Liban ; L’Égypte tente un pari audacieux

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Liban ; L’Égypte tente un pari audacieux

L’émissaire américain Tom Barrack a déclaré que le Hezbollah conserve « des milliers de missiles » dans le sud du Liban et a exhorté Beyrouth à accélérer le désarmement, au besoin via un dialogue direct avec Israël. Ces propos ont été rapportés le 1er novembre 2025 lors d’un passage dans la région.
La presse libanaise (via al-Liwaa) a détaillé une initiative égyptienne : cessez-le-feu de plus de trois mois, arrêt total des frappes israéliennes, libération de prisonniers libanais et retrait complet du Hezbollah au nord du Litani, puis discussion d’une « formule politico-sécuritaire » pour les armes au nord.
Des dépêches récentes soulignent que la LAF (armée libanaise) prépare/avance un plan de désarmement graduel avec appui international, tandis que les violations et escarmouches persistent le long de la frontière.

« Le Liban n’a plus de temps » : l’ultimatum diplomatique et l’équation du désarmement du Hezbollah

À Manama, l’envoyé américain Tom Barrack a livré un message sans détour : le Liban doit avancer vite vers le désarmement du Hezbollah. Selon lui, les milliers de missiles encore stockés au sud du pays maintiennent une menace directe contre Israël et prolongent un cycle d’escalade dont l’issue pourrait se jouer bien au-delà de la Ligne bleue. Le ton est ferme, mais s’inscrit dans une séquence diplomatique plus large où Washington, Le Caire et d’autres capitales cherchent à transformer une trêve fragile en architecture de sécurité durable.

L’argument américain s’articule autour de trois axes. D’abord, une réalité militaire : le Hezbollah, placé au cœur de l’appareil sécuritaire informel du Liban, conserve une capacité de nuisance à courte portée contre le nord d’Israël. Ensuite, un angle institutionnel : l’État libanais, financièrement exsangue, peine à imposer son monopole de la violence légitime, y compris à son armée, dont le budget a fondu au rythme de la crise économique. Enfin, une voie de sortie : un dialogue technique sur la démarcation terrestre, déjà esquissé par intermittence, qui crée des incitations pour désamorcer la confrontation.

C’est dans ce contexte que l’Égypte a transmis une proposition détaillée : un cessez-le-feu d’au moins trois mois avec arrêt complet des frappes, la libération de détenus libanais en Israël et, surtout, le retrait intégral des forces et armes du Hezbollah au nord du Litani. La phase suivante, plus délicate, porterait sur la gestion des arsenaux situés au-delà du fleuve, sous parrainage international, pendant qu’Israël se retirerait des points encore tenus au Liban. La dernière étape viserait la finalisation du tracé frontalier, y compris le dossier sensible du mont Dov (dit « fermes de Chebaa »), afin d’assécher les prétextes à la reprise des hostilités.

Pour Beyrouth, l’addition est politique autant que sécuritaire. D’un côté, l’opinion publique reste fracturée : une partie voit dans le Hezbollah un « bouclier » face à Israël ; une autre estime qu’il a aspiré l’État dans une logique de confrontation permanente. De l’autre, la classe politique sait qu’un démantèlement désordonné des milices pourrait basculer en tensions internes. La proposition égyptienne cherche donc un équilibre : sécuriser le sud conformément à l’esprit de la résolution 1701, sans déclencher un schisme national.

Côté israélien, l’exigence est claire : aucune solution ne sera durable tant que des roquettes et drones resteront au contact de la frontière. Jérusalem considère qu’un retrait au-delà du Litani, accompagné d’un contrôle effectif par l’armée libanaise et la FINUL, est la condition minimale pour stabiliser le front nord. Dans la pratique, Israël continuera de frapper des cibles jugées « menaçantes » tant que ces conditions ne seront pas réunies, tout en laissant la porte ouverte à un mécanisme diplomatique sur la frontière s’il se traduit par un désarmement vérifiable.

Reste la question du « qui fait quoi, quand et comment ». La LAF, dont la crédibilité est essentielle, ne peut réussir qu’avec des garanties tangibles : financement international, partage de renseignement, calendriers réalistes, et une clause de « vérification et transparence » pour rassurer Israël. Un séquençage fin — retrait des armes visibles au sud, démantèlement des dépôts, contrôle des axes logistiques, puis sécurisation des villages — éviterait le piège des annonces non suivies d’effets.

La faisabilité de la proposition égyptienne dépendra de deux leviers. Le premier est régional : si Téhéran pousse à la retenue, le Hezbollah aura davantage de latitude pour accepter un repli tactique au nom de la « sauvegarde de la résistance ». Le second est local : plus la communauté internationale contribue à reconstruire le sud et à soutenir l’armée libanaise, plus la tentation de reconstituer des positions fortifiées s’amenuise. Cette logique « sécurité contre normalité » a déjà prouvé qu’elle pouvait produire des dividendes politiques.

Pour Israël, l’unique paramètre non négociable est la disparition de la menace immédiate au nord. Un retrait du Hezbollah au-delà du Litani, des mécanismes de vérification crédibles et un calendrier d’application strict offriraient enfin une frontière septentrionale respirable. Si cette trajectoire se confirme, Jérusalem y verra la preuve qu’une pression ferme, adossée à une diplomatie pragmatique, peut transformer une trêve instable en sécurité concrète — au bénéfice des civils israéliens, et, in fine, de la stabilité régionale.

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