Frappes d’Israël au Qatar : « Trump est pris en étau… » Jusqu’où les États-Unis peuvent-ils laisser faire Netanyahou ?

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Avoir des amis, c’est bien. Mais s’ils commencent à se tirer dessus, ça devient gênant… Voilà la position dans laquelle se retrouvent les États-Unis après les frappes israéliennes sur Doha ce mardi. L’État hébreu n’a pas réussi à éliminer les hauts responsables du Hamas qu’il visait mais il a fait six morts, dont un policier qatarien. De quoi tendre encore un peu plus la situation dans cette région du monde et mettre les Américains face à leurs contradictions.

Ménager la chèvre et le chou

Washington n’a pas tardé à taper sur les doigts de son allié israélien. Mal à l’aise, Donald Trump a déploré un « incident regrettable » et a fait part de son mécontentement à Benyamin Netanyahou. La porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, a rappelé que le Qatar était « un allié proche des États-Unis qui travaille dur, avec courage, et qui prend des risques, pour négocier vers la paix ». Les États-Unis entretiennent en effet des relations économiques avec l’Émirat, sans oublier qu’il abrite la plus grande base militaire américaine du Moyen-Orient, hébergeant 8.000 soldats.

Mais Israël reste droit dans ses bottes. « Cette décision était la bonne, assume Danny Danon, ambassadeur du pays à l’ONU. Nous n’agissons pas toujours selon les intérêts des Etats-Unis. » Pour Brahim Oumansour, chercheur associé à l’IRIS spécialiste de la politique étrangère des États-Unis au Moyen-Orient, le nœud du problème réside justement ici : « Les Américains se retrouvent pris au piège. Le soutien à Israël reste indéfectible mais la politique israélienne s’affranchit progressivement de la tutelle américaine sur le plan stratégique et militaire. »

Netanyahou « convaincu qu’il peut frapper là où il veut »

Israël avait déjà ciblé le Liban, la Syrie et l’Iran. En intervenant au Qatar au mépris du droit international, l’Etat hébreu pousse donc le curseur encore plus loin. « Le gouvernement (israélien) avait averti qu’il traquerait les membres du Hamas partout dans la région. Netanyahou avance pas à pas, selon ce qui lui est permis. Malgré les critiques internationales et le risque d’embrasement, les frappes au Liban, en Syrie, en Iran, à Gaza, n’ont pas provoqué de pression américaine », rappelle Brahim Oumansour à 20 Minutes.

Dans ce contexte, « le gouvernement Netanyahou est convaincu qu’il peut frapper là où il veut ». Quitte à s’isoler un peu plus. « Le Qatar et les pays du Golfe ne vont pas surréagir, mais cela pourrait inciter des pays comme les Emirats arabes unis, signataires des accords d’Abraham, à prendre du recul vis-à-vis d’Israël », estime le chercheur. Signés en 2020 avec les Emirats et Bahreïn, ces derniers ont permis une normalisation des relations d’Israël dans une région où cela relève de l’exception.

Amir Ohana, président de la Knesset, a affirmé mardi que l’opération menée au Qatar représentait « un message adressé à tout le Moyen-Orient ». Un avertissement qui valide l’évolution de l’image d’Israël au Proche-Orient. « Tout le récit sur lequel la relation israélo-américaine est fondée – protéger un pays encerclé par des pays hostiles – est en train d’évoluer », souligne Brahim Oumansour.

« Les accords d’Abraham avaient abouti comme une alliance entre Israël et des pays du Golfe afin de contrer la menace iranienne. C’est en train de s’inverser : du point de vue des pays de la région, l’inquiétude bascule maintenant vers la menace israélienne. Cet aventurisme est en train de détériorer de façon considérable l’image d’Israël à travers le monde. »

La pression des midterms

Brahim Oumansour estime qu’Israël « agit de plus en plus en État voyou », un concept fondamental de la politique étrangère… des États-Unis. Cette expression, utilisée pour « qualifier des États menaçants pour les voisins et les intérêts américains », a été employée à l’égard de l’Irak, l’Iran ou encore la Libye. Mais aujourd’hui, « le comportement du gouvernement israélien constitue non seulement une menace pour la région, mais aussi pour les intérêts américains ». Le démocrate Bernie Sanders a ainsi dénoncé un Netanyahou « complètement hors de contrôle » sur X et demandé l’arrêt de l’aide militaire américaine à Israël.

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Donald Trump, lui, se retrouve, « pris en étau face à la détermination de Netanyahou » à poursuivre son offensive. « Pour Israël, la fin justifie les moyens, ils sont capables de tout. La vie des otages devient même secondaire par rapport aux objectifs fixés », affirme le chercheur. Comment appréhender l’avenir de cette relation entre un protecteur historique et un État qui prend de plus en plus de liberté avec le droit international ?

Lâcher Israël relève de l’impossible. « La question israélienne est aussi une question de politique intérieure », explique Brahim Oumansour. « Donald Trump a des liens encore plus forts que son prédécesseur avec l’extrême droite israélienne, cela rend la gestion du conflit un peu plus complexe. L’administration Trump est noyautée par l’extrême droite américaine, très pro israélienne sur les plans idéologique et religieux. » Une base dont il ne faudrait surtout pas se couper en vue des élections de mi-mandat en 2026. Le locataire de la Maison-Blanche s’en tiendra donc à des rappels à l’ordre. À court terme, en tout cas.

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