33 % de juifs ont voté pour Mamdani

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33 % de juifs ont voté pour Mamdani

Dans une élection municipale qui a tenu en haleine la Grosse Pomme jusqu’au bout, Zohran Mamdani a franchi un cap inédit mardi soir en devenant le premier maire musulman de New York. Âgé de 33 ans, ce descendant d’immigrés ougandais et activiste de longue date au sein de l’Assemblée de l’État, a su capter l’énergie d’une ville en mutation, marquée par des crises de logement, d’immigration et de sécurité publique. Pourtant, sa victoire, étroite avec 52 % des voix contre 45 % pour son rival démocrate Andrew Cuomo, repose sur un équilibre précaire : un soutien massif des électeurs sans affiliation religieuse, compensant des revers cuisants auprès des communautés confessionnelles traditionnelles. Selon un sondage CNN diffusé le lendemain, cette dynamique révèle les fractures profondes de l’électorat new-yorkais, où les priorités varient du tout au tout en fonction des identités spirituelles.

Les chiffres sont éloquents. Parmi les Juifs, qui constituent environ 15 % des blocs électoraux religieux et représentent une force politique historique dans des quartiers comme Brooklyn ou le Upper East Side, Andrew Cuomo a écrasé la concurrence avec 63 % des suffrages. L’ancien gouverneur de l’État, revenu sur la scène politique après ses démêlés judiciaires de 2021, a su incarner une continuité rassurante, axée sur la lutte contre la criminalité et le soutien à Israël au milieu des tensions au Proche-Orient. Seuls 33 % des électeurs juifs ont porté leur choix sur Mamdani, perçu par certains comme trop aligné sur des positions progressistes critiques envers les politiques israéliennes. Le républicain Curtis Sliwa, fondateur des Guardian Angels et figure excentrique de la droite conservatrice, n’a grappillé que 3 % de ce vote, soulignant l’ancrage démocrate de cette communauté dans un contexte où les enjeux sécuritaires post-11 septembre pèsent encore lourd.

Cette préférence pour Cuomo n’est pas isolée. Les catholiques, premier groupe religieux avec 27 % de l’électorat – influents dans les enclaves irlandaises et italiennes du Queens ou du Bronx –, ont massivement snobé Mamdani : 53 % ont voté Cuomo, 33 % pour le vainqueur et 14 % pour Sliwa. Les protestants et autres chrétiens, à 21 %, ont suivi une tendance similaire, bien que plus nuancée. New York, creuset de 8,8 millions d’habitants issus de 200 nationalités, abrite une mosaïque religieuse où les catholiques dominent historiquement depuis l’ère Tammany Hall, tandis que les Juifs, environ 1,1 million au total, exercent une influence disproportionnée via des réseaux communautaires solides et des donateurs clés. Mamdani, élu à l’Assemblée en 2020 sous l’étiquette socialiste démocratique, a bâti sa campagne sur des promesses de logements abordables et de réformes policières, thèmes qui résonnent chez les jeunes et les minorités, mais qui heurtent les conservateurs religieux inquiets d’une « déradicalisation » perçue.

Le véritable atout de Mamdani ? Les 24 % d’électeurs sans affiliation religieuse, un segment en pleine expansion chez les millennials et la génération Z, qui lui ont décerné 75 % de leurs voix. Ces « nones », souvent urbains et progressistes, ont contrebalancé les défaites chez les fidèles. Cette catégorie, en hausse de 10 points depuis 2012 selon des études démographiques récentes, reflète une sécularisation galopante : à New York, où un habitant sur cinq est athée ou agnostique, ils votent en bloc pour des candidats incarnant le changement face à l’inflation et aux inégalités. Sans ce socle, Mamdani, qui a passé sa jeunesse à Queens et milité pour Black Lives Matter, n’aurait pas franchi la ligne. Sa campagne, financée en grande partie par de petites donations en ligne – plus de 15 millions de dollars levés –, a mobilisé via TikTok et des rassemblements multiculturels, contrastant avec les spots télévisés coûteux de Cuomo.

Au-delà des chiffres, cette élection éclaire les défis d’une métropole en ébullition. New York fait face à une explosion des loyers, avec un loyer médian à 3 500 dollars par mois dans Manhattan, et à une vague migratoire de 200 000 arrivants depuis 2022, strainant les services publics. Mamdani, qui prône une « ville pour tous » avec des investissements dans les transports verts et la santé mentale, hérite d’un mandat sous haute tension : les tensions communautaires, exacerbées par le conflit israélo-palestinien qui a vu des manifestations massives en 2024, pourraient compliquer son gouvernance. Cuomo, de son côté, a promis une « renaissance sécuritaire » en évoquant ses succès passés contre la mafia et la corruption, un discours qui a séduit les seniors juifs et catholiques, souvent propriétaires inquiets des squats illégaux.

Sliwa, avec son style flamboyant et ses patrouilles anti-criminalité, n’a pas percé au-delà de niches conservatrices, obtenant globalement 4 % des voix. Son échec souligne la suprématie démocrate à New York, ville bleu foncé où les républicains peinent depuis Rudy Giuliani en 1993. Pour Mamdani, l’enjeu immédiat sera de fédérer : nommer des adjoints issus de diversités religieuses, comme un vice-maire juif ou catholique, pour apaiser les rancœurs. Son investiture en janvier 2026, au cœur de l’hiver hudsonien, symbolisera peut-être un tournant : une New York plus inclusive, mais fracturée, où la laïcité triomphe sans pour autant unifier les âmes.

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