Traduit et adapté d’un article deJack Engelhard (1) paru sur Arutz Sheva.
Quand j’étais rédacteur à KYW News Radio, à Philadelphie, le présentateur Harry Johnson s’apprêtait à passer à l’antenne avec une grosse gaffe. J’ai repéré l’erreur juste à temps, avant qu’elle n’atteigne un million d’auditeurs. KYW était la principale source d’information de tout le Delaware Valley.
Ça aurait pu nous mettre dans l’embarras ; Harry était un homme bien, instruit et sans mauvaise intention. Ed Belkin, directeur des informations et mon supérieur, était pointilleux sur la précision. Il gardait rancune, ne pardonnait jamais, et aimait faire souffrir ceux qu’il jugeait, sous le regard suffisant de sa cruauté. C’était un homme dur.
Comme d’habitude, Harry m’avait donné son script dix minutes avant la diffusion des informations de six heures. Nous étions l’antenne matinale : nous étions les premiers à dire à beaucoup d’auditeurs « voici votre monde, désolé ». Mon service commençait à cinq heures ; pendant trois ans je dormais en moyenne deux heures par jour, et la radio n’avait jamais été ma passion : j’étais un homme de presse écrite. La presse était dans mon sang.
Je parcourais le script de Harry page après page et tout semblait en ordre jusqu’à un passage sur la Pâque juive qui me fit simplement sourire.
« Harry, » dis-je, « tu seras content d’apprendre que j’ai corrigé cette faute de frappe. »
Il fut surpris : il était fier de son travail et vétéran dans ce métier ; moi non. On m’avait engagé après une carrière au Philadelphia Inquirer et au New York Times, en service rendu à Nelson Cohen. Les ressentiments allaient dans les deux sens, mais pas de la part d’Harry : c’était un ami. Nous partagions la veille de la ville ; nous étions un cercle réduit, éveillés pendant que le monde dormait.
« Quelle faute ? » demanda Harry, perplexe.
« Tu as écrit que la Pâque était célébrée par 150 millions de Juifs dans le monde. Si seulement… »
« Et alors ?
« Tu ne comprends pas ? Il n’y a peut-être que 14 millions d’entre nous dans le monde. »
« Impossible. »
« Pourtant vrai. »
Il ne me crut pas avant de vérifier. En demandant autour de nous, même hors de la salle de rédaction, les avis divergeaient — mais beaucoup pensaient comme Harry. Peu croyaient que la population juive d’Israël était d’environ sept millions. Ça me rappelle l’attitude canadienne « none is too many ». De nos jours, une telle méprise, exploitée par des bigots, conduit clairement au Israel Derangement Syndrome.
Les gens imaginent que nous sommes très nombreux. Comment expliquer autrement l’attention portée à Israël, au-delà de celle accordée à n’importe quel autre pays ? On trouve de nombreux cas à l’ONU et parmi les mollahs d’Iran, dont l’occupation principale semble être Israël. Pourquoi ? Rien d’autre que ce syndrome.
Il y a aussi des individus : Zohran Mamdani, candidat à la mairie de New York, fait campagne sur une plateforme de haine d’Israël — il capitalise sur ce ressentiment. Glenn Greenwald, observé sur YouTube, a affirmé que le « Jewish Lobby » contrôlait l’Amérique ; la dernière fois que j’ai entendu cela, c’était dans les Protocoles des Sages de Sion. Greenwald revenait sans cesse sur Israël — on comprenait qu’il était atteint du Israel Derangement Syndrome.
Y aura-t-il une fin à ces comportements ? Hélas non. Nous avons le choix : rester forts et courageux, pour reprendre les paroles de Josué en prenant la relève de Moïse :
Sois fort et courageux.
- Jack Engelhard écrit une colonne régulière pour Arutz Sheva. Il a signé le best‑seller international Indecent Proposal, traduit en plus de 22 langues et adapté au cinéma par Paramount avec Robert Redford et Demi Moore. Nouvel ouvrage du romancier : le thriller sur le jeu Compulsive. Site : www.jackengelhard.com ↩︎
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