Mais les résultats déçoivent et ne sont pas à la hauteur des espérances. L’économie tourne au ralenti, bloquée dans un entre-deux, et stagne autour de 1% de croissance. Contrairement aux prévisions catastrophistes, le pays ne s’est pas effondré depuis le jour où il s’est coupé du grand marché européen, mais il se traîne. La hiérarchie des croissances montre une économie britannique en retrait par rapport à la zone euro et à l’UE à 27, une situation inverse à celle des cinq années précédant le vote, où elle dominait alors le classement.
Un marché du travail fragilisé
Cette faiblesse chronique a fini par faire plier le marché du travail : près de 20 000 emplois salariés disparaissant en moyenne chaque mois depuis janvier dernier, et le taux de chômage augmente. Hormis la parenthèse de la crise sanitaire, cette dégradation est inédite depuis la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Les ménages ont pleinement intégré la situation. Les enquêtes révèlent un pessimisme marqué quant à l’état de santé générale de l’économie, sans réel espoir d’amélioration à court terme.
L’inflation et le pouvoir d’achat sous pression.
À leurs inquiétudes sur l’emploi s’ajoutent deux autres préoccupations majeures. L’inflation d’abord : elle est tenace et, après être brièvement passée sous les 2% à l’automne 2024, elle flirte à nouveau avec 4% et a croisé la courbe des salaires. Le pouvoir d’achat est pris en étau. C’est aussi une épine dans le pied de la Banque d’Angleterre, qui doit arbitrer entre nouvelle accélération des prix à la consommation et activité poussive. Second sujet sensible : les finances publiques. Proche de 6%, le déficit public est à la dérive et le gouvernement étudie toutes les pistes pour le réduire. Inévitable, la consolidation budgétaire passera par des coupes dans les dépenses et une hausse de la pression fiscale, de quoi inquiéter les contribuables. De son côté, le taux d’endettement avoisine 100% du PIB. Cela inquiète les marchés.
La dette et la livre sterling en danger.
Le coût de la dette bat des records : le taux des obligations d’État à 30 ans se rapproche de 6%, soit le niveau le plus élevé des grandes économies européennes, au plus haut depuis 1998. À cela s’ajoutent les conséquences de la dépréciation de la livre sterling face à l’euro. Et, bien évidemment, se greffe le contrecoup des mesures prises par Donald Trump. Le Royaume-Uni déploie le tapis rouge au président américain, mais il n’en demeure pas moins qu’à 10% les nouveaux droits de douane frappent durement : sur les dix dernières années, le marché américain, premier débouché du « made in England », a absorbé entre 13 et 14% des exportations britanniques.
Une perte de position historique.
Il ne faut donc pas s’étonner que le climat des affaires soit dégradé notamment dans l’industrie, où les chefs d’entreprise sont en première ligne des difficultés, mais les services souffrent aussi. L’économie britannique a perdu un atout majeur le jour où elle a rompu avec ses partenaires. Un pied dedans, un pied dehors, sa position particulière lui offrait un rôle spécifique de tête de pont vers l’UE à l’égard du reste du monde, dont elle avait retiré de considérables avantages. C’est terminé et ce n’est pas encore digéré. L’économie en souffre et peine à se remettre en ordre de marche. Ce n’est pas sans lien avec la montée de la colère des Britanniques.
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