« En studio, Lara Fabian m’a fait pleurer », confie Ycare

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Ce vendredi, Ycare dévoile son duo avec Lara Fabian sur le titre Dans mes bras. Cette chanson, qui figure sur son album solo éponyme sorti en juin, a été réorchestrée au passage et gagne en intensité. Cette nouvelle version, assure-t-il, n’annonce pas une réédition du disque, elle correspond à une envie spontanée. Pour l’occasion, l’artiste de 42 ans a accordé une interview à 20 Minutes.

Ycare, révélé en 2008 par « Nouvelle Star », est aujourd’hui apaisé, revenu de nombreux excès, dont une addiction à l’alcool racontée dans son autobiographie Tout le monde naît avec des ailes sortie l’an passé. Après le succès rencontré par deux albums de duos, il s’est autorisé à intituler son disque avec son simple pseudonyme. « Parce que j’ai enfin eu le droit à mon nom », dit-il. « Cette fois-ci, je ne me suis pas caché derrière un titre comme Lumière noire, Adieu je t’aime, Des millions d’années, Nos futurs, Au bord du monde… Ce dernier album, c’est mon premier. »

Pourquoi ce duo avec Lara Fabian maintenant ? Et sur cette chanson ?

J’ai rencontré Lara aux Enfoirés il y a deux ans et, immédiatement, intellectuellement, spirituellement, on a connecté. Je venais de terminer mon deuxième album de duos et j’ai pensé que c’était dommage de ne pas en avoir fait un avec elle. Et puis, cet été, j’ai pensé à Dans mes bras, qui est une déclaration d’amour à mon épouse, au fait que c’est incroyable quand je la chante sur scène mais que je ne lui ai pas donné assez de force et puis que l’amour, c’est bien de le chanter à deux. Alors peut-être que cette chanson aurait dû être en réalité un duo. Je ne la vois pas comme un dialogue mais comme un monologue à deux. Sans prévenir mon label, ni mon management, j’ai contacté Lara en juillet, je lui ai envoyé Dans mes bras en lui disant que j’aimerais la chanter avec elle. Elle m’a répondu en une note vocale : « Bonjour, c’est magnifique et c’est un oui ».

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Quelle a été votre réaction ?

C’était comme si le siège de « The Voice » se retournait. J’ai ressenti une grande joie. Lara Fabian est une icône, une des plus grandes voix de la francophonie dans le monde, historiquement, et éternellement. Elle est une âme exceptionnelle. On a trouvé un compromis dans les tonalités et elle a ce moment de fulgurance dans la voix qui m’a fait pleurer en studio. Cela ne m’était arrivé qu’une seule autre fois, avec Zaz.

Le mois dernier, dans une interview accordée à « 20 Minutes », Lara Fabian disait ne plus faire de musique pour se guérir elle-même mais pour aider les autres, à travers les messages qu’elle fait passer. C’est un peu votre projet avec l’album « Ycare », non ?

Je suis à ce moment-là de ma vie. J’ai traversé mon désert duquel j’aurais pu ne jamais revenir. J’ai eu la chance et la ténacité de revenir de mon enfer, de mes excès. J’ai fait ce chemin pour revenir à l’autre, aimer, faire des duos, partager. Avant, j’étais un gars seul, dans le noir. Aujourd’hui, mon ambition est de dire qu’il est possible d’être heureux et d’aimer et d’aimer l’autre en s’aimant soi.

Un tel discours, dans le cynisme ambiant, c’est une forme de résistance ?

« Amour résistance », c’est mon hashtag. Si j’étais Muse, j’en aurais fait mon drapeau – ce groupe a fait « Love is a resistance ». C’est facile aujourd’hui de détester. Regardez comment tout le monde déteste, a la haine de quelqu’un, d’un truc, d’une situation. C’est banal. Alors que ça demande un effort de dire qu’on aime.

Vous êtes confronté aux haters sur les réseaux sociaux ou dans la vie ?

Ce ne sont pas des haters. Ce sont plutôt des gens qui demandent d’aller plus loin. Et ce n’est pas mon rôle. Je ne suis pas soldat. Je ne suis pas lanceur d’alerte. Certains exigent que je prenne position. Il fallait que je prenne position le 7-Octobre, il faut en reprendre une autre aujourd’hui, et une autre pour un gouvernement… Moi, j’ai une guitare. Ce n’est pas une arme. Personne ne demande à un médecin de prendre un poignard à la place de son stéthoscope. Sinon, quand un hater m’insulte, il s’insulte surtout lui-même. Quand tu es en paix avec toi-même, tu ne peux pas être en guerre avec quelqu’un d’autre.

