Israël : les écoles religieuses en tête
Cet automne, une page inédite s’est tournée dans le système éducatif israélien : pour la première fois, plus de 50 % des enfants juifs entrant en première année (CP) ont été scolarisés dans des établissements religieux, qu’ils soient étatiques ou ultra‑orthodoxes, au détriment des écoles publiques laïques. Sur les 180 000 élèves concernés, seuls 66 185 ont rejoint les écoles laïques, contre 29 470 inscrits dans les écoles religieuses-sionistes et 42 751 dans les écoles ultra‑orthodoxes privées ou affiliées à des partis politiques.
Une tendance de fond confirmée
L’évolution n’a rien d’anecdotique : ce renversement des proportions s’inscrit dans une dynamique de plus longue période. Le nombre d’élèves dans les écoles laïques, après un pic d’environ 71 000 au début des années 2000, est en recul depuis 2023, avec une perte supplémentaire de 5 000 élèves cette année.
À l’inverse, les écoles ultra‑orthodoxes ont vu leur effectif quasiment doublé au cours de la dernière décennie – passant de 29 000 à 42 000 élèves – tandis que les écoles religieuses publiques (sionistes) ont connu une augmentation plus modeste, de 23 000 à 29 000.
D’après Bloomberg, la part des élèves de première année dans le système laïque a chuté de 45 % à 37 %, tandis que la proportion d’élèves haredim est passée de 14 % à un niveau bien supérieur.
Causes démographiques et tension sociopolitique
Cette évolution est doublement alimentée : le taux de natalité des familles ultra‑orthodoxes est nettement supérieur, avec un taux de fécondité estimé à 6‑7 enfants par femme, contre environ 2,4 chez les Juifs non‑haredim (Wikipedia). En parallèle, une partie de la population laïque est en déclin, notamment en raison d’un exode accentué par la guerre et les réformes controversées. On estime qu’en 2023, un exode massif s’est dessiné : des dizaines de milliers de laïcs ont quitté le pays, et seuls 24 000 seraient rentrés fin 2024, laissant plus de 82 000 encore à l’étranger. (The Guardian)
Ce déséquilibre s’inscrit dans une tendance alarmante pour certains démographes et économistes : la prépondérance croissante du secteur ultra‑orthodoxe, qui dispense parfois une instruction limitée en mathématiques, sciences ou anglais, risque de fragiliser à terme les capacités technologiques et militaires du pays.
Enjeux éducatifs et politiques
Le constat est partagé : seule une infime part des diplômés haredim possède les connaissances de base pour s’engager dans l’économie moderne ou l’armée. Les taux de participation au service militaire et au marché du travail restent faibles pour ces populations. (Wikipedia)
Malgré ces défis, l’alliance politique entre la droite et les partis ultra‑orthodoxes empêche toute réforme substantielle. Au contraire, le financement alloué aux écoles religieuses, tous courants compris, ne cesse d’augmenter, indépendamment de la qualité des programmes enseignés.
Si la montée en puissance des écoles religieuses et ultra-orthodoxes inquiète certains experts pour des raisons économiques ou militaires, elle peut aussi être perçue comme une opportunité. Ces établissements transmettent en effet les valeurs fondamentales du judaïsme : le respect, la solidarité, la morale et l’art de bien vivre ensemble. Dans une société israélienne souvent traversée par des tensions politiques et sociales, cet héritage spirituel et éducatif pourrait contribuer à recréer du lien et à renforcer la cohésion nationale. Bien plus qu’une statistique, cette évolution reflète aussi la recherche d’un cadre éthique et culturel qui fait parfois défaut dans l’espace public, et qui demeure au cœur de l’identité du pays.
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