Elie Cohen; Sa dépouille bientôt restituée

Elie Cohen; Sa dépouille bientôt restituée

Depuis plus de six décennies, l’ombre de l’espion israélien Eli Cohen plane sur les relations entre Israël et la Syrie. Exécuté par pendaison à Damas en 1965, son corps n’a jamais été rendu à sa famille. Mais aujourd’hui, un reportage diffusé par une chaîne saoudienne avance que la dépouille de « notre homme à Damas » pourrait enfin revenir en Israël dans le cadre d’un accord diplomatique plus large.

Selon ce média, la Syrie envisagerait une restitution du corps, peut-être dans le cadre des discussions en cours pour un accord de sécurité entre Damas et Jérusalem. Cependant, du côté israélien, ni le Mossad ni le Cabinet du Premier ministre ne confirment officiellement cette rumeur. La veuve d’Eli Cohen, Nadia, a déclaré n’avoir reçu aucune communication formelle, estimant que les informations étaient probablement des spéculations si les services de renseignement israéliens « ne savent rien ». Elle a exprimé son espoir de voir cette étape se concrétiser un jour, mais reste prudente face aux annonces sans fondement tangible.

Parallèlement, on rappelle qu’il y a environ un an, les autorités israéliennes avaient démenti les rumeurs selon lesquelles la dépouille de Cohen aurait déjà été rapatriée. Toutefois, en mai dernier, une opération secrète du Mossad a permis de rapatrier en Israël plus de 2 000 documents, photos et objets personnels ayant été conservés par les services syriens depuis des décennies. Ces archives ont été présentées à sa famille, mais ne comprennent pas le corps tant attendu. Certaines sources affirment que c’est désormais la Syrie elle-même qui souhaite remettre les restes de Cohen, peut-être pour marquer un geste de bonne volonté dans un contexte de tension régionale accrue.

Cette possible restitution s’inscrit dans un contexte diplomatique plus large. Le président syrien Ahmed al-Sharaa a récemment signalé qu’un accord de sécurité avec Israël pourrait voir le jour dans les jours à venir. Il a précisé qu’il ne s’agissait pas encore de normalisation complète ou d’un traité de paix, mais que l’établissement de dispositifs sécuritaires dans la zone frontière sud-ouest de Damas était en discussion. Si la Syrie accepte de rendre la dépouille d’Eli Cohen, cela pourrait être perçu comme une concession symbolique à Israël — un geste à forte charge psychologique et historique.

Pour Israël, la récupération du corps de Cohen ne serait pas seulement un enjeu sentimentalo-historique, mais aussi une victoire morale. Cohen reste une figure mythique du renseignement israélien — un homme capable d’infiltrer les plus hautes sphères syriennes au début des années 1960. En restituant son corps, la Syrie reconnaîtrait implicitement l’importance du sacrifice qu’il a consenti pour son pays. Cela renforcerait également la position d’Israël dans les négociations futures, montrant qu’il est possible de faire aboutir des demandes longtemps jugées irréalistes.

Néanmoins, la prudence demeure de mise. Jusqu’à présent, les annonces ne sont pas vérifiées, les protagonistes restent silencieux ou contradictoires, et la complexité des rapports israélo-syriens — marqués par des décennies de conflit, de méfiance et d’enjeux sécuritaires — rend toute avancée incertaine. Si la Syrie envisage réellement ce geste, cela pourrait ouvrir une nouvelle ère de symboles forts dans les relations entre les deux États.

Si la restitution de la dépouille d’Elie Cohen se réalise, ce sera une victoire non seulement pour sa famille, mais pour toute la mémoire nationale d’Israël. Cela démontrerait que même dans les conflits les plus anciens, la vérité, la dignité et le respect historique peuvent triompher. Israël, en poursuivant cette demande, ne réclame pas seulement un corps, mais affirme un principe fondamental : celui de ramener à la maison ceux qui l’ont servi, et de garder vivante la mémoire d’un héros.

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