Trois choses à surveiller pendant le déroulement du cessez-le-feu et de l’accord sur les otages
Rachel O’Donoghue
Le cessez-le-feu négocié par Trump entre Israël et le Hamas devrait entrer en vigueur prochainement. Selon le calendrier annoncé, le Cabinet de sécurité israélien a approuvé cette nuit la libération des prisonniers palestiniens en échange des derniers otages israéliens encore détenus par le Hamas.
Une fois l’accord approuvé, l’armée israélienne entamera son retrait vers un point convenu au préalable dans les 24 heures, retirant les forces restantes de la ville de Gaza tout en conservant le contrôle d’environ la moitié de la bande de Gaza. Une fois le retrait achevé, le Hamas disposera d’un délai strict de 72 heures pour libérer les otages – discrètement et sans les « cérémonies publiques » orchestrées qui ont jusqu’à présent servi de spectacles de propagande.
Les responsables israéliens ont déjà précisé qu’aucun membre de Nukhba impliqué dans le massacre du 7 octobre ne serait libéré, ni les terroristes notoires que le Hamas a réclamés à plusieurs reprises.
C’est l’accord sur le papier. Mais en pratique, une autre bataille se déroulera – sur vos écrans. Car si les échanges précédents nous ont appris quelque chose, c’est que les médias jouent un rôle déterminant dans la façon dont le monde perçoit qui sont les « victimes ».
C’est là que l’éducation aux médias est la plus importante.
Lioniser le détestable
Lors de chaque échange d’otages contre prisonniers, les principaux médias comme CNN et la BBC ont accordé une attention disproportionnée aux prisonniers palestiniens — dont beaucoup étaient des meurtriers condamnés — accueillis « joyeusement » chez eux.
La couverture médiatique était souvent présentée comme des retrouvailles émouvantes plutôt que comme la libération de délinquants violents. Les gros titres associaient des photos de familles souriantes à des descriptions vagues qui donnaient aux deux parties l’impression d’être moralement équivalentes : les Israéliens récupérant des « otages », les Palestiniens récupérant des « détenus ».
C’est ici que la narration sélective fait son travail silencieux.
Lorsque vous voyez l’image d’une femme ou d’une adolescente palestinienne libérée d’une prison israélienne, cherchez ce qui manque. Si son crime n’est pas mentionné – si des mots comme « coup de couteau » , « attentat à la bombe » ou « tentative de meurtre » sont absents – demandez-vous pourquoi.
Cette omission n’est pas fortuite. Il s’agit d’une manipulation narrative : faire apparaître la libération des terroristes comme le retour réconfortant d’innocents.
Légitimation des sans-loi
Attendez-vous à ce que le langage brouille les lignes morales.
Lors d’échanges antérieurs, les médias confondaient régulièrement des termes ayant une portée morale. NBC News a un jour qualifié des prisonniers palestiniens condamnés d’« otages » – une fausse équivalence qui n’a été rapidement corrigée qu’après avoir été signalée par HonestReporting.
Le New York Times a identifié à tort le civil israélien libéré Arbel Yehoud comme un « soldat », et Sky News a fait référence aux otages Emily Damari, Romi Gonen et Doron Steinbrecher de la même manière.
Les mots comptent. Lorsque la presse qualifie les terroristes de « militants », les civils de « soldats » et les ravisseurs de « combattants », elle ne fait pas que brouiller les pistes : elle légitime la barbarie. Pour le lecteur lambda, un « détenu » évoque une personne injustement retenue. Un « otage » évoque l’innocence. Et lorsque les deux sont utilisés de manière interchangeable, la clarté morale disparaît.
Pré-encadrer le prévisible
Que se passera-t-il si le Hamas viole l’accord, comme il l’a déjà fait auparavant ?
Préparez-vous au jeu des reproches.
Lors des précédents cessez-le-feu, lorsque le Hamas tirait des roquettes après l’entrée en vigueur de la trêve ou refusait de libérer des otages, les gros titres trouvaient encore le moyen de critiquer Israël. Des expressions comme « Israël rompt le cessez-le-feu » ou « la trêve s’effondre » apparaissaient avant même que quiconque ne se demande qui avait tiré le premier.
Attendez-vous au même scénario aujourd’hui. Les médias ont leur scénario pré-chargé : Israël sera accusé d’« escalade », tandis que la tromperie du Hamas sera enterrée au septième paragraphe.
Lorsque vous lirez ces gros titres, rappelez-vous que ce schéma n’est pas spontané, mais prédictif. C’est ainsi que la presse protège les lecteurs de la vérité dérangeante : c’est le Hamas, et non Israël, qui est déterminé à torpiller la paix.
Conclusion finale : Rester vigilants et sceptiques
Alors que le cessez-le-feu se met en place, ne vous contentez pas de regarder ce qui est montré ; soyez attentif à ce qui est exclu. Quelles images dominent les unes ? Quels mots sont répétés ? Quelles atrocités sont passées sous silence ?
Car dans cette guerre, la bataille de la perception ne s’arrête pas lorsque les armes se taisent. Elle se déplace simplement là où elle a toujours été : la salle de rédaction.
Et si l’on se fie à la couverture médiatique passée, la prochaine « trêve » sera accompagnée d’une avalanche de gros titres trompeurs.
La meilleure défense n’est pas un autre communiqué de presse. C’est un public informé, capable de reconnaître les préjugés non seulement dans ce qui est écrit, mais aussi dans ce qui n’est pas dit.
Née à Londres, en Angleterre, Rachel O’Donoghue s’est installée en Israël en avril 2021 après avoir travaillé pendant cinq ans pour divers journaux nationaux au Royaume-Uni. Elle a étudié le droit à l’Université de droit de Londres et obtenu un master en journalisme multimédia à l’Université du Kent.
Source: HonestReporting
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