Agression ciblée aux Pays-Bas
Repérer des israéliens pour les attaquer
Au Center Parcs De Kempervennen, dans la province de Flevoland, un séjour familial s’est transformé en scène de violence. Jeudi, des touristes israéliens ont été pris pour cible dans ce parc de vacances, une attaque qui a fait deux blessés, hospitalisés à Eindhoven, selon les autorités locales. L’ambassade d’Israël à La Haye suit l’affaire de près tandis que la police néerlandaise a ouvert une enquête pour identifier les auteurs et éclaircir les motivations, notamment leur éventuel mobile politique.
Le contexte immédiat de cette agression est particulièrement préoccupant. Quelques jours auparavant, une vidéo clandestine tournée dans le même parc circulait sur Instagram et d’autres réseaux sociaux. On y voyait des familles israéliennes, dont des enfants, accompagnées de slogans hostiles : « Nous les voyons », « Les sionistes ne sont pas les bienvenus aux Pays-Bas ». Le compte “Students for Justice in Palestine – Amsterdam” a relayé ces images en incitant ses abonnés à signaler la présence de touristes israéliens sur le territoire. Dans ce montage, les auteurs accusaient par ailleurs Israël de crimes à Gaza et dénonçaient le fait que des « sionistes voyagent sans visa dans l’Union européenne alors que des enfants meurent ».
Cette campagne de traque en ligne a suscité une vague de réponses d’internautes, certains transmettant à leur tour des vidéos d’Israéliens séjournant aux Pays-Bas. La frontière entre militantisme numérique et mise en danger réelle de personnes identifiables a, de fait, été franchie. Trois jours après ces publications, l’agression survenue à De Kempervennen a ravivé les craintes d’un lien direct entre incitation sur les réseaux et passage à l’acte.
Face à cette escalade, le CIDI (Centre d’information et de documentation sur Israël aux Pays-Bas) a condamné fermement ces contenus et déposé plainte pour incitation à la haine et à la violence. Du côté de Jérusalem, le ministère israélien des Affaires étrangères dénonce un climat d’insécurité croissant pour ses ressortissants aux Pays-Bas. Dans un communiqué, il appelle le gouvernement néerlandais à retrouver les assaillants, les traduire en justice et à agir avec fermeté pour prévenir d’autres agressions.
Pour l’heure, l’enquête néerlandaise se concentre sur l’identification des auteurs et la caractérisation de leurs motivations. Les autorités disent examiner toutes les pistes, y compris la dimension idéologique. Ce fait divers s’inscrit dans un contexte européen tendu, marqué depuis des mois par une hausse des actes antisémites et par des mobilisations pro-palestiniennes répétées. Si la liberté d’expression, y compris la critique des politiques gouvernementales, est un principe démocratique, l’appel à traquer des particuliers — et plus encore la diffusion d’images d’enfants — franchit une ligne rouge en exposant des familles à des risques physiques immédiats.
L’affaire relance aussi la question de la responsabilité des plateformes. Les outils de modération et les mécanismes d’alerte suffisent-ils lorsque des contenus ciblent des personnes identifiables en raison de leur nationalité ? Les réponses rapides promises par les réseaux sociaux en cas de signalement doivent être évaluées à l’aune d’un critère simple : la prévention de la mise en danger. En parallèle, la coopération entre autorités, associations et hébergeurs demeure essentielle pour endiguer la transformation de la délation en ligne en violence hors ligne.
Au-delà de l’émotion suscitée, l’enjeu est de rétablir la sécurité dans les lieux de vacances et d’affirmer l’État de droit : on ne poursuit pas des familles à travers les réseaux, on ne stigmatise pas des touristes pour ce qu’ils sont, et on ne remplace pas la justice par la vindicta numérique. La riposte attendue est judiciaire et préventive : identifier les instigateurs, assécher les canaux d’incitation, protéger les personnes visées. C’est à ce prix que l’on évite que l’escalade des mots ne débouche, une fois encore, sur l’escalade des coups.
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