Le chant « De la rivière à la mer » n’est pas antisémite, déclare le maire de Londres
La capitale britannique est de nouveau le théâtre d’un vif débat après les propos du maire de Londres, Sadiq Khan, sur le slogan « de la rivière à la mer ». Interrogé lors d’une séance de questions au maire, M. Khan a déclaré qu’il ne considérait pas, de manière automatique, que ce cri était antisémite et qu’« il faut regarder le contexte ». Cette nuance, loin d’apaiser, a attisé l’indignation de responsables politiques et d’une partie de l’opinion publique. (LBC)
Pour ses partisans, l’expression renvoie à la revendication d’un État palestinien et à la lutte pour la liberté et la dignité d’un peuple. Dans ce sens, elle serait, selon eux, un cri politique — certes fort — mais pas nécessairement un appel à la haine des Juifs en tant que peuple. D’autres répondent que, employé dans certaines manifestations et assorti de slogans violents, le même propos revêt des connotations nettement hostiles envers l’existence même de l’État d’Israël, et donc de nature antisémite. (londonlovesbusiness.com)
La controverse intervient après une série de rassemblements pro-palestiniens à Londres marqués par des slogans jugés « inacceptables » par des associations juives et certains élus. Ces rassemblements et les cantonnements de police qui les entourent ont mis en lumière les tensions qui persistent dans la société britannique, entre liberté d’expression, sécurité publique et protection contre l’incitation à la haine. Les récents débats parlementaires et décisions policières sur l’encadrement des manifestations montrent que le sujet est politiquement et socialement sensible. (The Guardian)
Les réactions politiques ont été vives et unanimes chez certains adversaires de M. Khan : des figures du parti conservateur et de la droite dénoncent une minimisation de la menace antisémitique et estiment que toute relativisation d’un slogan interprété comme appel à la disparition d’un État juif fragilise la communauté juive locale. Ces critiques soulignent que, dans le contexte européen actuel — où les mémoires et blessures sont encore vives — les responsables publics ont une obligation particulière de clarté et de fermeté contre toute expression pouvant légitimer la violence. (Telegraph)
Du côté des défenseurs des droits civiques et de la libre expression, on met en garde contre l’étouffement du débat politique : selon eux, imprimer une lecture unique et uniforme à des formules politiques réduit l’espace de contestation démocratique et risque de transformer la police des mots en un outil de censure. Mais cet argument bute sur la réalité vécue par de nombreux juifs britanniques qui se disent menacés par des manifestations où des slogans sont parfois accompagnés de comportements agressifs. (Yahoo Actualités)
En pratique, la question revient à arbitrer entre intention, contexte et effets : un cri proféré lors d’un rassemblement pacifique pour la fin des occupations n’a pas nécessairement la même portée qu’un même cri scandé lors d’une manifestation où se mêlent menaces explicites et incidents violents. Les autorités municipales et nationales sont donc prises entre deux impératifs : protéger la sécurité et la dignité des minorités, tout en préservant l’espace du débat public. (The Standard)
Si le droit de protester est essentiel dans une démocratie, la tolérance ne peut servir d’alibi à des appels qui, dans certains contextes, réclament l’effacement de l’unique État juif. Londres doit affirmer clairement la protection de ses citoyens juifs et condamner sans ambiguïté tout slogan ou comportement qui légitime la négation de l’existence d’Israël ou la violence contre des Juifs. La sécurité et la dignité de la communauté juive, comme de toute minorité, doivent rester une priorité inconditionnelle.
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