – peut faire débat. Mais l’objectif, lui, fait largement consensus : qu’aucun résident du pays ne soit contraint de choisir entre payer ses factures et remplir son réfrigérateur.

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