L’Espagne, matrice de l’exil juif, de Hadrien à Vueling

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Deux mille ans séparent l’empereur romain Hadrien (notre illustration) et le ministre espagnol des Transports Óscar Puente. Et pourtant, entre leurs actes, une étrange résonance demeure.

Au IIe siècle, Hadrien, né en Hispania — l’actuelle Espagne — réprima la dernière grande révolte juive en Judée, celle de Bar Kokhba. Il rasa Jérusalem, la rebaptisa Aelia Capitolina, interdit l’accès du Mont du Temple aux Juifs, et dispersa les survivants à travers l’Empire. Il ne se contenta pas de vaincre une insurrection : il brisa la souveraineté juive sur sa terre ancestrale. C’est là que naît la grande dispersion.

Quinze siècles plus tard, en 1492, les Rois Catholiques d’Espagne, Isabelle de Castille et Ferdinand d’Aragon, promulguèrent l’édit d’expulsion des Juifs de leur royaume. Une population brillante, enracinée, fidèle à sa patrie séfarade, fut contrainte à l’exil, à la conversion ou à la clandestinité. Ceux qui refusaient de renier leur foi étaient livrés à l’Inquisition.

Deux figures, deux moments. Une constante : l’Espagne, au cœur des deux grandes dispersions du peuple juif.

Et voici qu’en 2025, un ministre espagnol — Óscar Puente — désigne publiquement des adolescents juifs français comme des « morveux israéliens », les renvoyant à une nationalité qu’ils n’ont pas, les excluant symboliquement du corps social, les désignant implicitement comme indésirables.

Cette déclaration, d’une vulgarité inacceptable, réactive le vieux réflexe de désignation du Juif comme corps étranger, comme intrus, comme perturbateur par essence.

Cela ne peut être un hasard. Ce n’est pas un simple dérapage. C’est une répétition historique.

Quand un responsable politique espagnol stigmatise des enfants juifs, on ne peut s’empêcher de voir remonter à la surface l’ombre de 1492, l’arrogance inquisitoriale, le fantasme d’une société sans Juifs, pure, uniforme, judenrein.

Et lorsqu’il ignore leur citoyenneté française, leur statut de mineurs, leur innocence dans l’affaire, pour les assimiler à un conflit étranger qu’ils n’incarnent pas, il agit en héritier inconscient d’Hadrien.

L’Espagne a-t-elle vraiment tiré les leçons de son histoire ? Ou certains de ses responsables rejouent-ils, à mots couverts, une histoire non digérée, celle de l’effacement du Juif ?

Il est temps de s’interroger.

Il est temps que l’Espagne regarde enfin en face ce double rôle qu’elle a joué dans l’effacement puis l’exil du peuple juif.

Et il est grand temps que ses dirigeants fassent autre chose que banaliser le mépris, surtout quand il vise des enfants.

L’histoire a de la mémoire. Nous aussi.

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