« Pourquoi les massacres au Soudan sont-ils passés… les radars? »

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French lawyer Gilles-William Goldnadel poses at his office on February 10, 2015 in Paris. AFP PHOTO / JOEL SAGET (Photo by Joël SAGET / AFP)

Goldnadel : «Pourquoi les massacres au Soudan sont-ils passés si longtemps sous les radars ?»

Par Gilles William Goldnadel

«Dans l’inconscient tourmenté de l’idéologie médiatique gauchisante prétendument antiraciste, des centaines de milliers de vies noires ne valent strictement rien si elles ne sont pas ôtées par des Occidentaux.»

FIGAROVOX/CHRONIQUE – Il aura fallu attendre la trêve gazaouie et un nouveau massacre au Soudan pour que les médias et les ONG daignent se pencher sur un conflit dont le pays africain est le théâtre depuis plus de deux ans, regrette notre chroniqueur, Gilles-William Goldnadel.

Gilles-William Goldnadel est avocat et essayiste. Chaque semaine, il décrypte l’actualité pour FigaroVox. Il vient de publier Vol au-dessus d’un nid de cocus (Fayard, 2025). Il est également président d’Avocats sans frontières.

Depuis deux ans, je ne cesse dans mes livres comme dans mes articles de maudire cette idéologie médiatique qui enterre sous son indifférence les victimes des massacres en Afrique. Dans une récente chronique dans ces colonnes, j’évoquais les 120 000 femmes chrétiennes d’Éthiopie, violées dans des conditions de cruauté inouïe par des soudards érythréens islamistes. Sans bruit. J’ai également souvent évoqué les enfers du Congo, du Nigeria ou de la Somalie passés à la trappe. Mais cette semaine, soudainement, un nouveau massacre au Soudan a défrayé la chronique et émergé enfin à la surface. Ce massacre n’est qu’un massacre de plus dans ce nouveau drame soudanais qui dure depuis plus de deux ans. Oui mais voilà, le feu ayant cessé à Gaza, il y avait un peu de place.

J’ai toujours vitupéré ces occultations issues de l’obsession de Sion. Ainsi que la détestation masochiste de l’Occident blanc et le mépris des malheurs africain et chrétien. Retour historique sur un massacre journalistique. Le conflit soudanais, contrairement à ce que sa soudaine et brève médiatisation voudrait faire croire, ne vient pas d’éclater : il a débuté le 15 avril 2023 entre les Forces armées soudanaises (SAF) dirigées par le général Abdel Fattah al-Burhan et les Forces de Soutien Rapide (FSR) commandées par le cruel Hemedti. Des massacres atroces et des viols immondes se sont succédé sans discontinuer.

La presse internationale jusque-là indifférente à ces douleurs immenses, dans l’accalmie gazaouie, est sortie cette semaine soudainement de son coma profond quand, à El Fesher, située dans le Nord du Darfour, les troupes du FSR ont massacré plus de 2000 civils en trois jours y compris, systématiquement, dans les hôpitaux. Mais il ne s’agissait que d’un massacre sanguinaire de plus dans un océan de sang. On ne le croirait pas, ce conflit ignoré est considéré « comme la plus grande crise humanitaire au monde » par l’ONU mais son secrétaire général Gutterres, intarissable sur Gaza, est pourtant demeuré très discret sur le sujet. Une ONG comme Amnesty, qui aura somnolé pendant deux ans, obsédée par un autre conflit, se réveille soudainement de sa torpeur.

Ce conflit a causé entre 150 000 et 250 000 victimes – toujours selon l’ONU – et déplacé plus de 13 millions de personnes ( soit un quart de la population soudanaise !). Il a provoqué une famine atroce touchant 25 millions de personnes et causé au moins 522 000 morts de malnutrition depuis 2023. Les FSR sont accusées de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, y compris de massacres et de viols ethniques contre des populations chrétiennes ou non arabes dans la région du Darfour. Ces crimes rappellent le génocide des darfouris des années 2000, où les Janjaweed islamistes (prédécesseurs des FSR) avaient déjà assassiné des centaines de milliers de non Arabes.

Nul ne doute que si la France ou les États-Unis massacraient des civils au Darfour, on en parlerait tous les jours. Un esprit chagrin pourrait y déceler ce racisme anti-blanc qui pourtant n’existe pas.

Il est donc clair que cette guerre, pourtant infiniment plus meurtrière que le conflit à Gaza et au Liban, a été laissée dans l’ombre pendant deux ans. Pour illustrer cette différence criante autant que révoltante de traitement, j’ai questionné l’Intelligence Artificielle. Selon Grok, le rapport est d’un article sur le Soudan pour 10 sur le conflit palestinien, en dépit du bilan victimaire inversé. Mais quelquefois, la différence de traitement est infiniment plus disproportionnée : c’est ainsi que, selon la même source, le chroniqueur de politique étrangère de France Inter, Pierre Haski – également président de Reporters Sans Frontières – aura seulement consacré 5 à 10 chroniques ou mentions sur le Soudan pour 150 éditoriaux dédiés au conflit Israël – Hamas, en incriminant essentiellement le premier.

Précisément, samedi, à l’antenne d’un service public qui voulait bien pour une fois se préoccuper des victimes soudanaises, son chroniqueur spécialisé expliquait notamment autant qu’ingénument ce silence de mort sur le Soudan par le conflit à Gaza… Oui mais pourquoi ? Au nom de quel principe ? Pour trois raisons interdites d’explications et que je vais pourtant vous livrer ici sans façons. La première, que j’ai toujours dénoncée, est l’obsession de Sion. Une focalisation sur la chose juive par une sorte de fascination, pas toujours antisémite au demeurant, mais qui pourrait provoquer la fin de l’État Juif, mille fois plus surveillé, traqué donc condamné que les autres, même quand il n’est pas coupable ou qu’il pourrait bénéficier de l’excuse de provocation pour cause de pogrom.
C’est ce qu’on a traduit en anglais laconique par le fameux « No Jews, no News. » Moralement comme politiquement, l’obsession de Sion est une perversion. Qui fait deux victimes : Israël focalisé follement et les morts d’Afrique ou d’ailleurs, ensevelis une seconde fois sous la terre de l’oublieux mépris.

La seconde, qui découle partiellement de la première, habite dans la détestation anti-occidentale par l’idéologie médiatique gauchisante en majesté. Israël est observé sans aménité et au microscope également en tant qu’État-nation occidental déterminé à se défendre bec et ongles. Et nul ne doute que si la France ou les États-Unis massacraient des civils au Darfour, on en parlerait tous les jours. Un esprit chagrin pourrait y déceler ce racisme anti-blanc qui pourtant n’existe pas. La dernière n’est que la triste conséquence des deux autres.

Dans l’inconscient tourmenté de l’idéologie médiatique gauchisante prétendument antiraciste, des centaines de milliers de vies noires ne valent strictement rien si elles ne sont pas ôtées par des Occidentaux. Jusqu’aux Black Lives Matter qui, trahissant jusqu’à leur appellation, demeurent mutiques face au carnage. À l’instar de ces féministes d’extrême gauche qui demeurent placides quand les femmes de France ou celles des kibboutz ne sont pas tuées et violées par des mâles pâles détestables. Les vies noires ne valent décidément rien si les tueurs ne sont pas blancs. A fortiori si les morts sont chrétiens.

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La rédaction de JForum, retirera d’office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

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