Les injonctions à prendre position ont un impact sur votre santé mentale ? Cela vous pèse ?

Non, parce que ce n’est pas personnel. Et je sais que quand les gens viennent me voir sur scène, ce n’est pas moi qu’ils viennent voir mais ce qu’ils projettent sur moi.

Beaucoup d’artistes recherchent une validation à travers le public…

Pas moi. Déjà, la notion de public n’est pas correcte. Je préfère dire « les gens ». Chacun a son individualité. Là, je vois quelqu’un [il me décrit] qui s’est habillé le matin comme ça lui a plu de s’habiller. Qui a décidé d’ouvrir deux boutons à sa chemise bleue rayée, qui a pris soin de se coiffer avec la raie sur le côté. Qui a choisi de se décorer le bras de tatouages avec des choses qui ancrent son cœur. Ça, pour moi, c’est honorer la vie. Dans mes concerts, je joue la lumière allumée, pour voir les gens, car on est là pour se retrouver, ensemble.

Le Ycare de l’époque « Nouvelle Star » pensait pareil ?

Du tout. C’était tout le contraire. Ceux qui ne changent pas, c’est dur pour eux. J’avais 24 ans, j’étais fan de Saez, de Muse, de Placebo, de Radiohead, j’avais tout ce rock dans mon cœur. J’avais même fait une chanson qui s’appelait Les imbéciles heureux. Je traitais d’imbéciles les gens heureux. Peut-être qu’aujourd’hui, je suis le plus grand imbécile heureux. À l’époque, j’éprouvais beaucoup de colère, d’incompréhension. Je me posais des questions sur l’univers, sur l’injustice. Les gens qui tombent dans la haine crient à l’injustice. L’absence de réponse les mène à ces extrémités, à la haine, aux insultes, à dire que c’est la faute d’un autre ou d’un groupe de gens. J’ai guéri de ça.

Vous disiez tout à l’heure avoir été un artiste « dans le noir ». Vous avez beaucoup écrit pour d’autres. Vous avez redouté de ne jamais pouvoir accomplir ce que vous vouliez dans la musique, sur le devant de la scène ?

Oui, en permanence, jusqu’à ce que j’arrête de demander quelque chose à la musique. Aujourd’hui, je n’attends plus rien de mon travail. Parce que ça peut s’arrêter demain. J’ai plus que réalisé mes rêves, les Zéniths, l’Olympia… J’écrivais des chansons, j’étais dans l’ombre de ces artistes et j’allais les regarder chanter, par procuration. La chance m’a été donnée, entre guillemets, de survivre à ma propre mort. Déjà, c’est une bénédiction, je me lève le matin, je suis content, je prends soin de mon corps, je fais attention à être une bonne personne, à regarder les gens dans la rue, à essayer d’aider celui qui n’a pas, de l’orienter. La musique, pour moi aujourd’hui, c’est du bonus par rapport à tout ce que j’ai.

Cette perception-là provient du travail que vous avez fait sur vous pour vous débarrasser des démons de l’alcool, de la drogue ?

Dans Les Cités de l’amour, je chante : « On ne devient que ce qu’on est depuis le début. » Tout ça, c’était juste une sortie de route, ou plutôt, non, c’était mon chemin, pas une sortie de route. Je devais le parcourir pour en sortir propre de tout. J’ai tout nettoyé.

Une phrase de « Mon pays, c’est l’amour » m’a marqué : « Au grand sourire des gens blessés, c’est comme ça qu’on se reconnaît ». Vous parvenez à déceler qui sont les blessés de la vie ?

Quand je vois quelqu’un se faire bousculer et sourire de cette bousculade, qu’elle soit métaphorique ou physique, je me dis : « Lui, il connaît, il sait ce que c’est. » J’ai mis « blessés » pour la rime, mais je parle de ceux qui ont expérimenté, qui ont passé le tunnel.

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En choisissant Ycare comme nom de scène, vous vous prédestiniez à vous brûler les ailes ?

C’est fou ça. J’ai choisi Ycare à 16 ans parce que j’ai eu un accident de patin à roulettes. C’était presque prémonitoire. Faites gaffe quand vous choisissez les prénoms de vos enfants ! Patrick Bruel et Patrick Fiori en plaisantaient avec moi. Ils m’ont dit : « Tu as survécu, tu peux changer de nom et t’appeler Phoenix, maintenant. »

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