La Slovénie bannit Netanyahou : une première européenne

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L’avocate Natasa Pirc Musar présidente de la Slovénie

La Slovénie bannit Netanyahou : une première européenne

La Slovénie a annoncé jeudi qu’elle interdisait l’entrée sur son sol au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, le déclarant persona non grata. Cette décision fait de la Slovénie le premier pays de l’Union européenne à prendre une telle mesure à l’encontre d’un chef de gouvernement israélien.

Une escalade dans les sanctions diplomatiques
Il ne s’agit pas d’un geste isolé : il y a environ deux mois, la Slovénie avait déjà pris des mesures similaires contre deux ministres israéliens, Bezalel Smotrich et Itamar Ben-Gvir. Le pays avait aussi instauré un embargo sur les armes à destination d’Israël et interdit l’importation de produits provenant de la Judée-Samarie. Par ailleurs, début 2024, Ljubljana s’était associé à une procédure contre Israël devant la Cour internationale de Justice pour ses actions à Gaza et dans les territoires occupés.

Selon les autorités slovènes, la décision à l’égard de Netanyahou s’inscrit dans le respect de l’État de droit et du droit international, notamment dans le contexte d’accusations portées contre lui par la Cour internationale — notamment des mandats d’arrêt pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. L’interdiction sert de message politique : la Slovénie exige que la légalité internationale soit respectée.

Contexte européen et reconversions diplomatiques
Cette mesure intervient au moment où un mouvement diplomatique pro-palestinien gagne du terrain en Europe. Plusieurs pays — notamment le Royaume-Uni, le Canada et l’Australie — ont récemment reconnu officiellement l’État palestinien. D’autres, comme la France, le Luxembourg ou le Portugal, ont suivi ou envisagent de suivre ce chemin. À l’ONU, le président français a affirmé que reconnaître la Palestine constitue « une défaite pour le Hamas » et que son pays ouvrirait une ambassade dans l’État palestinien dès que les otages seraient libérés.

Dans ce contexte, la Slovénie se pose en avant-garde : non seulement elle use de sanctions diplomatiques directes, mais elle agit aussi sur le plan militaire en interdisant le transit et le commerce d’armes avec Israël, une première dans l’UE. Son action critique la lenteur au niveau européen pour prendre des mesures unifiées.

Impacts possibles et réactions attendues
L’interdiction d’entrée n’a pas d’effet direct sur la gouvernance israélienne, mais elle porte une forte charge symbolique. Le message est clair : un dirigeant inculpé par une juridiction internationale ne peut circuler librement dans certains États signataires du droit international. En sens inverse, Israël pourrait réagir diplomatiquement, à travers des protestations formelles, voire des mesures de rétorsion vis-à-vis de la Slovénie.

Par ailleurs, la cohésion de l’Union européenne pourrait être testée. Si certains pays hésitent à franchir cette ligne, d’autres pourraient s’inspirer de Ljubljana. Le débat sur les sanctions individuelles, l’embargo et la reconnaissance des États est déjà vif au sein des instutions européennes. La Slovénie pourrait ouvrir une brèche — ou isoler sa position si elle reste seule.

Défis et enjeux à venir
La mise en œuvre effective de cette interdiction soulève des questions techniques : contrôler les déplacements, bloquer les visas, assurer le respect de la mesure sans provoquer d’incident diplomatique. De plus, l’interdiction ne touche pas (du moins directement) les citoyens israéliens ni les relations entre populations, mais cible uniquement un dirigeant.

Sur le plan moral et judiciaire, le geste slovène résonne dans l’idée que les responsables doivent répondre de leurs actes, même s’ils sont en exercice. Mais il pourrait aussi être critiqué : est-ce à un État membre de l’UE d’imposer seul, unilatéralement, de telles restrictions ? Certains y verront un risque de fragmentation de l’unité européenne sur les questions de politique étrangère.

En bref, la Slovénie a franchi un cap : imposer une limite à la mobilité diplomatique d’un dirigeant accusé à l’international. Il reste à voir si d’autres États suivront — ou si l’UE privilégiera une voie plus consensuelle.

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