« Ces gendarmes ont envie de tuer des gens »… Un blessé de Sainte-Soline réagit aux vidéos de violences policières

Vues:

Date:

Ce mercredi, Mediapart et Libération ont publié des images inédites du 25 mars 2023, filmées par les caméras-piétons des gendarmes à Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres. On voit des gestes illégaux comme des tirs tendus ordonnés par la hiérarchie, des insultes envers les manifestants mais aussi une intention et une satisfaction affichée à les blesser.

Lors de cette manifestation, un homme de 33 ans souhaitant garder l’anonymat, a été grièvement blessé à la jambe après avoir été visé par une grenade de désencerclement, sans avoir lui-même jeté aucun projectile. Il a rejoint la saisine collective de la défenseure des droits lancée quelques jours après Sainte-Soline. Il réagit auprès de 20 Minutes après la diffusion des images.

Comment réagissez-vous aux images qui ont été diffusées ?

C’est énervant mais en même temps pas surprenant. Cela fait longtemps maintenant qu’on a de la boucherie en manifestation. On a des forces de l’ordre, qui représentent un Etat, qui ont envie de tuer des gens. Elles le disent elles-mêmes et c’est forcément révoltant.

Maintenant, grâce à ces images, la hiérarchie va avoir du mal à mentir. On nous a dit qu’il n’y avait pas de tirs tendus ou d’usage d’armes de guerre mais les caméras des gendarmes montrent qu’il y a une volonté de tuer. Que font ces gens qui représentent l’Etat en service ? Ils devraient être en taule.

L’Etat a envoyé des gens armés qui prennent plaisir à se défouler sur des manifestants et qui sont là pour les blesser et les tuer, dans le but de protéger un chantier qui a été reconnu illégal.

Comment avez-vous été blessé ?

J’ai été blessé vers la fin de la manifestation au moment où l’ambulance est enfin arrivée. Il y a eu un détachement de CRS qui s’est dirigé vers l’ambulance et on a considéré qu’un gars avec le crâne ouvert n’avait pas besoin de 40 CRS autour de lui. On s’est approché et les CRS ont fait demi-tour. Ils nous ont alors tirés dessus et j’ai reçu une grenade de désencerclement dans les jambes. Je n’ai pas vu d’où elle venait, à cause du nuage de lacrymogène.

J’ai eu le tibia fissuré de bas en haut. Le chirurgien n’avait jamais vu ça. Il faut dire que la grenade de désencerclement est une arme de guerre. J’ai mis un peu plus de six mois à m’en remettre. J’ai pu reprendre mon travail dans le bâtiment mais quand le temps est humide, ça me lance. Je précise que je n’ai jamais lancé de cailloux ou quoi que ce soit d’autre de ma vie. Malheureusement, des épisodes de ce genre, ça donne envie d’en lancer.

Qu’avez-vous vu directement lors de la manifestation ?

J’étais dans le cortège bleu, celui décrit comme violent par la police. Quand on a commencé à s’approcher des bassines, on s’est fait accueillir par des quads qui sont venus clairement nous tirer dessus. Quelques personnes ont commencé répliquer.

On a continué à avancer, les premières grenades ont été lancées et les premières personnes ont commencé à s’effondrer. On voyait des gens en sang toutes les deux minutes.

Toutes nos infos sur les violences policières

Après ces images des caméras-piétons, l’argument consistant à réduire la responsabilité à quelques éléments peut-il encore tenir auprès de l’opinion publique ?

Cela a l’air d’être un peu trop généralisé pour qu’on puisse y recourir et de toute façon rien n’est jamais fait contre ces « éléments ». Cela leur va d’avoir des gens haineux et violents, des chiens de garde, là c’est acté. Personne n’est capable de faire régner l’ordre dans les forces de l’ordre. Et c’est pour ça qu’on a un président qui peut se permettre de dire « venez me chercher », car il a des gens sous la main qui sont prêts à tuer. Peut-être que les manifestants peuvent aussi monter d’un cran dans ce contexte et là, on rentre dans un cercle vicieux.

La source de cet article se trouve sur ce site

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

PARTAGER:

spot_imgspot_img
spot_imgspot_img