Zohran Mamdani, le candidat anti-israélien, élu maire de New York.
New York abrite la plus grande communauté juive du monde en dehors d’Israël, avec des estimations récentes indiquant qu’elle compte entre 1,6 et 2 millions de Juifs, soit environ 8,8 % de la population de la ville. La ville est un centre majeur pour les Juifs américains.
Dans son discours de victoire, Zohran Mamdani a estimé que son élection marquait la victoire de « l’espoir sur la tyrannie », et montrait « à une nation trahie par Donald Trump comment le vaincre ». « En cette période d’obscurité politique, New York sera la lumière », veut-il croire.
Le président américain, qui a enregistré deux autres revers électoraux mardi soir, a rapidement réagi. « Trump n’était pas sur les bulletins de vote et la paralysie budgétaire [sont] les deux raisons pour lesquelles les républicains ont perdu les élections ce soir, selon les sondeurs », a-t-il tenté de justifier sur son réseau Truth Social.
Donald Trump avait tenté de s’immiscer dans la course en prenant parti, la veille du scrutin, pour le principal rival de M. Mamdani, l’ancien démocrate Andrew Cuomo, qui concourait comme indépendant. « Que vous aimiez personnellement Andrew Cuomo ou non, vous n’avez vraiment pas le choix. Vous devez voter pour lui et espérer qu’il fasse un travail fantastique. Il en est capable, Mamdani ne l’est pas ! », avait-il écrit, lundi soir, sur Truth Social.
Il en avait également appelé, mardi, le jour même du scrutin, à l’importante communauté juive new-yorkaise. « Toute personne juive qui vote pour Zohran Mamdani (…) est une personne stupide !!! », a écrit le président américain sur son réseau, jugeant que le grand favori de l’élection « haïssait les juifs ».
Tout au long de la campagne, l’élu du Queens à l’Assemblée de l’Etat de New York a été attaqué pour son opposition très vive à la politique israélienne. Il est toutefois resté ferme sur ses positions, multipliant dans le même temps les manifestations de soutien à la communauté juive.
Record de participation
Vainqueur surprise de la primaire démocrate en juin, Zohran Mamdani n’a jamais, depuis, quitté la tête des sondages, même après le retrait de la course du maire sortant, Eric Adams, qui avait également appelé à le battre en ralliant Andrew Cuomo.
Né en Ouganda dans une famille indienne, Zohran Mamdani, membre du mouvement des Socialistes démocrates d’Amérique (DSA), a fait de la lutte contre la vie chère le cœur de sa campagne. S’il est caricaturé en « communiste » par Donald Trump, ses propositions (encadrement des loyers, bus et crèches gratuits) relèvent plutôt de la social-démocratie.
Accompagné de son épouse, l’illustratrice Rama Duwaji, le candidat démocrate a voté dans le Queens, mardi. « Nous sommes sur le point d’écrire l’histoire (…), de dire adieu à la politique du passé », avait lancé le candidat aux journalistes présents.
Très populaire auprès des jeunes, Zohran Mamdani a également ramené à lui de nombreuses personnes qui s’étaient éloignées de la politique, « des électeurs frustrés par le statu quo, en quête de nouvelles personnalités », selon le politologue Costas Panagopoulos.
Signe de l’engouement pour le scrutin dans ce bastion démocrate qu’est New York, à 18 heures, près de 1,75 million d’électeurs avaient voté, soit la participation la plus importante depuis des décennies. Avant même l’ouverture des bureaux de vote mardi, quelque 735 300 électeurs avaient déjà voté par anticipation, soit quatre fois plus que lors de la dernière élection.
« S’il y a bien quelqu’un capable de protéger New York face au président Trump, c’est moi », avait estimé Andrew Cuomo juste après avoir voté, à Manhattan. « Si Zohran Mamdani devient maire, [Donald] Trump n’en fera qu’une bouchée », avait-il encore tenté, insistant, comme il l’a fait durant toute la campagne, sur l’inexpérience de son adversaire.
Tandis que le président républicain a déployé l’armée dans plusieurs bastions démocrates (Portland, Chicago, Washington…), Zohran Mamdani a promis de s’opposer « farouchement » à sa politique anti-immigration et à sa guerre judiciaire contre ses « ennemis politiques ».
Au sein même de son parti, Zohran Mamdani ne fait pas l’unanimité. Plusieurs figures, notamment le chef des sénateurs démocrates, Chuck Schumer, ne le soutiennent pas publiquement. Quant au leader des démocrates à la Chambre des représentants, Hakeem Jeffries, s’il s’est finalement prononcé pour Zohran Mamdani, il a affirmé qu’il ne le considérait pas comme « l’avenir » de leur camp.
D’autres revers pour Donald Trump
Les démocrates ont remporté plusieurs autres victoires, mardi, décrochant notamment les sièges de gouverneur en Virginie et dans le New Jersey, lors de scrutins qui faisaient figure de test après neuf mois de présidence Trump. Les Californiens ont également dit oui à un redécoupage de la carte électorale qui sera favorable aux démocrates pour les élections de mi-mandat en 2026.
La démocrate Abigail Spanberger, ancienne agente de la CIA de 46 ans, a été élue gouverneure de Virginie. Cet Etat dirigé par le républicain Glenn Youngkin – qui ne pouvait pas se représenter – n’avait jamais voté pour Donald Trump à la présidentielle. Abigail Spanberger devance largement sa rivale, la républicaine Winsome Earle-Sears.
Le limogeage de centaines de milliers de fonctionnaires fédéraux décidé par Donald Trump et son ex-allié Elon Musk a particulièrement touché la Virginie, qui jouxte Washington et ses ministères. La nouvelle gouverneure, classée parmi l’aile modérée du Parti démocrate, a affirmé dans son discours de victoire vouloir se concentrer sur comment « résoudre les problèmes, et non pas attiser la division ».
Dans le New Jersey, la démocrate Mikie Sherrill a, elle aussi, largement remporté son élection et deviendra la prochaine gouverneure de cet Etat de la Côte est de plus de 9 millions d’habitants.
Cette ancienne pilote d’hélicoptère dans la marine américaine, âgée de 53 ans, est également classée parmi les modérés du Parti démocrate. Elle avait fait campagne sur le coût de la vie, et notamment la hausse des prix de l’électricité, tout en brocardant le soutien apporté par le président républicain à son adversaire, Jack Ciattarelli.
Le New Jersey était déjà dirigé depuis huit ans par un démocrate, le gouverneur Phil Murphy, et n’a jamais été remporté par Donald Trump lors d’une élection présidentielle. Mais le milliardaire républicain y avait considérablement réduit l’écart en 2024, notamment auprès des électeurs hispaniques.
« Les démocrates fument Donald Trump et les républicains extrémistes à travers le pays », s’est réjoui sur X le leader de la minorité démocrate à la Chambre des représentants, Hakeem Jeffries. « Le Parti démocrate est de retour », a-t-il ajouté ».
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