Druzes de Syrie; de nouveau au bord de l’embrasement

Druzes de Syrie ; Soueïda de nouveau au bord de l’embrasement

La province druze de Soueïda, au sud de la Syrie, connaît une nouvelle escalade de tensions qui pourrait avoir des répercussions régionales. Le 16 août, des milliers de manifestants sont descendus dans les rues pour réclamer l’autonomie de leur territoire. Les images de la foule brandissant des drapeaux israéliens ont marqué les esprits et révélé une fracture profonde avec le pouvoir central syrien.

Une communauté en quête de protection
Les Druzes, minorité religieuse établie depuis des siècles dans la région, estiment ne plus pouvoir compter sur Damas pour assurer leur sécurité. Leur chef spirituel, le cheikh Hikmat al-Hijri, a dénoncé avec force les massacres subis par sa communauté au cours des derniers mois. Pour lui, l’autonomie n’est plus un choix politique mais une question de survie.

Ce sentiment d’abandon s’est cristallisé lors de la grande manifestation d’août, où la population a exigé un statut particulier, capable de garantir sa protection face aux groupes armés qui prolifèrent dans le sud syrien.

Le spectre d’un affrontement intercommunautaire
En réaction, les combattants sunnites et bédouins alliés d’Abou Mohammed al-Julani, chef de la puissante organisation Hayat Tahrir al-Sham (HTS), ont dénoncé ce qu’ils considèrent comme une tentative de « créer un État séparé ». Ces milices, qui avaient déjà annoncé ne plus respecter le cessez-le-feu conclu avec les Druzes, menacent désormais de reprendre les combats.

La rhétorique hostile s’accompagne de mouvements militaires sur le terrain, laissant craindre un retour rapide des affrontements armés. Le sud de la Syrie pourrait ainsi redevenir le théâtre d’une confrontation sanglante entre communautés, dans un contexte de fragilité extrême.

Israël et ses alliés surveillent de près
Israël, inquiet d’une possible déstabilisation à ses frontières, a déjà mené des frappes ciblées contre des positions syriennes dans la région. Tel-Aviv discute actuellement avec Washington et Amman d’un plan visant à établir une trêve durable. Parmi les pistes évoquées figure la création d’un corridor humanitaire reliant directement Soueïda au territoire israélien, afin de garantir l’acheminement de vivres et de soins.

Cette éventualité illustre le caractère hautement stratégique de la région : au-delà de l’enjeu humanitaire, elle pourrait remodeler les équilibres géopolitiques dans le sud syrien et renforcer l’influence israélienne au détriment de Damas et de ses alliés.

Une poudrière en attente d’étincelle
Sur le terrain, les habitants vivent dans l’angoisse d’une escalade incontrôlée. Les appels au calme des leaders religieux contrastent avec la radicalisation croissante des groupes armés voisins. Chaque jour qui passe nourrit la crainte d’un embrasement général, où la population civile serait une nouvelle fois la première victime.

La situation à Soueïda résume les fractures multiples qui traversent la Syrie : tensions communautaires, interventions régionales et absence d’un pouvoir central capable d’imposer un règlement durable. Pour les Druzes, la revendication d’autonomie apparaît désormais comme la seule issue possible face à la menace d’anéantissement.

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