Hayé Sarah: Avraham et Sarah, précurseurs d’Israël (2)
Intervenant: Michel AmramZ »l
Une impression de déjà vu
À l’heure de la rédemption, la restauration de la nation hébreue par l’État d’Israël fait resurgir brusquement de la clandestinité galoutique l’histoire de nos patriarches et nous sommes ébahis par l’actualité de leur environnement ancestral dont les personnages nous interpellent toujours, dans la même typologie de rivalité.
Au premier rang, la France, fille aînée de l’Église mais pouponnière du djihadisme, est le seul État au monde à posséder des biens et des terres en Israël, et chaque année se rajoutent des dossiers de réclamation à la possession, certains se basant sur… les Croisades de conquête des rois de France en Terre Sainte et aussi sur les combats qu’y mena Napoléon Bonaparte avec son armée.
Après Avraham, bien plus tard, après la sortie d’Égypte, bien que tous les explorateurs aient été des justes, Bémidbar, XIII, 7 : « c’étaient tous des personnalités considérables », arrivés à la vallée d’Eshkol (Bémidbar XIII, 23), ils prirent peur.
Pourquoi la Torah précise-t-elle le nom de cette vallée ? À priori, on pourrait penser qu’ils donnèrent ce nom à cette vallée par anticipation puisqu’ils y cueillirent une grappe de raisin eshkol אשכול. Cependant, cette vallée possédait déjà un nom, celui d’Eshkol, l’un des trois alliés d’Avram, avec ‘Aner et Mamré lors de la guerre des « quatre rois contre cinq » (Béréshit XIV, 9-13).
À la question de savoir si Avram devait pratiquer la Brith-Milah de lui-même, sans en avoir reçu l’ordre de Dieu, ce même Eshkol le lui déconseilla, arguant que ses ennemis profiteraient de sa faiblesse passagère pour l’attaquer.
En d’autres termes, cette vallée portait le nom d’Eshkol parce qu’en l’explorant, les envoyés de Moshé se découragèrent et lui donneront un conseil qui se voulait démotivant, tout comme Eshkol le fit pour Avram à propos de la Brit-Milah.
Par contre, selon le Midrash Béréshit Raba, 69, 7, Mamré lui dit : « Le même Dieu qui t’a sauvé de la fournaise ardente te sauvera également de tes ennemis ».
Mieux encore, le Talmud Qidoushin, 31a, enseigne le grand principe selon lequel la personne exécutant une action est d’autant plus grande, et l’action d’autant plus méritoire, si elle doit l’accomplir sous la contrainte d’un commandement divin : Gadol métsouvé vé’ossé mimi shéeino métsouvé vé’ossé גדול מצווה ועושה ממי שאינו מצווה ועושה. La différence entre, d’une part, ‘Aner et Eshkol, et, d’autre part, Mamré, réside dans le fait que les deux premiers pensaient que la réponse à la question s’il fallait pratiquer la Brith-Mila n’est pas obligatoirement positive.
Tandis que seul Mamré visa juste : « Mon conseil, dit-il à Avram, est que dans tous les cas, il te faudra pratiquer la Brith-Milah, mais pas dans l’immédiat. En vertu du principe talmudique précité : attends l’ordre de Dieu ! ».
Il eut raison puisque plus tard, Mamré eut le mérite de voir Dieu se révéler à Avraham, lorsque fut retranchée la chair de son excroissance, non pas dans la vallée d’Eshkol mais sur son territoire, Béréshit, XVIII, 1 : « Le Seigneur se révéla à lui dans les plaines de Mamré ».
On ne s’étonnera pas du fait qu’Ishma’ël réclame toujours la terre d’Avraham, et ne s’en cache pas, surtout depuis qu’Israël y est revenu et la fait refleurir de plus belle. Il semblerait que cela dépend du mérite de la circoncision que les musulmans pratiquent jusqu’à l’âge de treize ans, comme ce fut le cas pour Yishmaël.
Mais ce mérite s’estompe peu à peu à cause de leur passion à verser le sang et de leur apologie de la mort. Leur circoncision est une sorte de qedousha sans bérakha, une sorte de sainteté dénuée de bénédiction.
Et la sainteté sans la bénédiction c’est la mort. Alors que la véritable sainteté se révèle et se pratique en ce monde ici-bas, par le truchement de la bérakha, avec un surplus de vitalité et de vivacité.
On ne devient saint pour les chrétiens qu’après la mort du corps et pour les musulmans on ne devient shahid, héros, martyr, qu’en mourant, tuant les infidèles au djihad.
Quant aux Français, de sensibilité chrétienne, ils nous réclament le ciel d’Israël sous couvert de réclamations de la terre.
Mais ‘Essav, qui imprègne de sa typologie le monde chrétien, consent déjà à nous reconnaître une place sur terre, n’ayant aucun mérite en relation avec quelque circoncision que ce soit: les Croisades ont été une catastrophe et Napoléon fut repoussé dans un combat sanglant à ‘Acco en 1799.
Par contre, aussi bien en Israël qu’ailleurs, on s’étonnera des bons esprits du monde universitaire juif, ceux-là même des yéshivot et ceux des politiciens, tous très au courant de l’orientation dernière des événements, qui sont pris de vertige en cela qu’Israël d’aujourd’hui obéirait aux identiques principes bibliques et talmudiques ancestraux validés de nos jours.
L’idée que la tradition d’Israël posséderait une lucidité et une incomparable connaissance d’elle-même, à tel point que tout se passe comme si l’avenir concorde à ce qu’elle en a dit, donne effectivement le vertige : Regardez ! Ce que les prophètes de Dieu ont dit se réalise ! Impressionnant ! Dieu agirait-Il vraiment selon Son projet pour nous ?!
Les récits historiques de la Torah ne seraient pas seulement un amalgame d’anecdotes pieuses destinées à la seule l’édification du comportement et du bon cœur de confession israélite !? Mais alors, la Torah serait-elle et contemporaine et d’éternité !?
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