Le mouvement palestinien Hamas a de nouveau fait entendre sa position : il n’est pas prêt à se désarmer immédiatement et entend conserver une part du contrôle sécuritaire sur la bande de Gaza durant une phase de transition. Lors d’une interview depuis Doha, Mohammed Nazzal, membre du bureau politique du Hamas, a déclaré qu’il ne pouvait répondre par « oui » ou « non » à la question du désarmement, car tout dépendrait de « la nature du projet », et notamment de « à qui les armes seraient remises ».
Cette posture intervient alors que les États-Unis, sous l’impulsion de Donald Trump, ont présenté un plan en 20 points visant à mettre un terme durable à la guerre à Gaza. Ce plan exige notamment la restitution immédiate de tous les otages avant tout désarmement du Hamas, puis le transfert de la gouvernance à un comité technocratique sous supervision internationale. Israël, qui a approuvé cette feuille de route, insiste sur le fait que le Hamas doit être démilitarisé afin que Gaza ne constitue plus une menace pour sa sécurité.
Mais le Hamas ne s’y montre pas volontaire : il affirme être prêt à entamer un cessez-le-feu de trois à cinq ans pour reconstruire l’enclave, à condition que des « horizons et de l’espoir » soient offerts aux Palestiniens, notamment en terme d’État. Il revendique aussi de rester présent sur le terrain – pour « protéger les convois d’aide, les camions de ravitaillement » ou lutter contre des gangs armés – et rejette l’idée d’un abandon total de ses fonctions sécuritaires avant qu’un cadre plus large ne soit négocié.
Les obstacles à la mise en œuvre du plan américain sont donc palpables :
Le Hamas, affaibli mais toujours capable, refuse pour l’instant de déposer ses armes ou de céder seul la gouvernance de Gaza.
La question des otages morts ou vivants reste en suspens : seuls certains corps ont été rendus à Israël, tandis que d’autres restent retenus ou en attente d’extraction.
La gouvernance post-conflit demeure floue : qui assurera la sécurité ? Qui dirigera l’administration ? Le rôle du Hamas nourrit encore l’incertitude.
La communauté internationale, notamment les États-Unis et Israël, conditionne toute reconstruction à un désarmement effectif et vérifiable du Hamas.
En dépit de ces tensions, l’enjeu reste vital pour la région : après près de deux ans de conflit, Gaza est dévastée. Il faudra des centaines de milliers de logements à reconstruire, un redéploiement de services publics, un retour des populations déplacées. Du côté israélien, la priorité est de garantir qu’une nouvelle phase de violence ne s’ouvre pas, et que Gaza ne redevienne pas base arrière pour des attaques. Le refus actuel du Hamas de se désarmer fragilise la confiance dans la durabilité du cessez-le-feu et offre à Israël un motif légitime pour maintenir des mesures sécuritaires strictes.
Mais ce défi n’est pas seulement militaire ou sécuritaire : il est aussi politique. Le Hamas exige qu’un vrai futur politique soit offert aux Palestiniens — un État viable, des perspectives pour les jeunes –, pour accepter des compromis. De son côté, Israël souligne qu’en l’absence de démilitarisation réelle, la reconstruction ne peut être envisagée. La tension entre l’exigence sécuritaire israélienne et les revendications politiques palestiniennes représente donc le cœur du problème.
Du point de vue stratégique d’Israël, cette situation offre une opportunité : le refus du Hamas de céder encore impose une pression internationale accrue sur son organisation, et rapproche les alliés d’Israël autour d’un objectif partagé — que Gaza soit pacifiée et qu’aucune entité hostile ne puisse de nouveau menacer l’État hébreu. La perspective d’un désarmement du Hamas et d’un redéploiement sécuritaire régional apparaît comme un gain stratégique majeur pour Israël, qui peut ainsi envisager un retour progressif à la normalité tout en consolidant ses partenariats dans la région.
Le maintien du contrôle du Hamas à Gaza sans désarmement pose un sérieux obstacle à la paix, mais il fortifie aussi la position d’Israël qui, en exigeant une démilitarisation préalable, affirme sa détermination à garantir sa sécurité. En adoptant une ligne ferme — soit le retrait des armes avant la reconstruction — Israël renforce son rôle de garant de stabilité. Cette stratégie met en lumière que seule une Gaza pacifiée, sans menace militaire, peut « repartir » et que l’État israélien reste acteur incontournable de cette transition.
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