Les juifs américains apportent 908 Millions à Israël

Les juifs américains apportent 908 Millions de dollars à Israël

Après deux années d’urgence, un nouveau chapitre s’ouvre. Les Fédérations juives d’Amérique du Nord (JFNA) clôturent leur campagne exceptionnelle lancée au lendemain du 7 octobre et orientent désormais leurs efforts vers un cadre pluriannuel baptisé « Reconstruire Israël ». L’ampleur du geste est inédite : la mobilisation a permis de réunir 908 millions de dollars, distribués sous forme de milliers de subventions au bénéfice d’un vaste réseau d’organisations et de collectivités à travers tout le pays. Au-delà des chiffres, c’est un changement de posture : passer du secours vital à la reconstruction durable — économique, sociale et psychologique.

Concrètement, les premiers mois ont répondu à l’urgence : soins d’urgence, approvisionnement médical, hébergements temporaires et aide humanitaire. L’architecture philanthropique du système fédératif — partenariats ancrés avec de grandes institutions israéliennes, maillage local et expertise de gestion de crise — a servi d’accélérateur. À mesure que les combats se sont espacés, les priorités ont glissé vers la relance des moyens de subsistance, la santé mentale et la résilience communautaire : des besoins moins spectaculaires mais décisifs pour restaurer un quotidien.

Certaines initiatives illustrent ce pivot. Le programme ReGrow a permis aux communautés agricoles du Néguev occidental de remplacer en urgence le matériel volé ou détruit, afin de relancer les semis dès la première fenêtre de printemps. Dans le même esprit, le « Loan Fund » d’urgence a injecté des capitaux via des plates-formes de prêt rigoureusement sélectionnées : objectif, soutenir les petites entreprises privées d’accès au crédit classique, y compris dans des secteurs clés comme l’agriculture. Ce mécanisme, pensé comme un « fonds de fonds », vise à démultiplier l’effet de levier en attirant banques et institutions financières autour d’un même pipeline.

La philanthropie a aussi pris en charge l’invisible : le traumatisme. Les dispositifs d’accompagnement psychologique, l’aide aux victimes d’attentats, le soutien direct aux familles endeuillées ou déplacées ont été renforcés à une échelle rarement atteinte. À ces volets s’ajoutent des investissements ciblés dans l’éducation, l’inclusion et la cohésion sociale, afin d’éviter une « reconstruction à deux vitesses » entre régions frontalières et centres urbains.

L’année 2025 a rappelé que l’urgence pouvait resurgir à tout moment. Lors du conflit éclair de juin entre l’Iran et Israël, les Fédérations ont réorienté des enveloppes additionnelles vers des besoins de première nécessité — logements, nourriture, assistance aux services et collectivités sous pression — avant de revenir, une fois le pic passé, à la trajectoire de redressement. Cette capacité d’aller-retour entre réponse immédiate et investissement de long terme est la marque de fabrique du système fédératif.

Prochaine étape : l’Assemblée générale 2025, mi-novembre à Washington, où des milliers de dirigeants de la diaspora et d’Israël préciseront la feuille de route. Au menu : sécuriser l’après-guerre, soutenir les communautés du Sud et du Nord toujours déplacées, consolider les écosystèmes économiques locaux et approfondir le lien Israël-diaspora face à la montée de l’antisémitisme. L’ambition est claire : faire de la reconstruction un levier de prospérité partagée, en alignant philanthropie, acteurs publics et partenaires privés.

En filigrane, un message transparaît : la solidarité juive nord-américaine ne s’est pas limitée à un élan ponctuel. Elle s’institutionnalise dans un plan de redressement mesurable, avec indicateurs, partenaires identifiés et gouvernance. C’est à cette condition que l’aide, massive au départ, se transforme en résilience durable — pour des familles, des entreprises, des écoles, des kibboutzim et, au-delà, pour un pays qui entend se relever.

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