L’Égypte ferme la porte aux Gazaouis malgré une offre colossale
Récemment dévoilée, une proposition occidentale de grande ampleur visant à soulager la crise humanitaire à Gaza a été catégoriquement rejetée par l’Égypte. Le plan envisageait un « package économique colossal » — financements européens accompagnés d’investissements massifs de pays du Golfe — en échange d’un engagement égyptien à accueillir une partie des réfugiés gazaouis. Mais Le Caire a opposé une fin de non-recevoir, arguant qu’une telle démarche serait un « déracinement » inacceptable de la population palestinienne.
Une offre audacieuse, une réponse ferme
Selon des sources diplomatiques, la proposition incluait des subventions européennes de montants très élevés, complétées par une promesse américaine de mobilisation de capitaux du Golfe. L’idée était qu’une relocalisation partielle soulagerait la pression sur Gaza tout en ouvrant la voie à un démantèlement des infrastructures terroristes. Mais les autorités égyptiennes ont décliné l’offre avec fermeté. Le gouvernement du président Abdel Fattah al-Sissi a déclaré que l’expulsion ou le déplacement des Palestiniens contre leur gré constituait une injustice à laquelle l’Égypte ne participerait pas.
Lors d’une rencontre en marge de l’Assemblée générale de l’ONU, le ministre égyptien des Affaires étrangères a confirmé que le pays continuerait de travailler avec d’autres nations d’Afrique et d’Asie pour faire capoter toute initiative visant à encourager une émigration forcée de Palestiniens. Il a aussi salué la reconnaissance progressive d’un État palestinien par plusieurs pays européens, en espérant une extension de cette démarche diplomatique.
Contextes stratégiques et enjeux régionaux
Cette opposition ferme de l’Égypte s’inscrit dans un contexte de tensions géopolitiques aigües. Elle rappelle un scénario souvent évoqué appelé « vision du Sinaï » : l’idée de relocaliser une partie des Gazaouis dans la péninsule du Sinaï — une option que Le Caire rejette en bloc. Des rapports indiquent que cette proposition avait déjà été soumise à l’étude à Israël, mais l’Égypte s’y est opposée, invoquant des inquiétudes liées à la souveraineté, à la sécurité et au caractère permanent d’un tel transfert.
L’Égypte a par ailleurs insisté sur le fait qu’elle souhaite reconstruire Gaza sans déplacer ses habitants. Le président Sissi a appelé la communauté internationale à soutenir un plan de reconstruction qui permettrait aux Palestiniens de rester sur leur terre. L’Égypte a par ailleurs annoncé son intention d’organiser une conférence internationale dès qu’un cessez-le-feu sera proclamé, afin de mobiliser des financements pour la reconstruction de la Bande de Gaza, sous contrôle local.
Réactions diplomatiques et fractures internationales
La proposition occidentale avait été présentée comme une mesure temporaire, justifiée par la « nécessité de sauver des vies ». Mais pour Le Caire, les garanties avancées ne suffisaient pas à dissiper les craintes d’une expulsion de fait. Les autorités égyptiennes estiment que toute forme de relogement imposé remettrait en cause la continuité de la cause palestinienne et pourrait être perçu comme un renoncement à leurs droits territoriaux.
Du côté arabe, la réaction a été largement favorable à la position égyptienne. Plusieurs États de la région — ainsi que la Ligue arabe — ont exprimé leur soutien à l’idée que les Palestiniens ne doivent pas être déracinés pour résoudre une crise qui leur est imposée. Certains chefs d’État ont dénoncé des plans de déplacement forcé comme une « nouvelle Nakba » (catastrophe) pour le peuple palestinien.
Scénarios possibles et défis à venir
Si l’Égypte maintient son refus, elle préserve son rôle de gardienne de la frontière gazouienne, notamment à travers le passage de Rafah, point de liaison clé entre Gaza et l’Égypte. Ce rôle impose un équilibre délicat entre ouverture humanitaire et protection de ses propres intérêts de sécurité.
Mais le statu quo comporte aussi ses risques : en refusant d’accueillir des civils en détresse, l’Égypte mise sur le fait que la responsabilité du sort de Gaza reste du ressort d’Israël et des acteurs internationaux. Ce pari pourrait s’avérer coûteux si la situation s’aggrave, notamment du point de vue de l’opinion publique régionale. Par ailleurs, si le plan de reconstruction égyptien se concrétise, il devra relever le défi énorme d’assurer des financements durables, d’éviter l’influence de groupes militants, et de respecter la souveraineté palestinienne.
Finalement, l’Égypte active une ligne stratégique consistant à rejeter l’idée d’un transfert de population comme condition de gestion de la crise, tout en proposant un rôle plus central dans la refondation de Gaza. Le temps dira si cette stratégie pourra résister aux pressions diplomatiques et aux urgences humanitaires.
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