Zini contre les anciens chefs du Shin Bet
la Cour tranchera
Le chef du Shin Bet, David Zini, a rendu publique une réponse détaillée aux pétitions déposées à la Haute Cour de justice contestant sa nomination. Dans ce document de 19 pages, il rejette l’ensemble des griefs et s’en prend frontalement à plusieurs de ses prédécesseurs – Nadav Argaman, Ami Ayalon et Carmi Gillon – qui figurent parmi les requérants. Selon lui, la démarche « porte atteinte à l’État de droit » en cherchant à substituer l’avis d’anciens responsables de la sécurité au pouvoir discrétionnaire d’un gouvernement élu et au contrôle juridictionnel régulier. Il raille au passage la légitimité conférée par le statut d’« anciens », estimant qu’elle ne saurait prévaloir sur l’expérience opérationnelle requise au regard des défis immédiats de sécurité.
Sur le fond, Zini s’emploie à démonter point par point les assertions visant son intégrité : rumeur d’un lien de parenté supposé avec un proche conseiller du Premier ministre, allégation d’une enquête visant son fils, accusation de propos attentatoires à l’État de droit, ou encore critiques sur la temporalité de sa nomination alors qu’il occupait des fonctions de commandement au sein de Tsahal. Il affirme avoir respecté la procédure, informé « en temps utile » le chef d’état-major Eyal Zamir, et n’identifie aucun obstacle juridique à l’acceptation du poste.
Le contexte institutionnel explique l’intensité du débat. Après la démission du précédent directeur, la candidature de Zini a été examinée par le comité Grunis, l’instance consultative dédiée aux hautes nominations civiles. Fin septembre, le cabinet a approuvé sa désignation et, début octobre, la Haute Cour a refusé d’ordonner une injonction provisoire visant à geler son entrée en fonctions, tout en maintenant l’examen des recours au fond. Une audience est fixée au mardi 18 novembre, devant un panel conduit par le président de la Cour suprême, Yitzhak Amit, aux côtés des juges Noam Sohlberg et David Mintz.
Les requérants soutiennent que le comité a failli à sa mission d’examen de probité et que la décision gouvernementale est viciée par un défaut de pertinence, au regard d’éléments qu’ils estiment disqualifiants. Ils invoquent, au-delà de la personne, l’exigence d’exemplarité au sommet d’un service dont l’autorité repose sur la confiance du public et la neutralité. À l’inverse, les défenseurs de Zini rétorquent que les critères formels ont été respectés, que le contrôle juridictionnel existe déjà, et que la judiciarisation d’une nomination stratégique fragilise l’appareil sécuritaire dans une période critique.
L’affrontement rhétorique entre « responsabilité démocratique » et « expertise sécuritaire » masque un enjeu plus large : comment tirer les leçons du 7 octobre sans paralyser la chaîne de décision ? Les anciens directeurs estimant la nomination « déraisonnable » disent parler au nom de l’expérience accumulée et de l’éthique du service. Zini affirme, lui, porter la réforme nécessaire d’une organisation éprouvée par ses propres manquements, sans céder ni à la revanche personnelle ni au procès d’intention.
À ce stade, trois réalités s’imposent. Premièrement, la nomination est effective, sous réserve de l’examen au fond des pétitions. Deuxièmement, la Cour a déjà montré de la retenue en refusant d’entraver l’exercice de la fonction avant l’audience. Enfin, le débat dépasse la personne de Zini : il cristallise la tension entre le politique, le judiciaire et la communauté sécuritaire sur la manière d’assurer, en même temps, l’efficacité opérationnelle, la légalité des procédures et la légitimité du commandement. La décision à venir ne tranchera peut-être pas ces tensions, mais elle dira jusqu’où l’État hébreu accepte – ou non – de transformer une crise de confiance en précédent juridique.
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