Le Louvre dément toute aide israélienne après le braquage
L’affaire du cambriolage spectaculaire du Louvre, survenu dimanche 19 octobre 2025, a pris une tournure diplomatique inattendue. Moins de vingt-quatre heures après le vol de plusieurs joyaux de la couronne, le musée parisien a dû démentir avec fermeté les déclarations d’une société de renseignement israélienne affirmant avoir été mandatée pour retrouver les pièces dérobées.
Au centre de la controverse : CGI Group, une société privée de renseignement fondée par Yaakov Perry, ancien directeur du Shin Bet, les services de sécurité intérieure israéliens. Son PDG, Zvika Naveh, avait assuré à plusieurs médias que le Louvre lui avait confié une mission « exceptionnelle » visant à retrouver les trésors volés, arguant de son expérience passée dans la récupération d’œuvres d’art, notamment lors du vol spectaculaire d’un milliard d’euros au musée Grünes Gewölbe de Dresde en 2019.
Selon Naveh, la société aurait été contactée « par un intermédiaire au nom du Louvre et d’autres entités, notamment des compagnies d’assurances ». Il évoquait même une équipe déjà mobilisée en Europe pour traquer la filière derrière le casse.
Mais face à la propagation rapide de cette information, la direction du Louvre a publié un démenti catégorique :
« La direction du Louvre dément avoir contacté cette société, ou toute autre entité extérieure à la police française », a-t-elle indiqué lundi à l’AFP, sans autre commentaire.
Ce refus net a immédiatement coupé court aux rumeurs. Le musée, placé sous la tutelle du ministère de la Culture, a rappelé que seules les autorités françaises — la Brigade de répression du banditisme et l’Office central de lutte contre le trafic de biens culturels — sont habilitées à intervenir dans une telle enquête.
Pour Paris, cette précision était nécessaire : l’idée d’une coopération non officielle avec une société israélienne de renseignement, même prestigieuse, aurait pu créer des tensions diplomatiques ou interinstitutionnelles. D’autant que le vol, survenu dans la galerie d’Apollon, haut lieu du patrimoine national, revêt une charge symbolique forte.
Le braquage lui-même a été exécuté avec une précision militaire : quatre individus, vêtus en ouvriers, ont pénétré par une fenêtre à l’aide d’un monte-charge et se sont dirigés directement vers les vitrines contenant des bijoux de la collection royale française. En quelques minutes, ils ont dérobé huit pièces majeures, dont le diadème de l’impératrice Eugénie (serti de près de 2 000 diamants) et plusieurs colliers appartenant à Marie-Amélie et Hortense de Beauharnais. Le diadème, retrouvé brisé à proximité du musée, témoigne d’une fuite précipitée.
L’enquête de la police française s’oriente vers une équipe professionnelle bien informée, ayant préparé le coup depuis plusieurs semaines. Les caméras du Louvre, pourtant nombreuses, n’ont pas encore permis d’identifier formellement les suspects. Les autorités craignent que les bijoux soient déjà sortis du territoire ou fragmentés pour être revendus séparément.
Dans ce contexte, les propos de Zvika Naveh ont suscité un malaise certain. S’il ne fait aucun doute que CGI Group dispose d’un savoir-faire reconnu dans la récupération d’objets d’art volés — la société a déjà collaboré avec plusieurs musées européens —, la revendication publique d’un mandat fictif, sans accord officiel du Louvre, soulève des interrogations sur ses motivations. Certains observateurs évoquent une tentative de publicité opportuniste, profitant de l’émoi suscité par le vol pour valoriser l’expertise israélienne en matière d’enquêtes.
Le gouvernement français, tout en saluant la réputation d’efficacité des anciens membres du Shin Bet, a insisté sur le fait que l’enquête reste strictement nationale. L’intervention de sociétés étrangères, même spécialisées, ne saurait remplacer les procédures judiciaires françaises ni l’action des forces de l’ordre.
Ce démenti ferme s’inscrit aussi dans un climat où les relations franco-israéliennes en matière de renseignement sont sensibles. Les échanges existent, mais sont encadrés par des accords intergouvernementaux. Une initiative privée aurait pu être interprétée comme une intrusion dans un dossier d’État.
Cet épisode illustre la notoriété grandissante des sociétés israéliennes dans les domaines de la cybersécurité et du renseignement privé, un secteur où Israël demeure l’un des leaders mondiaux. Si le Louvre a raison de défendre son indépendance et ses procédures, l’efficacité reconnue des experts israéliens dans la récupération d’œuvres et la traque de réseaux criminels rappelle l’importance de coopérations internationales ciblées.
Pour Israël, cette affaire confirme la force de son savoir-faire en matière de sécurité et de renseignement ; pour la France, elle souligne l’urgence de moderniser la protection de ses musées. Deux nations alliées dans la lutte contre le vol de patrimoine partagent, au fond, une même ambition : défendre la mémoire et la culture face à ceux qui les pillent.
Jforum.fr
Similaire
La rédaction de JForum, retirera d’office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.
La source de cet article se trouve sur ce site