Une étude conjointe de l’Université de Tel-Aviv et du CNRS.

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Une étude menée par le Prof. Israel Hershkovitz de la Faculté de médecine de l’Université de Tel Aviv en partenariat avec la paléoanthropologue Anne Dambricourt-Malassé du CNRS révèle les premières les traces de métissage entre Néandertaliens et Homo sapiens dans le crâne d’un enfant de cinq ans remontant à environ 140 000 ans, découvert dans la grotte de Skhul sur le Mont Carmel il y a près de 90 ans. Le fossile, le plus ancien au monde présentant des caractéristiques morphologiques des deux groupes, constitue la première preuve scientifique des liens biologiques et sociaux entre ces deux espèces humaines, considérées jusqu’à récemment comme distinctes, et même de leur croisement pour la première fois en Israël.

Les résultats de cette découverte historique ont été publiés dans la revue scientifique L’Anthropologie de juillet-août 2025.

L’enfant de la grotte de Skhul

« Les études génétiques menées au cours de la dernière décennie ont montré  que ces deux groupes ont échangé des gènes », explique le Prof. Hershkovitz. « Aujourd’hui encore, 40 000 ans après la disparition des derniers Néandertaliens, une partie de notre génome, soit 2 à 6 %, est d’origine néandertalienne. Mais on situait ces échanges génétiques à une période bien plus tardive : 40 000 à 60 000 ans avant notre ère. Ici, il s’agit d’un fossile humain vieux de 140 000 ans. Notre étude démontre que le crâne de l’enfant, dont la forme générale ressemble à celle d’Homo sapiens, notamment par la courbure de la boîte crânienne, présente en revanche un système d’irrigation sanguine intracrânienne, une mâchoire inférieure et une structure de l’oreille interne caractéristiques des Néandertaliens ».

Le crâne de Skhul 580

Pendant des années, les Néandertaliens ont été considérés comme un groupe humain qui s’est développé en Europe, et dont certains individus ont migré vers la Terre d’Israël il y a environ 70 000 ans, en raison de la progression des glaciers. Cependant, dans une étude innovante publiée en 2021 dans la prestigieuse revue Science, le Prof. Hershkovitz et ses collègues avaient pu montrer que les Néandertaliens vivaient déjà en Israël il y a 400 000 ans, et y avaient rencontré des groupes d’Homo sapiens, qui ont commencé à quitter l’Afrique il y a environ 200 000 ans, formant ainsi un nouveau type humain, surnommé par le Prof. Hershkowitz « l’Homme de Nesher Ramla» (du nom du site archéologique où il a été découvert, à côté de l’usine de Nesher Ramla). Selon les résultats de la présente étude, ces deux groupes humains se sont bien croisés entre eux. Le crâne du garçon (ou de la fille) de la grotte de Skhul est la plus ancienne preuve fossile au monde des liens sociaux et biologiques qui se sont forgés entre ces deux populations pendant des milliers d’années. Les Néandertaliens locaux ont fini par disparaitre, absorbés par la population d’Homo sapiens, tout comme ce fut le cas plus tard pour les Néandertaliens d’Europe.

Une infiltration génétique continue

Les chercheurs sont parvenus à cette conclusion grâce à une série de tests approfondis effectués sur le fossile. Ils ont d’abord scanné le crâne et la mâchoire par micro-scanner (à l’Institut d’anthropologie de l’Université de Tel-Aviv), puis ont constitué un modèle 3D précis. Cela leur a permis de réaliser une analyse morphologique complexe des structures anatomiques du crâne de l’enfant (y compris celles qui ne sont pas visibles, comme celles de l’oreille interne) et de les comparer à celles de différentes populations d’hominidés. Afin d’étudier la structure des vaisseaux sanguins qui entourent le cerveau, ils ont même créé un modèle 3D précis du visage.

Machoire inférieure du crâne de Skhul 580

« Le fossile que nous avons découvert est la plus ancienne preuve physique connue d’un métissage entre Néandertaliens et Homo sapiens », explique le Prof. Hershkowitz. « En 1998, le squelette d’un enfant présentant des caractéristiques de ces deux groupes humains, surnommé « l’Enfant de la vallée de Lapedo », a été découvert au Portugal. Mais ce squelette remonte à 28 000 ans avant notre ère, soit postérieur de plus de 100 000 ans à celui de l’enfant de Skhul. Traditionnellement, les anthropologues associent les fossiles découverts dans la grotte de Skhul, de même que ceux de la grotte de Qafzeh, près de Nazareth, à un ancien groupe d’Homo sapiens. L’étude actuelle révèle qu’au moins certains des fossiles découverts dans la grotte de Skhul sont le résultat d’une infiltration génétique continue de la population néandertalienne locale, ancienne, vers la population des Homo sapiens ».

israel heshkoviz 2025

Photos :

1. Reconstitution d’une famille mixte Néanderthal-Homo sapiens au moyen de l’intelligence artificielle

2. Le crâne de l’enfant de la grotte de skhul typique de l’Homo sapiens

3. La mâchoire inférieure typique des Néanderthaliens

4. Le Prof. Israël Hershkovitz

(Crédit : Université de Tel-Aviv)

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