Israël s’ouvre à Uber et les tensions montent
La ministre israélienne des Transports, Miri Regev, a récemment approuvé l’entrée d’Uber en Israël dans des conditions qui suscitent de fortes polémiques. Selon ses décisions, tout propriétaire de voiture privée pourrait désormais transporter des passagers rémunérés, sans processus public transparent ni consultation formelle des experts réglementaires du ministère. Ce tournant semble remettre en cause le système de taxis agréés du pays, jugé strict depuis des années.
Jusqu’à présent, la législation imposait que seuls les chauffeurs titulaires d’un permis spécial et d’une plaque verte (numéro de taxi) soient autorisés à transporter des passagers et à appliquer des tarifs réglementés. Ces chauffeurs investissent beaucoup pour répondre aux exigences : formation, assurance, permis, équipements. En outre, les primes d’assurance pour taxis agréés sont quatre fois plus élevées que pour les véhicules privés — un coût important supporté par les professionnels du secteur.
Regev justifie sa décision comme une mesure d’allègement du coût de la vie, arguant que l’arrivée d’Uber créerait de la concurrence, ferait baisser les prix des courses et offrirait davantage d’options pour les passagers. Cependant, des représentants du monde du taxi dénoncent cette réforme comme politiquement motivée, visant à séduire certains électorats, notamment dans la communauté ultra-orthodoxe, où de nombreux conducteurs opèrent déjà en marge de la loi, sans permis adéquat, sans assurance, sans déclaration de revenus.
Les opposants soulignent que cette ouverture d’Uber pourrait légaliser une pratique informelle massive — estimée à des dizaines de milliers de conducteurs privés non agréés — sans indemnité prévue pour les chauffeurs de taxi ayant investi lourdement pour respecter les normes réglementaires. Ils demandent des compensations, l’ajustement des lois existantes, et une égalité de traitement entre tous les conducteurs.
Dans ce cadre, Uber lui-même a réagi : l’entreprise a déclaré qu’elle n’est pas engagée dans des discussions légales récentes sur une réforme réglementaire et qu’elle ne prévoit pas de lancement officiel immédiat en Israël. Regev, de son côté, maintient que la préparation est en cours, avec un objectif de mise en œuvre partielle possible au premier trimestre 2026.
Une autre dimension de cette réforme concerne l’impact sur les transports publics : des études internationales pointent que la multiplication des services de type Uber peut accroître la congestion, détourner des utilisateurs des réseaux de bus et train, et compliquer les politiques urbaines de mobilité durable.
Par ailleurs, la réforme survient dans un contexte électoral tendu : des voix affirment que le gouvernement cherche à montrer des résultats économiques concrets pour l’électorat, notamment en abaissant les coûts liés aux transports. Certains ministres ultra-orthodoxes auraient exercé des pressions pour reconnaître officiellement les chauffeurs privés non agréés, afin de légitimer leur activité et de répondre à des attentes communautaires.
L’absence de loi adoptée, l’absence d’écrit officiel pour le règlement d’application, ainsi que le manque de garanties pour les chauffeurs agréés alimentent les inquiétudes : quelles seront les conditions de sécurité, d’assurance, de responsabilité en cas d’accident ? Comment seront contrôlées la formation & la réglementation des nouveaux chauffeurs ? Comment préserver la qualité du service pour les consommateurs ?
L’industrie du taxi, elle, reste mobilisée. Le président de l’Association des chauffeurs de taxi avertit que cette décision pourrait donner lieu à des recours en justice massifs, réclamer des dédommagements, et s’insurger contre ce qui est perçu comme une injustice réglementaire et économique. D’autres soutiennent que la réforme, si elle est bien encadrée, pourrait moderniser le secteur, mais à condition d’équité, de transparence, et d’intégrité dans l’application.
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