Référendum sur l’immigration : celui qu’on ne doit plus refuser aux Français
Engluée dans une crise politique depuis 2022, qui s’est accentuée avec la dissolution de l’Assemblée en 2024, la France est en proie à un chaos institutionnel. La seule carte qui reste dans la poche du président n’est autre que l’arme nucléaire du référendum. Avec la pétition lancée par Philippe de Villiers, un sujet semble tout trouvé.
Si vous deviez choisir un seul thème sur lequel être consultés — celui qui vous inquiète ou qui vous tient le plus à cœur — lequel serait-ce ? Philippe de Villiers, lui, ne tergiverse pas. Pour lui, il n’existe qu’une question centrale, celle qui conditionne toutes les autres. Et il a décidé de frapper fort : une pétition pour un référendum sur l’immigration.
Son objectif est clair, sans détour : imposer ce qu’il appelle un sujet « vital » au cœur du débat politique, et obliger à agir sur Emmanuel Macron, un thème sur lequel jamais le peuple n’a été directement consulté.
Soyons honnêtes : voilà plus de quarante ans que le dossier brûle les doigts de tous les gouvernements. Trente lois depuis 1980, toujours les mêmes promesses : « humanité et fermeté », « nous allons reprendre le contrôle ». Et toujours le même résultat : un sentiment d’impuissance, une inquiétude qui grandit, une fracture politique qui se creuse. Les sondages sont sans appel : sept Français sur dix souhaitent un référendum. Mais, à chaque fois, la réponse est la même : « trop complexe », « pas constitutionnel », « dangereux pour la cohésion ». Comme si les citoyens étaient trop fragiles pour décider eux-mêmes de leur avenir.
Voilà le scandale : on a tout essayé, sauf la seule chose qui compte vraiment en démocratie. Demander l’avis du peuple.
Disons-le franchement : pendant quarante ans, le sujet a été tabou. Et maintenant que les Français réclament de plus en plus un référendum, on leur sert toujours la même rengaine : « impossible ». Comme si l’article 11 de la Constitution était gravé dans le marbre des tables de la loi. C’est faux. Il permet des référendums sur l’organisation des pouvoirs publics, sur les réformes économiques ou sociales, ou encore sur la ratification d’un traité.
Le référendum est l’arme absolue.
Où est-il écrit que l’immigration — qui touche à la fois l’économie, la société et la cohésion nationale — en serait exclue ? Nulle part. Ce n’est pas une impossibilité juridique, c’est une absence de volonté politique. Car le référendum est l’arme absolue. Quand on le convoque, les masques tombent. Une question claire, une réponse nette, un peuple qui tranche. Voilà ce qui effraie tant de responsables.
Alors, pour éviter d’affronter ce verdict, on se cache derrière le Conseil constitutionnel, comme hier derrière Bruxelles. Et justement, Bruxelles : autre excuse toute trouvée.
« À quoi bon, c’est Schengen qui décide ? » Encore un faux prétexte. Schengen n’est pas une fatalité, c’est un traité. La France peut le renégocier, le suspendre, voire s’en retirer.
Ceux qui invoquent Schengen comme un mur infranchissable oublient qu’un traité est toujours réversible. Au fond, le « verrou » n’est qu’un alibi. Quand on veut, on peut. Quand on ne veut pas, on dit « on ne peut pas ».
Pour parer à ces blocages juridiques et constitutionnels, on peut proposer une formulation adaptée. Par exemple : « Soutenez-vous que le gouvernement instaure des quotas d’immigration, contrôlés par le Parlement chaque année, et correspondant aux critères économiques du pays ? » Si l’on met de côté les a priori idéologiques, ce référendum n’a rien d’une hérésie. Il ne s’agit ni de populisme ni de racisme. Encore faut-il avoir la volonté politique de le mettre en œuvre.
Yohan Souffir JDD
Jforum.fr
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