« Un monstre »… Que sait-on du Fujian, le nouveau porte-avions chinois à catapultes électromagnétiques ?

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La Chine a mis en service son troisième porte-avions, le Fujian, le 5 novembre dernier. Il s’agit de son premier bâtiment équipé d’un système de catapultes électromagnétiques, qui doit lui permettre de propulser une plus grande variété d’avions.

Cet impressionnant navire de 316 mètres et 80.000 tonnes, montre surtout les ambitions de Pékin dans le domaine maritime, et sa volonté de rivaliser avec les Etats-Unis. Voici ce que l’on sait sur ce bâtiment.

Le plus grand porte-avions chinois

La Fujian, qui avait effectué ses premiers essais en mer en 2024, a été officiellement mis en service lors d’une cérémonie sur l’île de Hainan, en présence du président Xi Jinping. A propulsion conventionnelle (et non nucléaire), il est désormais, avec ses 316 mètres, le plus grand et le plus avancé des porte-avions chinois. « Avec ses 80.000 tonnes à pleine charge, il fait le double du tonnage du Charles-de-Gaulle, explique l’analyste géopolitique Louis Duclos à 20 Minutes. C’est un monstre. »

Il s’agit également du premier porte-avions chinois dit Catobar (Catapult Assisted Take-Off Barrier Arrested Recovery), c’est-à-dire équipé d’un système de catapultage, et non de rampes de type tremplin, comme les deux autres porte-avions de la flotte, le Liaoning et le Shandong. Le Fujian est dimensionné pour accueillir une cinquantaine d’aéronefs, dont 40 avions de combat, qui sont lancés à l’aide de trois catapultes.

Un système à catapulte électromagnétique

Le Fujian est de surcroît équipé de catapultes à système électromagnétiques, alors que la plupart des catapultes classiques des porte-avions fonctionnent à la vapeur – une technologie moins performante. Le seul autre porte-avions actuellement équipé de ce système est le Gerald R. Ford, de l’US Navy.

Cette technologie doit permettre au Fujian de lancer des avions plus lourds et avec plus d’autonomie, comme les chasseurs de type J-15, et surtout le nouveau J-35, biréacteur furtif de cinquième génération, qui se veut le rival du F-35C américain. La Chine avait diffusé en septembre des vidéos de décollages et d’appontages du J-35 depuis le Fujian.

Qui détient le plus de porte-avions au monde ?

Avec ses trois porte-avions, la Chine reste loin derrière les Etats-Unis, qui détiennent onze porte-avions, tous à propulsion nucléaire. Le dernier-né, le Gerald R.Ford, est avec ses 337 mètres et ses 100.000 tonnes le plus grand porte-avions au monde, devant son compatriote l’USS Nimitz, 333 mètres et 97.000 tonnes.

Derrière la Chine, on trouve le Royaume-Uni et l’Inde (deux porte-avions chacun), puis la France et la Russie (un porte-avions, même si la Russie vient de décider de retirer du service son bâtiment, l’Admiral Kouznetsov). La France est le seul pays en dehors des Etats-Unis à exploiter un porte-avions à propulsion nucléaire, le Charles-de-Gaulle. Il pourrait être remplacé par un nouveau porte-avions de nouvelle génération (PANG), d’ici à 2037-2038. Il s’agirait d’un bâtiment de 300 à 310 mètres, entre 75.000 et 90.000 tonnes, pouvant embarquer 30 à 40 aéronefs.

Quelle est la capacité de la marine chinoise ?

Le 5 novembre, la Chine a grossi sa flotte de sept bâtiments en tout, avec, en plus du Fujian, un pétrolier-ravitailleur, un porte-hélicoptères, trois destroyers et un navire de reconnaissance hauturière. Soit 170.000 tonnes de plus en une journée.

Si la marine chinoise est toujours derrière celle des Etats-Unis en tonnage (2 millions contre 3 millions), elle se situe devant en nombre de bâtiments (environ 400 contre 300 pour les Etats-Unis). « La Chine sort énormément de bâtiments chaque année ; personne ne produit à la même vitesse et dans les mêmes quantités sur la planète », confirme Louis Duclos.

La Chine ne va évidemment pas s’arrêter en chemin, et prépare déjà la réalisation d’un quatrième porte-avions, qui pourrait cette fois-ci être à propulsion nucléaire.

Faut-il s’inquiéter de cette montée en puissance de la marine chinoise ?

La modernisation des forces armées chinoises suscite l’appréhension de certains voisins asiatiques. D’autant plus que le Fujian permettrait à la Chine de se projeter dans le Pacifique, et jusqu’à l’océan Indien. Pékin affirme de son côté avoir une politique militaire « défensive » et vouloir uniquement préserver sa souveraineté.

Pour Louis Duclos, cette « démonstration de force » est cependant bien « un signal clair des intentions de la Chine, qui souhaite devenir une super-puissance militaire pour challenger les Etats-Unis, et qui se prépare à la guerre, notamment autour de Taïwan ». « Malgré les discours de paix qu’ils vendent aux Occidentaux, les Chinois ne sont pas du tout dans une posture défensive, mais bien offensive. »

Notre dossier sur la Chine

Une attitude qu’il faut cependant « relativiser » enchaîne le spécialiste. « Si la marine chinoise grandit vite, a-t-elle réellement la capacité de mener des opérations militaires, notamment dans le cadre d’un scénario contre Taïwan ? La Chine est un pays qui ne combat pas, et qui n’a pas d’expérience militaire dans un conflit moderne [elle n’a plus fait la guerre depuis un bref conflit avec le Vietnam en 1979]. » Il ne faut pas, en outre, « oublier que ces démonstrations militaires sont d’abord des éléments de propagande, destinés à décourager les soutiens à Taïwan, exactement comme le fait la Russie, qui cherche à terroriser [avec ses armes nucléaire] pour décourager les Occidentaux de soutenir l’Ukraine », souligne l’analyste.

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