nuit de terreur•
Gilles Varela
Il y a tout juste dix ans, l’horreur frappait Paris. C’était un vendredi 13, en novembre 2015. Les températures étaient encore douces en cette soirée automnale qui s’annonçait pourtant belle, notamment pour ceux qui aiment le foot et se rendaient au Stade de France voir France-Allemagne. Mais aussi pour les fans de hard rock, ou ceux qui aiment bavarder avec des amis sur les terrasses d’un café ou d’un resto dans les 10e et 11e arrondissements de la capitale.
Alors qu’au Bataclan, le groupe de rock américain Eagles of Death Metal lançait les festivités sur scène, Paris était frappé par plusieurs attaques terroristes coordonnées qui allaient meurtrir la France tout entière, causant la mort de 132 personnes et faisant de nombreux blessés. Huit assaillants étaient également tués.
Retour en images sur cette soirée d’apocalypse.
Point de départ de cette terrible soirée, le Stade de France (Saint-Denis), où se dispute un match amical de football entre la France et l’Allemagne. L’évènement, retransmis à la télévision, est la cible de trois explosions pendant la rencontre, mais aux abords du stade. Certains téléspectateurs, eux, ont bien entendu « un boum » pendant le match, une détonation lointaine mais bien réelle. Dans les gradins officiels, ça bouge. Une inquiétude plane. Le président de la République, François Hollande, la quitte précipitamment.
Dans les rues autour du stade commencent à retentir les sirènes des forces de l’ordre et des secours. Et c’est la stupeur. En ce début de soirée, trois terroristes se sont fait sauter, dont deux à la porte D du stade, tuant Manuel Dias qui patientait en attendant la fin du match dans son autocar. Il était environ 21h15.
François Hollande est conduit dans un premier temps en urgence mais discrètement, au PC de contrôle du Stade de France pour être informé de la situation et donner ses premières directives avant de regagner le centre de Paris. Sur les chaînes d’infos en continu, les nouvelles d’attaques terroristes dans la capitale commencent à tomber.
Si la rencontre France-Allemange est allée à son terme pour éviter le mouvement de panique, la rumeur d’un attentat a vite circulé parmi les supporters avant qu’il ne leur soit demandé de se regrouper au centre du terrain et d’attendre des instructions afin d’être évacué plus tard, dans le calme.
Au même moment dans le 10e arrondissement de Paris, des fusillades éclatent. C’est la confusion. Les attaques, dispersées et sanglantes, se multiplient. Aux alentours des secteurs touchés, dans le 10e et le 11e, c’est la panique et les gens évacuent terrasses et restaurants.
Alors que les tueries se succèdent, que les forces de police et les autorités ne savent pas combien de terroristes agissent, vers 21h30, le convoi de François Hollande et Bernard Cazeneuve fonce place Beauvau, où démarre une réunion de crise.
Peu avant 21h30, devant le bar restaurant Le Carillon, c’est l’hécatombe, un spectacle de désolation, une scène de guerre, décriront les témoins. Des corps sont allongés, blessés par des tirs d’armes lourdes. Juste en face, le restaurant Le petit Cambodge, avec son cortège également de corps ensanglantés. Les cris des blessés et des survivants sèment l’effroi. Cette première fusillade fait treize morts et 163 blessés.
Peu après, c’est l’incompréhension et la terreur. Une fusillade éclate et touche les clients en terrasse au Comptoir Voltaire. Un kamikaze, Brahim Abdeslam, déclenche sa ceinture explosive. C’est le grand frère de Salah Abdeslam (qui sera plus tard condamné à la perpétuité incompressible pour sa participation aux attentats), qui vient de se faire sauter.
Les impacts de balles sur la façade du café Le Carillon rappellent que les terroristes ont tiré à l’arme lourde.
D’autres terrasses sont simultanément visées. Vers 21h30, une voiture de couleur noire s’arrête devant la terrasse de La bonne bière ainsi que celle du restaurant Casa Nostra, rue de la Fontaine au Roi, dans le 11e, à la limite avec le 10e arrondissement. Trois hommes en noir descendent, armés d’armes de guerre, et balayent les terrasses avant de repartir en voiture. Cette fusillade fait cinq morts et 69 blessés
Quelques minutes après, les terroristes s’attaquent à nouveau à une terrasse, celle de La Belle équipe où l’on fête des anniversaires. Cette fusillade fait 21 morts et 72 blessés. Les terroristes repartent alors que riverains se précipitent pour aider les victimes qui gémissent sur le trottoir avant de jeter des nappes ou des draps sur les corps des personnes mortes. C’est le chaos.
