Le prix choquant d’une trêve

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Le prix choquant d’une trêve

Dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu négocié entre Israël et le Hamas, une décision diplomatique très controversée est en train de susciter une intense polémique : la libération prévue de Jihad A-Karim Azziz Rom, condamné à la perpétuité pour le lynchage de deux réservistes et le meurtre d’un adolescent à Ramallah. Ce choix, à l’intersection de la politique, de la sécurité et de la morale, illustre l’ampleur des concessions consenties dans un processus de paix extrêmement tendu.

Un passé sanglant : la condamnation de Rom
Au début des années 2000, Rom avait pris part au lynchage de deux soldats réservistes — Vadim Norzitch et Yosef Avrahami — à Ramallah. Dans cette affaire sanglante, après leur arrestation par les forces locales, une foule a pris d’assaut le commissariat, battant les réservistes à mort. Plus tard, en 2001, Rom est également condamné pour l’enlèvement et l’assassinat de Yuri Gushchin, un jeune Israélien de 18 ans, retrouvé entre El-Bireh et Beit El, avec de multiples blessures. Il avait alors 26 ans au moment du lynchage, et pour ces crimes, il avait écopé de la prison à vie, en plus de 20 années supplémentaires pour les deux réservistes.

À première vue, libérer un criminel responsable d’atrocités aussi brutales semble incompatible avec toute politique de justice. Pourtant, Israël envisage désormais cette disposition comme un élément du compromis de paix à Gaza. On évoque également la libération possible de Baher Badr, acteur d’un attentat suicide en 2004, condamné à onze peines à perpétuité.

Un compromis d’exception dans un contexte de paix fragile
Le fait d’inclure des détenus aussi marquants dans les négociations s’explique par la pression diplomatique intense qui a entouré l’accord : médiateurs arabes (Qatar, Égypte, Turquie), et l’appui ou les exigences de certaines parties aux États-Unis. Ce geste représente une concession majeure d’Israël : accepter la remise en liberté de terroristes condamnés pour crimes graves. Toutefois, selon les informations disponibles, l’État hébreu aurait posé des limites strictes : ne pas libérer les meurtriers d’enfants, ne pas accorder de liberté à des prisonniers qui n’ont pas purgé un minimum de dix ans, ni à ceux considérés comme des « symboles du terrorisme ».

Dans cette transaction, Israël échange la libération de Rom contre des garanties tangibles : la remise rapide des otages détenus à Gaza, l’assurance d’un retrait contrôlé sans reprise immédiate des hostilités, et le maintien d’un périmètre de sécurité renforcé. Le compromis, bien qu’effrayant pour beaucoup, repose sur l’idée que le gain stratégique — restauration d’un calme durable, reprise d’otages, relâchement de la pression humanitaire — l’emporte sur le maintien d’une ligne dure dans tous les cas.

Les réactions et les enjeux sécuritaires
La perspective de libérer un terroriste de ce calibre a provoqué indignation et inquiétude parmi de nombreuses voix en Israël, y compris chez les familles de victimes. Pour elles, c’est un affront à la mémoire des morts et à la détresse des proches. Mais le gouvernement, plaçant la sécurité nationale au cœur de sa stratégie, considère que cette libération peut s’inscrire dans un cadre strictement encadré, où la liberté d’action future du Hamas sera limitée par des clauses de contrôle, des mécanismes de vérification et des restrictions opérationnelles.

L’État israélien entend aussi que la libération ne soit pas automatique mais qu’elle dépende du respect d’engagements précis : si le Hamas viole le cessez-le-feu, ou recommence ses attaques, la liberté accordée à ces prisonniers pourrait être révoquée ou contestée diplomatiquement. Par ailleurs, ce compromis n’est pas un abandon de principes, mais un pari calculé selon lequel la stabilité présente justifie de sacrifier une part de la rigueur punitive traditionnelle.

Un geste désagréable, mais pesé dans l’intérêt national
Ce débat montre combien un processus diplomatique peut pousser des gouvernements à accepter des décisions contraires à leurs principes, lorsqu’ils les jugent nécessaires pour obtenir un ordre plus stable. Israël allège ici une condition morale lourde pour obtenir en retour une paix partielle — et surtout une sécurité renforcée — dans un dossier où l’équilibre est fragile.

Au final, cette libération controversée, insupportable pour certains, peut se lire comme un pari pro-Israël : accepter une irrégularité pour sécuriser un cessez-le-feu durable, protéger ses citoyens et reprendre la main sur l’agenda politique et militaire dans une région marquée par le chaos.

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