« On a d’autres moyens de navigation »… Le brouillage GPS subi par Von der Leyen, un danger pour les avions civils ?

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L’avion s’est finalement posé sans difficulté sur le tarmac de l’aéroport de Plovdiv, en Bulgarie. L’atterrissage a pourtant donné des sueurs froides à la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, qui se trouvait dimanche à bord de l’appareil. Le pilote a constaté, lors de la phase d’approche, la disparition du signal GPS. « Afin d’assurer la sécurité du vol, les services de contrôle aérien ont immédiatement proposé une approche alternative pour l’atterrissage à l’aide de moyens de navigation terrestres », a expliqué le gouvernement de ce pays d’Europe de l’Est, situé sur les bords de la mer noire, comme l’Ukraine et la Russie. Une porte-parole de la cheffe de l’exécutif européen, Arianna Podesta, soupçonne d’ailleurs la Russie d’être derrière cet acte.

Pour Gérard Feldzer, président d’Aviation sans frontières, il pourrait s’agir d’une sorte « d’avertissement » envoyé par le pays de Vladimir Poutine. « Il n’y a pas de preuve formelle, mais tout porte à croire que ça vient de ce côté-là. C’est une manière de dire aux Européens qu’ils sont capables de causer un maximum de soucis en visant tous les avions », explique cet ancien pilote de ligne à 20 Minutes. « Ce n’est pas dangereux », précise-t-il. « On ne va pas perdre d’appareils à cause de cela. Les avions vont tourner un moment en attendant le retour des satellites et après, ils vont aller se poser ailleurs. On peut aussi revenir à des techniques presque manuelles. Les grands aéroports sont équipés de radios balises, des grandes antennes qui émettent des signaux et qui permettent de positionner son avion assez précisément. »

Brouillage ou piratage ?

L’incident qui a touché l’avion de Von der Leyen est-il un cas isolé ? « En ce moment, il y a des zones de guerre un peu partout. Vu l’importance de la guerre magnétique et électromagnétique, brouiller les signaux, c’est devenu une priorité. Et les signaux GPS ne font pas exception », indique à 20 Minutes un pilote de ligne, membre d’un syndicat, qui a souhaité rester anonyme. Il se veut lui aussi rassurant quant à un hypothétique impact sur l’aviation civile : « Les avions utilisent comme moyen primaire de navigation le GPS, mais ce n’est qu’un moyen parmi d’autres. S’il disparaît, on a d’autres moyens de navigation, ce n’est pas grave. En aéronautique civile, le principe c’est la redondance, tous les systèmes sont multipliés. Outre les GPS, il y a des systèmes de navigation inertielle, des systèmes de navigation basés sur la radio »,

Le signal GPS des avions peut être « soit brouillé, soit piraté, ce sont deux choses différentes », ajoute ce professionnel de l’aviation. « Le brouillage, c’est enlever le signal pour tout le monde. Le piratage, lui, nécessite une technologie très spécifique, probablement uniquement étatique ou militaire. On va brouiller le signal reçu d’un avion ou d’un système particulier en lui faisant croire qu’il est ailleurs. » Un peu comme dans le film 58 Minutes pour vivre, lorsque des terroristes ayant pris le contrôle d’un aéroport de New York parviennent à leurrer les avions en leur faisant croire qu’ils sont plus hauts qu’ils ne le sont réellement. « Si un avion perd sa position et qu’il est dans les basses couches, il peut percuter une montagne, c’est complètement possible. D’où l’importance d’avoir une surveillance de ces signaux GPS. »

« On peut se passer du GPS comme il y a 15 ans »

Alors que des avions civils « volent tous les jours dans des zones où il y a des brouillages GPS répertoriés », des procédures se sont développées, poursuit le pilote. Car la menace est là pour des années, il détaille : « Dès que le système constate qu’une information commence à dériver ou n’est pas cohérente avec les autres, il alerte le pilote. Il élimine éventuellement l’information considérée comme non fiable et on revient au système primaire. Éventuellement, on peut se passer du GPS comme on le faisait il y a encore 15 ans et on revient à une navigation purement inertielle, c’est on va dire au cap et à la montre. »

Le problème, c’est que la stratégie de l’aviation civile a été tout autre ces dernières années : « On a voulu équiper tous les aéroports d’approches uniquement GPS et supprimer les anciens systèmes de radionavigation qui nécessitent des installations au sol, des installations radio, qui coûtent cher. Mais avec le temps, on s’est rendu compte que ce signal était brouillable », souligne ce membre d’un syndicat de pilote de ligne.

Et donc, si vous êtes à destination d’un aéroport dépendant pour l’approche d’un signal GPS et que ce signal est brouillé ? « Vous devez aller ailleurs. L’avion ne va pas tomber. Vous n’avez juste plus les moyens de faire votre approche. »

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