Pris comme les humains au milieu des bombardements, ils sont des victimes collatérales de la guerre. Depuis le début du conflit en Ukraine, les animaux paient eux aussi un lourd tribut même si leur sort funeste est souvent passé sous silence. Au début du mois, une attaque de drone russe a ainsi provoqué un incendie dans un élevage porcin de la région de Kharkiv, au nord-ouest de l’Ukraine, tuant environ 13.000 cochons piégés par les flammes.
En septembre, sept chevaux avaient aussi été tués dans la région de Kiev lors d’une attaque russe ayant visé un centre équestre. Les combats qui font rage n’épargnent pas non plus la faune sauvage. Moins d’un an après le début de la guerre en Ukraine, des scientifiques alertaient déjà fin 2022 sur la mort de 50.000 dauphins en mer Noire à cause des explosions sous-marines et de l’utilisation de sonars militaires.
Des parcs animaliers qui « manquent de tout »
Sur le terrain, plusieurs ONG sont témoins de cette situation dramatique. « De nombreux animaux domestiques ont été abandonnés lors des évacuations ou ont perdu leurs familles à cause des violences, nous indiquent par écrit des responsables de l’association Peta en Ukraine. Des chiens et des chats sans abri se cachent dans les décombres, terrifiés ou affamés. » Dans ce grand pays agricole, le bétail est également décimé, « les attaques contre les exploitations agricoles les laissant sans nourriture, ni soins », poursuivent-ils.
Même constat tragique dans les zoos situés sur la ligne de front. « Ils manquent de tout : nourriture, soigneurs, médicaments. Certains établissements ont été coupés des infrastructures et ne peuvent plus recevoir de livraisons », alerte Alesya Lischyshyna, responsable de l’antenne Ukraine du réseau Quatre Pattes.
Des dizaines de milliers de chiens et chats errants
Dans ce champ de ruines, des volontaires tentent au péril de leur vie de sauver et de soigner ces animaux. « Les missions de sauvetage se déroulent souvent dans des conditions de danger extrême », confirment les équipes de Peta, qui coopèrent avec les brigades d’évacuation militaires et policières « pour récupérer les animaux sur le front ». Depuis le début du conflit, Peta et l’ONG ARK (Animal Rescue Kharkiv) assurent avoir « secouru plus de 22.000 animaux ». Des chiens, des moutons ou des chèvres qui sont ensuite accueillis dans des refuges ou sanctuaires pour être soignés.
Aux quatre coins du pays ravagé, les bénévoles de Quatre Pattes en font de même. Avec comme principales missions de capturer, stériliser, vacciner et relâcher les chiens errants ou abandonnés. Avant même le début de la guerre, l’Ukraine était déjà confronté à cette problématique avec quelque 200.000 chiens et encore beaucoup plus de chats qui vagabondaient dans les rues du pays.
Une trentaine d’ours recueillis dans un refuge
Comme on peut l’imaginer, la situation a empiré avec encore davantage d’animaux perdus ou abandonnés. « Beaucoup prennent la fuite, effrayés pendant les attaques, ou se perdent lors de l’évacuation de leurs familles », indique Alesya Lischyshyna, pointant également « la suspension de la plupart des programmes municipaux de gestion de chiens errants ».
Présentes depuis 2012 en Ukraine, les équipes de Quatre Pattes peuvent se targuer d’avoir soigné « près de 40.000 chiens et chats » depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie. A Domazhyr, à une quinzaine de kilomètres de la ville de Lviv, l’ONG prend également soin d’une trentaine d’ours recueillis après avoir été sauvés de la captivité ou des bombardements.
La règle des 3-3-3
A des milliers de kilomètres de la zone de guerre, la solidarité s’organise aussi pour venir en aide aux animaux martyrisés. Comme en France avec la toute jeune association HDF Terre de Providence qui organise des rapatriements de chiens accueillis dans le refuge ukrainien Happy Dog pour les faire adopter. Courant août, un premier convoi avait permis à une quinzaine de chiens et à trois chats en provenance d’Ukraine de trouver une nouvelle famille.
Notre dossier sur la guerre en Ukraine
« Beaucoup sont traumatisés par la guerre ou par les maltraitances qu’ils ont subies, témoigne sa présidente Lucie Charoy. Mais au fil du temps, on voit qu’ils s’apaisent. Comme pour tous les animaux adoptés, cela passe par la règle des 3-3-3 : il leur faut trois jours pour se poser, trois semaines pour s’habituer à leur nouveau foyer et trois mois pour se révéler et être un membre à part entière de la famille. » A la fin du mois, un nouveau convoi partira de France en direction de l’Ukraine pour mettre à l’abri d’autres chiens et chats qui ont connu l’enfer et espèrent désormais trouver le bonheur.
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