Sous le feu : une tour élevée ciblée à Gaza, des foules en fuite
Une intervention militaire israélienne a détruit samedi matin à Gaza une tour de grande hauteur, affirmant que le Hamas y avait aménagé une infrastructure militaire essentielle aux attaques contre les troupes de Tsahal. Cette opération s’inscrit dans un contexte d’exode massif : selon l’armée israélienne, plus de 280 000 Gazaouis ont déjà quitté la ville pour se diriger vers le sud, après avoir reçu l’ordre évacuation via le porte-parole en arabe de l’armée, Avichay Adraee.
L’immeuble visé – la « tour terroriste Burj al-Noor » selon les autorités israéliennes – aurait servi de centre de commandement, de surveillance et de plateforme offensive pour le Hamas. Le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, a diffusé une vidéo de la frappe, soulignant « l’ouragan qui continue de frapper Gaza », et réaffirmé la volonté de démanteler les infrastructures terroristes afin de permettre une avancée des forces au sol jusqu’à la défaite complète du Hamas et la libération de tous les otages.
Quelques jours plus tôt, l’armée avait lancé ce qu’elle a qualifié d’ordre d’évacuation le plus vaste jamais délivré dans la ville de Gaza : les habitants ont été invités à se rendre vers le sud, dans une zone dite « humanitaire ». Précédemment, les directives avaient été plus ciblées ou formulées de manière moins urgente, évoquant des risques d’escalade plutôt qu’une offensive à grande échelle.
Depuis début septembre, les frappes israéliennes se sont multipliées contre les tours de la ville de Gaza. Trois immeubles ont déjà été détruits après que l’armée a averti les résidents de s’en éloigner, affirmant que le Hamas y installait des postes de surveillance pour observer les mouvements des forces israéliennes et préparer des embuscades. Parallèlement à cette justification tactique, il apparaît que les destructions de bâtiments visent également à accélérer le flux d’évacuation des civils vers le sud.
Les estimations de départ varient selon les sources. L’armée israélienne parle de 280 000 personnes ayant fui la ville, tandis que des responsables de la défense civile palestinienne évoquent un chiffre beaucoup plus faible – autour de 68 000 déplacés réellement. Beaucoup de civils restent dans Gaza, rapporte Reuters, faute de lieux jugés réellement sûrs pour se replier.
Les frappes sur des immeubles élevés ne sont pas sans précédent ces dernières semaines. Des tours comme la Sussi Tower et la Mushtaha Tower, dans des quartiers autrefois résidentiels, ont été visées. Les forces israéliennes invoquent des renseignements selon lesquels ces bâtiments abritaient des tunnels ou des postes de commandement destinés à coordonner les activités armées du Hamas. Dans certains cas, des vidéos montrent les immeubles s’effondrer en quelques secondes après un missile ou une bombe guidée.
Ce calibrage des frappes fait partie d’une stratégie plus large d’Israël : pousser les populations civiles à évacuer en masse, vider Gaza City de ses habitants, tout en éliminant les capacités militaires du Hamas. Mais ce mouvement provoque une crise humanitaire croissante. Selon l’ONU et les organisations humanitaires, les zones vers lesquelles les civils sont dirigés ne sont pas réellement adaptées à absorber un afflux aussi important de déplacés. Les infrastructures d’accueil manquent, l’eau, les sanitaires, les soins médicaux et l’espace deviennent rares, et les retours parfois précipités témoignent du sentiment — pour de nombreux Gazaouis — de ne pas trouver de sécurité dans le sud non plus.
Certains déplacés font le choix risqué de retourner vers Gaza City ou ses environs, malgré les alertes et les bombardements continus, parce que les zones de repli sont saturées, peu protégées ou dépourvues des services de base. La guerre, telle qu’elle se déroule aujourd’hui, est aussi une guerre des territoires, des flux de population, et des infrastructures : détruire des immeubles ne sert pas seulement à neutraliser un adversaire, mais à remodeler les déplacements humains, orienter les civils vers des zones de faible résistance, et isoler les combattants.
Dans ce cadre, la destruction d’une tour élevée comme la Burj al-Noor est à la fois un acte de guerre classique contre un bastion adversaire et un levier de pression sur la population civile, par sa menace matérielle et psychologique. L’ampleur de l’exode vers le sud, qu’elle soit de l’ordre de 70 000 ou de près de 300 000 personnes, témoigne de l’intensité de la campagne israélienne — et du dilemme tragique des civils coincés entre ordre d’évacuation et absence de refuge véritablement sûr.
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