Trump demande la grâce de Netanyahu

Vues:

Date:

Trump demande officiellement la grâce de Netanyahu au président Herzog

En adressant une lettre officielle au président israélien Isaac Herzog, Donald Trump a demandé la grâce de Benjamin Netanyahu, arguant que les poursuites engagées contre le Premier ministre relèvent d’une « persécution politique ». Ce geste, inédit par sa forme, intervient alors que le procès ouvert en 2020 poursuit sa lente avancée, avec la phase de contre-interrogatoire toujours en cours. Les chefs d’accusation visant Netanyahu – corruption, fraude et abus de confiance dans les dossiers 1000, 2000 et 4000 – ont été contestés par l’intéressé, qui plaide non coupable.

La présidence israélienne a répondu posément : gratitude pour le soutien, mais rappel strict des règles. En Israël, la grâce relève bien des prérogatives du chef de l’État ; toutefois, la procédure exige une demande formelle, en général déposée par la personne concernée ou un proche, et traitée selon des usages qui privilégient l’examen après l’issue des procédures judiciaires. À ce stade, Benjamin Netanyahu n’a pas introduit de requête de grâce. Autrement dit, la balle n’est pas dans le camp de la présidence tant que le formalisme n’est pas respecté.

La lettre de Trump s’inscrit dans une séquence politique plus large. En octobre, le président américain avait déjà évoqué publiquement une grâce lors de son passage à la Knesset, déclenchant une pluie de réactions. Dans la foulée, plus d’une douzaine de ministres et députés du Likoud ont signé un courrier à Herzog, estimant que la poursuite du procès entretient une fracture nationale et qu’une mesure de clémence permettrait de « tourner la page ». À l’inverse, l’opposition rappelle qu’une grâce suppose, à tout le moins politiquement, la reconnaissance de faits fautifs et exprime son refus d’une intervention – intérieure ou extérieure – perçue comme une pression sur l’indépendance de la justice.

Au-delà du débat politique, un point juridique mérite d’être clarifié. Le président dispose, en droit, d’un pouvoir de clémence large, y compris avant condamnation ; néanmoins, la pratique contemporaine encadre strictement l’exercice de cette prérogative par une procédure rigoureuse et des critères de recevabilité. C’est précisément ce balisage qu’Herzog a rappelé : sans dossier formel, pas d’instruction de la demande.

L’irruption de la diplomatie dans l’arène judiciaire n’est pas nouvelle dans ce dossier. Cet été, la présence à une audience de l’ambassadeur américain à Tel-Aviv a déjà été interprétée comme un signal de solidarité envers Netanyahu. La lettre présidentielle franchit un cran supplémentaire : elle officialise, au plus haut niveau, un souhait de clémence au moment où l’issue judiciaire demeure incertaine. Ses partisans estiment que l’État d’Israël a besoin d’un leadership « dégagé » des contraintes d’un procès fleuve, surtout en période de tensions régionales. Ses détracteurs y voient un précédent dangereux : un raccourci politique vers l’extinction d’un procès emblématique de la lutte contre la corruption.

En définitive, trois verrous conditionnent toute évolution : la volonté de Netanyahu de déposer (ou non) une demande formelle ; l’appréciation juridique et éthique de la présidence, éclairée par le ministère de la Justice ; et, bien sûr, la dynamique judiciaire elle-même, qui suit son cours. La lettre de Trump change la température du débat, pas la mécanique du droit. Tant que le protocole n’est pas enclenché, la grâce reste un scénario théorique – lourd d’enjeux politiques, mais borné par des règles que le président israélien dit appliquer sans détour.

Jforum.fr

La rédaction de JForum, retirera d’office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

La source de cet article se trouve sur ce site

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

PARTAGER:

spot_imgspot_img
spot_imgspot_img