Israël : « Il y a quelque chose de messianique »… Comment Trump veut capitaliser sur son succès avec les otages de Gaza

Vues:

Date:

«Un grand jour, un jour merveilleux ». Ce lundi, les vingt otages encore vivants retenus dans la bande de Gaza depuis l’attaque meurtrière du Hamas du 7-Octobre sont rentrés en Israël. La fin de deux ans d’attente pour les familles, et le début d’une journée triomphale pour Donald Trump, accueilli en héros dans l’Etat hébreu.

A Tel-Aviv, sur la place des Otages, des drapeaux américains se sont ainsi mêlés aux drapeaux israéliens et aux rubans jaunes dans les scènes de liesse. Et à la Knesset, il a été reçu et plusieurs fois ovationné, des casquettes rouges inspirées de la sphère MAGA arboraient l’inscription « Trump, le président de la paix ».

« Quelque chose de l’ordre du christique »

« On est dans l’émotion : c’est la fin de deux ans de drame côté israélien, avec ce traumatisme très fort des otages », décrypte Sébastien Boussois, docteur en sciences politiques et spécialiste du Moyen-Orient, auteur de Donald Trump, retour vers le futur (Ed. Mareuil, 2025). Il rappelle que la situation actuelle était loin d’être « gagnée ». « Le président américain, au-delà du fait d’être Donald Trump et d’avoir une capacité de conviction, a réussi à mettre les différentes parties ensemble autour de la table pour faire bouger les lignes et arriver à un processus de fin de guerre », souligne-t-il.

Ce succès diplomatique du président américain, qui avait annoncé fin septembre un plan de paix en vingt points, est d’ailleurs reconnu par l’ensemble des acteurs internationaux, y compris l’Union européenne. « Vous avez réussi à faire quelque chose de miraculeux », a pour sa part déclaré Benyamin Netanyahou lors de son discours devant le Parlement israélien, après quelques références bibliques à destination de son homologue.

Une symbolique qui n’a pas échappé à Sébastien Boussois. « Il y a quelque chose de l’ordre du christique, du messianisme, qui va parler à l’ensemble des fervents défenseurs de l’Etat d’Israël », analyse-t-il. Une figure de messie qui continuera de séduire les chrétiens évangéliques et sionistes ultrareligieux, principaux soutiens de l’Etat hébreu aux Etats-Unis et composante importante de l’électorat de Donald Trump.

Faire la paix comme on fait du business

Le président américain peut surtout savourer le succès de sa « paix par la force » sur la scène diplomatique internationale. « Je suis doué pour faire la paix et c’est un honneur de le faire. J’ai sauvé des millions de vies », s’est-il réjoui à bord d’Air Force One avant de fouler le sol israélien. Conforme à son image de businessman, « il aime se représenter comme un gagnant qui se remonte les manches, entreprend, gagne de l’argent… Cet accord est une case en plus dans son tableau », appuie Lauric Henneton, maître de conférences à l’université de Versailles et spécialiste des États-Unis.

A la tribune, Netanyahou a rendu hommage au « plus grand ami à la Maison-Blanche de l’Histoire d’Israël », au côté d’un président américain tout sourire et sous les cris « Trump, Trump, Trump » de l’assistance. « La dimension narcissique est centrale dans ce récit de Donald Trump, l’homme de paix qui résout tous les dossiers », note Lauric Henneton. Un narratif renforcé par les photos historiques qui découleront de cette journée, notamment à Charm el-Cheikh, en Egypte, où un grand sommet sur l’avenir de la bande de Gaza est organisé autour du républicain.

La seule victoire, ce sera « le temps »

Ces louanges bonnes pour l’ego, « c’est de bonne guerre, commente Lauric Henneton. N’importe qui d’autre, avec ce genre de réalisation, se targuerait d’un triomphe ». D’autant que la situation internationale lui fournit « une bouffée d’oxygène » face à une situation intérieure plus délicate. « Au niveau national, il fait face à des dossiers sur lesquels il ne peut pas avancer comme il veut, tels que le shutdown ou la situation des villes démocrates », cadre-t-il.

Néanmoins, le maître de conférences alerte sur « l’illusion du triomphe », Donald Trump n’ayant abouti à un accord qu’au bout de dix mois. « La véritable mesure d’une éventuelle victoire, c’est le temps », assure-t-il. Et la phase suivante du plan de paix s’annonce complexe : qui va gouverner à Gaza ? Comment gérer le désarmement du Hamas ? « Il a gagné une bataille, mais pas la guerre : le plus difficile arrive, la pérennisation de la paix, imagine Lauric Henneton. Il peut savourer le moment mais ne peut pas s’en contenter ».

Retrouvez notre dossier consacré à Donald Trump

« Ce serait dommage de lancer le mouvement puis de s’arrêter là, reconnaît Sébastien Boussois. D’autant que si l’électorat MAGA soutient Donald Trump aux élections de mi-mandat [en novembre 2026], il lui saura gré d’avoir résolu des guerres qui ne sont pas les siennes. » Déjà, le républicain se projette sur la suite. Dans son discours face aux députés israéliens conquis, durant lequel il a multiplié les blagues et les anecdotes, il l’a affirmé : le prochain dossier à être réglé sera la fin de la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Pas sûr que Vladimir Poutine l’applaudisse sur ce point-là.

La source de cet article se trouve sur ce site

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

PARTAGER:

spot_imgspot_img
spot_imgspot_img