Les Français aiment se fracturer pour des débats de la plus haute importance comme celui entre pain au chocolat et chocolatine ou entre pochon, sachet ou sac en plastique. Dans l’Ouest, une guerre divise aussi les Bretons pour savoir si l’on doit dire crêpe ou galette quand on commande une complète œuf jambon fromage. Sachez que si vous dites galette dans le Finistère, il y a fort à parier que le serveur vous jette son regard le plus méprisant et vous fasse payer une note plus salée pour avoir osé employer ce « gros mot ». Et ne mange-t-on pas d’ailleurs sa complète dans une crêperie ?
À Rennes en revanche, on tient dur comme fer à sa galette que l’on avale sur le pouce avec sa saucisse. Cette différence d’appellation s’explique en fait par la frontière linguistique qui traverse la région. En Haute-Bretagne, à l’est d’une ligne allant grossièrement de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor) à Vannes (Morbihan), la langue traditionnelle est ainsi le gallo. Et sur ces terres, on parle de galette lorsqu’on utilise de la farine de sarrasin et de crêpe pour sa cousine sucrée à base de farine de froment. En Basse-Bretagne par contre où l’on parle le breton, le terme de galette est proscrit et on parle soit de crêpe salée ou sucrée.
Établir une carte officielle du qui dit quoi et où
« C’est un débat sans fin », assure Gwenvaël Balnois. Avec son collègue humoriste Simon Cojean, cet instagrameur breton s’est donné pour mission de trancher cette question gourmande mais hautement inflammable. Sur ce point, les deux compères ne sont d’ailleurs pas d’accord. « Lui dit galette et moi crêpe et chacun défend son morceau », s’amuse ce créateur de contenus sur la langue et la culture bretonne.
Pour savoir qui dit vrai, ils ont mis en ligne il y a un peu plus d’une semaine une enquête s’adressant aux près de cinq millions d’habitants que compte la Bretagne historique. Avec deux questions simples : « D’où venez-vous ? » et « Comment appelez-vous une complète ? ». Les réponses ont alors afflué en provenance de plusieurs centaines de communes bretonnes et le flot de réponses se poursuit, preuve que le sujet passionne les foules.
« L’idée n’est finalement pas de savoir qui a raison ou quelle est la bonne recette mais d’établir la carte la plus fidèle qui soit sur qui dit quoi et où », souligne Gwenvaël Balnois. Au-delà de l’humour, le projet entend aussi « mettre en lumière la richesse linguistique, culturelle et identitaire de la Bretagne », indique ce Finistérien, qui continuera mordicus de dire crêpe et non galette. Et vous ?
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