En moins d’une trentaine de minutes depuis l’attaque au Stade de France, on compte déjà une quarantaine de morts et des dizaines de blessés. On apprendra plus tard l’identité des kamikazes des terrasses des cafés parisiens. Il s’agit de Brahim Abdeslam (mort sur la terrasse du Comptoir Voltaire), Chakib Akrouh et Abdelhamid Abaaoud Chakib. Ces deux derniers ont tranquillement garé leur voiture à Montreuil avant de prendre le métro et de disparaître.
Mais cette nuit de terreur est loin d’être terminée. Bien au contraire. Et c’est dans la salle de spectacle du 11e arrondissement, au Bataclan, ou le groupe rock Eagles of Death Metal a commencé à jouer, que cela va se passer. Vers 21h45, une autre voiture noire vient se garer devant le Bataclan. Trois hommes armés en descendent et jettent dans une poubelle un téléphone portable sur lequel ils viennent d’écrire un message à destination d’un numéro belge : « On est partis, on commence. » Ils tuent des gens sur le trottoir, entrent dans la salle et tirent en rafales sur les spectateurs. C’est un carnage.
Pendant trente minutes, trois terroristes vident 15 chargeurs, tuant 90 personnes. C’est l’intervention d’un commissaire de la Brigade anticriminalité (BAC) qui parviendra, seul avec son chauffeur, à arrêter les fusillades en tirant sur l’un des terroristes, qui fait sauter sa ceinture explosive.
Les unités d’intervention arrivent. La brigade de répression et d’intervention (BRI) d’abord, coordonne l’opération, et le Raid est en appui. Les deux entités ignorent qu’une prise d’otage est en cours au premier étage du Bataclan.
«Pendant une heure, on n’a pas su que les terroristes étaient encore sur les lieux. Il n’y avait pas un cri, pas une revendication », racontera plus tard à 20 Minutes Christophe Molmy, qui dirigeait alors la BRI. L’urgence est alors d’évacuer les victimes valides et de secourir les blessés mais, pour ce faire, « il faut s’assurer qu’aucun tireur, aucun explosif n’est caché dans la salle ». Pendant quinze minutes, les hommes de la BRI fouillent chaque fauteuil, examinent chaque recoin de la fosse et font évacuer le maximum de personnes au cas où une bombe explose.
Les spectateurs valides sont fouillés, pour vérifier qu’un terroriste ne se cache pas parmi eux, puis ils sont conduit à l’extérieur. Les blessés sont évacués pour être pris en charge. Peu à peu, les colonnes de la BRI et du Raid progressent dans les étages. A chaque pas, les policiers découvrent des spectateurs cachés, dans des placards, dans les toilettes, les faux plafonds…
A mesure que le temps passe, le chef de la BRI se convainc que les tireurs ont pris la fuite. Mais à 23h15, alors que ses hommes tentent d’ouvrir une porte, celle-ci résiste. Les terroristes ont ordonné à un de leurs otages (ils sont une dizaine), de bloquer la porte. Les tentatives de négociation sont vaines. L’assaut est inévitable.
Et chaque minute compte, puisque à tout moment, les terroristes peuvent décider d’exécuter les otages ou recevoir l’ordre d’activer leurs gilets d’explosif. L’assaut est lancé à 0h18. Les balles de Kalachnikov fusent, s’écrasent sur les boucliers de la BRI. Un policier est grièvement blessé à la main. Mais l’opération continue jusqu’à ce que les otages soient évacués et que les deux terroristes ne fassent exploser leur ceinture.
Peu avant minuit, alors que les attaques terroristes sont encore en cours, le président de la République, François Hollande, s’adresse à la nation. « C’est une horreur », lance le Président dans une allocution martiale. Face à l’ampleur des attaques, il déclare l’état d’urgence et la fermeture des frontières de la France.
Dans les rues, sur les terrasses, les secours tentent désespérément de sauver des vies. Des riverains ou des passants aident avec les moyens du bord, rassurent les blessés. Des postes de secours s’improvisent un peu partout.
La police scientifique est débordée tant il y a de cadavre sur la chaussée, dans la salle du Bataclan.
En attendant qu’ils soient pris en charge, des couvertures, draps et nappes ont été déposées sur des victimes qui gisaient dans les rues. Ce soir du 13 novembre 2015, on dénombre 130 morts.
Au lendemain des attaques, les hommages, les moments de recueillement, se sont multipliés sur les différents lieux du drame. Au total, vingt personnes ont finalement été renvoyées devant la cour d’assises spéciale de Paris pour leur implication dans les attaques terroristes à Saint-Denis, au Bataclan et sur les terrasses parisiennes.
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