Surprise diplomatique : les États-Unis imposent une force de paix à Gaza sans consulter Israël

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Au milieu des tourments persistants du Moyen-Orient, une initiative américaine audacieuse secoue les équilibres fragiles. Mercredi, les États-Unis ont convoqué une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU pour y déposer un projet de résolution visant à déployer une Force internationale de stabilisation (FIS) dans la bande de Gaza, une fois la guerre achevée. Ce texte, qui n’a pas été partagé préalablement avec les autorités israéliennes, vise à imposer un cadre opérationnel clair pour apaiser un conflit qui a déjà coûté plus de 40 000 vies depuis octobre 2023, selon les estimations les plus récentes des observateurs internationaux. La mission américaine à l’ONU, dans un communiqué vibrant, a salué cette étape comme un « occasion historique » sous la houlette du président Donald Trump, de retour à la Maison Blanche depuis janvier 2025. « Les États-Unis obtiendront des résultats concrets, non de vaines paroles, pour mettre un terme définitif à des décennies d’effusion de sang et concrétiser la vision d’une paix durable », ont-ils affirmé, évoquant un plan qui pourrait redessiner les alliances régionales.

À Jérusalem, l’annonce a créé un vent de stupeur. Un haut responsable du Conseil national de sécurité israélien a confirmé que le document n’avait pas été transmis au préalable, qualifiant la fuite vers la presse d’« absurde ». Le cabinet de sécurité, instance suprême pour les décisions critiques, n’a pas encore examiné le projet. « Nous n’avons pas reçu le document ; c’est totalement faux. Les journalistes disposent de plus d’informations ; cela n’a aucun sens », a rétorqué une source gouvernementale. Cette opacité irrite au plus haut point : « Puisqu’il s’agit des enjeux les plus cruciaux, nous devons être impliqués. Le fait que le Premier ministre pense que la résolution pourrait être orientée en faveur d’Israël ne signifie pas que nous pouvons nous relâcher. Nous sommes face à un choix décisif. C’est à prendre ou à laisser », a ajouté la même voix, soulignant les risques d’un processus unilatéral. Depuis le retour de Trump, les relations transatlantiques se sont resserrées, avec une aide militaire accrue de 4 milliards de dollars annuels, mais cette surprise ravive les craintes d’un diktat washingtonien, rappelant les tensions lors des négociations d’Abraham en 2020.


Le cœur du projet américain repose sur une force intérimaire multinationale, active pour au moins deux ans, chargée de démilitariser Gaza et d’ériger une nouvelle police palestinienne. Opérant sous un commandement unifié, elle collaborerait étroitement avec Israël et l’Égypte pour former les futurs gardiens de l’ordre local, une mesure destinée à éradiquer les vestiges du Hamas, dont le contrôle a été ébranlé par 18 mois de campagnes militaires intenses. Parallèlement, un comité technocratique palestinien, strictement apolitique, prendrait en charge les services essentiels – eau, électricité, santé – jusqu’à une stabilisation institutionnelle. Ce « gouvernement local sans mandat partisan » remplacerait de facto les structures du Hamas, démantelées par plus de 15 000 frappes aériennes israéliennes depuis 2023. Les mécanismes proposés, civils comme sécuritaires, s’éteindraient au 31 décembre 2027, avec une option de prolongation négociée entre Tel-Aviv, Le Caire et les garants internationaux, un calendrier serré qui vise à forcer une résolution rapide.

L’ambassadeur américain à l’ONU, Mike Waltz, a multiplié les appels à l’unité. Il a convié le Conseil de sécurité, ainsi que l’Égypte, le Qatar, l’Arabie saoudite, la Turquie et les Émirats arabes unis, à « manifester un soutien régional » à cette résolution. Ce chœur diplomatique s’inscrit dans la doctrine trumpienne de « paix par la force », qui a déjà vu Riyad et Abou Dhabi normaliser leurs liens avec Israël en 2024, malgré les heurts à Gaza. Des pourparlers discrets au Caire en octobre ont esquissé un rôle égyptien accru, avec 5 000 casques bleus potentiels pour sécuriser Rafah, tandis que Doha, financier historique du Hamas, pourrait conditionner son aide humanitaire – 1,5 milliard de dollars depuis 2023 – à une transition apolitique. À Ankara, Erdogan, malgré ses critiques virulentes, flirte avec un revirement, motivé par des échanges commerciaux de 10 milliards de dollars annuels avec Washington.


Pour Israël, ce plan est un glaive à double tranchant. D’un côté, il aligne sur la vision de Netanyahu d’un Gaza « démilitarisé à jamais », avec des zones tampons élargies le long de la frontière. De l’autre, l’absence de consultation risque d’imposer des contraintes : une force internationale pourrait limiter les opérations préventives israéliennes, alors que 2 500 roquettes ont été lancées depuis le Soudan en 2025. Des analystes militaires estiment que la FIS, forte de 20 000 hommes issus de pays comme la Jordanie et la France, stabiliserait le sud de Gaza, où 1,9 million de déplacés croupissent dans des camps surpeuplés. Économiquement, une paix imposée boosterait les investissements : le PIB israélien, plombé de 7 % en 2024 par le conflit, pourrait rebondir de 4 % d’ici 2027 avec l’ouverture de ports marchands à Gaza.

Trump, maître incontesté des coulisses onusiennes depuis son premier mandat, mise sur ce coup pour légitimer son retour. Avec un veto américain sur toute résolution anti-israélienne bloqué depuis 2017, il table sur un vote favorable d’ici décembre. Israël, pris de court, prépare une riposte : une session d’urgence du cabinet est prévue vendredi, potentiellement assortie d’amendements pour renforcer le rôle de Tsahal dans la supervision. À l’ONU, où 193 États scrutent chaque mot, cette proposition pourrait briser l’impasse : fin 2024, 12 drafts similaires ont échoué pour cause de divergences russo-chinoises. Si elle passe, la FIS marquerait un pivot : non plus une « zone morte », mais un tremplin vers une confédération palestinienne neutre, sous l’égide d’un Quartet revisité. Le Moyen-Orient, las des cycles de violence, attend : cette résolution, née dans l’ombre, pourrait illuminer un horizon incertain, où la surprise diplomatique forge la paix ou ravive les braises.

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