L’affaire Sdé Teiman décryptée

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L’affaire Sdé Teiman décryptée

Sous le soleil impitoyable du Néguev, la base militaire de Sdé Teiman veillait comme un serpent endormi, gardienne de secrets que nul ne devait déterrer. Mais en juillet 2024, un frisson d’effroi traversa ses barbelés : cinq réservistes de la redoutable Force 100, ces ombres d’élite formées pour les missions les plus sombres, furent accusés d’avoir franchi la ligne interdite. Menotté, aveuglé, un prisonnier du Hamas – un officier de police suspecté de liens avec des cellules dormantes, mais pas impliqué dans l’horreur du 7 octobre – subit ce que l’acte d’accusation qualifia de sévices inhumains. Viol, coups, humiliations : les ombres de la loi planaient déjà, murmurant que ce « risque élevé » de récidive ne justifiait pas la descente aux enfers.

La piste menait droit à une vidéo fantôme, capturée dans les entrailles du camp et surgie comme un spectre en août 2024. Ce fragment granuleux, montrant des silhouettes indistinctes infligeant la douleur, devint l’arme fatale d’un dossier judiciaire en gestation. Mais qui avait libéré ce démon numérique ? Le parquet militaire, forteresse de la justice casquée, jura devant la Haute Cour de Justice qu’une enquête interne avait buté sur un mur de silence. Mensonge ou écran de fumée ? Un mois plus tard, un test polygraphique du Shin Bet, ce géant invisible des renseignements, fit craquer une employée : la fuite n’était pas un accident, mais une opération approuvée en haut lieu, validée par la procureure en chef, Yifat Tomer-Yerushalmi. Une taupe dans les rangs ? Les soupçons s’épaissirent comme un brouillard toxique : abus de pouvoir, fraude, obstruction, divulgation de classifiés. Le procureur général ordonna une enquête pénale pour faux témoignage et trahison des serments.

Le ciel s’assombrit sur Tel-Aviv. Vendredi, Tomer-Yerushalmi fut suspendue, puis évincée dans un tourbillon de dossiers scellés. Dimanche, l’intrigue vira au roman noir : elle s’évapora, laissant une lettre d’adieu comme un leurre. Son véhicule abandonné sur une plage de Tel-Aviv hurlait le désespoir – ou la ruse. Une battue massive, hélicoptères et plongeurs, balaya la côte. Retrouvée saine et sauve à Herzliya, l’ex-procureure fut arrêtée, son téléphone portable envolé comme une pièce maîtresse égarée. Soupçons : une mise en scène de suicide pour effacer des données brûlantes, un téléphone qui contenait peut-être les clefs d’un réseau plus vaste. Par novembre 2025, l’enquête, pilotée par la conseillère juridique Gali Baharav-Miara et la police d’État, traînait dans les méandres bureaucratiques. Le ministre de la Justice Yariv Levin, ombre politique acérée, contestait cette tutelle, invoquant un conflit d’intérêts – la fausse déclaration aurait-elle transité par le parquet général lui-même ? Il réclamait un juge indépendant, Asher Kola, pour trancher dans le vif, une demande balayée comme une manœuvre partisane.

Au cœur de cette toile d’araignée, la droite israélienne flairait le coup monté. Le scandale, amplifié par la révélation que dix réservistes avaient été arrêtés pour complicité dans les abus, devint un prétexte pour démanteler le « système judiciaire corrompu ». Israël Katz, ministre de la Défense, frappa fort : il annonça la déchéance de rang pour l’avocate en chef démissionnaire et nomma Itay Ophir, un limier aguerri, pour « assainir » le parquet militaire. Ophir, avec son regard d’acier, promit une réhabilitation impitoyable, scrutant chaque recoin pour traquer les fuites comme un espion débusque les taupes.

Sur le front judiciaire, l’étau se resserrait. Le procès des cinq soldats, ces fantômes du bataillon 100, se poursuivait dans l’ombre des tribunaux militaires. Mais un coup de théâtre : le détenu, unique témoin oculaire, fut libéré en février 2025 dans le sillage d’un fragile cessez-le-feu, renvoyé à Gaza sans avoir pu déposer. Voix politiques tonitruantes réclamèrent l’abandon des charges, arguant d’un complot de l’ »État profond ». Pire, une première condamnation en février – un réserviste épinglé pour les sévices – fut jugée « insuffisante » par les faucons, un verdict tiède qui ne lavait ni n’accablait. Les accusés, via l’organisation Honénou, brisèrent enfin le silence : « Victimes d’un État qui nous trahit », lancèrent-ils, dénonçant une chasse aux sorcières contre des héros usés par dix-huit mois de guerre impitoyable.

La raison invoquée par Tomer-Yerushalmi
Selon sa lettre de démission et des déclarations rapportées, elle a motivé cette fuite par le besoin d’avancer l’enquête et de contrer les critiques internes et externes qui accusaient le parquet militaire de partialité envers les détenus palestiniens au détriment des soldats israéliens. Elle visait à exposer la gravité des faits pour protéger l’autorité de la justice militaire face à une « propagande mensongère » et à des pressions politiques (notamment de figures d’extrême droite comme Itamar Ben-Gvir, qui qualifiaient les soldats de « héros » et exigeaient l’arrêt des poursuites). Dans sa lettre, elle écrit : « J’ai exposé les preuves d’abus pour contrer l’idée que l’armée ciblait injustement ses propres soldats. Cette idée créait un danger pour l’application de la loi militaire ». Elle ajoute que « l’obligation d’enquêter sur des soupçons d’abus n’est plus universellement acceptée » au sein de l’armée, soulignant une résistance institutionnelle.

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