Les otages ne seront libérées que lorsque le Hamas sera éliminé
Dans un message publié sur son réseau Truth Social, Donald Trump a adopté une ligne sans ambiguïté : selon lui, la libération des otages encore détenus à Gaza ne pourra intervenir qu’après l’élimination du Hamas. « Jouez pour gagner – ou ne jouez pas du tout », a-t-il écrit, résumant une approche qui privilégie l’escalade militaire plutôt que la reprise de tractations. Le propos s’inscrit à contre-courant des efforts en cours menés par l’Égypte et le Qatar, qui tentent de remettre sur les rails un accord partiel de libération de captifs assorti d’un cessez-le-feu.
Cette déclaration s’ajoute à des prises de position récentes où Trump a exprimé son scepticisme sur l’issue des négociations. Interrogé par la chaîne N12 il y a quelques jours, il a estimé que le Hamas n’accepterait pas, dans les conditions actuelles, d’ouvrir la porte à un échange permettant le retour des otages. À ses yeux, seule une pression accrue modifierait l’équation. Sans dire explicitement s’il soutient une nouvelle offensive pour prendre le contrôle de la ville de Gaza, il a laissé entendre qu’il partage la logique défendue par le Premier ministre Benyamin Netanyahou : accroître l’effort militaire pour forcer un résultat. « Souvenez-vous du 7 octobre », a-t-il insisté, faisant de cette date le repère moral et stratégique de la séquence ouverte.
Le message posté lundi met en avant une condition préalable — la destruction du Hamas — comme unique chemin crédible vers la libération des personnes enlevées. Pour l’ancien chef de l’exécutif américain, plus cette condition sera réunie rapidement, plus les chances de succès seront élevées. Dans cette perspective, la fenêtre des médiations se réduit : si le sort des captifs est explicitement lié à un écrasement militaire de l’adversaire, les incitations à conclure un compromis temporaire — même partiel — s’amenuisent.
Du point de vue israélien, ces propos confortent une option déjà débattue : intensifier la pression afin de casser la capacité de nuisance du Hamas et l’amener à des concessions substantielles. Pour les médiateurs, ils compliquent la tâche. Les canaux de dialogue activés par Le Caire et Doha cherchent à construire un « minimum opérationnel » : relâcher un groupe d’otages, geler les combats sur une période limitée, puis élargir pas à pas le cadre de l’accord. En mettant la focale sur l’élimination préalable du Hamas, Trump déplace l’horizon d’attente et laisse peu de place à une dynamique graduelle.
La portée politique de cette position tient autant au fond qu’au ton. « Play to win », écrit-il, comme pour signifier que la recherche d’un gain total — la neutralisation du mouvement — doit primer sur les arrangements transitoires. Ce cadrage renvoie aussi à une ligne de communication familière : affirmer un objectif maximal et en faire la condition de toute avancée. Les partisans de cette approche y voient un moyen de restaurer une forme de dissuasion ; ses détracteurs estiment qu’elle repousse la perspective d’un accord à court terme et expose les otages à une captivité prolongée.
Sur le plan tactique, l’équation posée par Trump soulève plusieurs questions. D’abord, celle du calendrier : l’élimination d’un acteur implanté dans un territoire dense ne se décrète pas à brève échéance. Ensuite, celle du signal envoyé à l’interlocuteur : si toute concession est conditionnée à une défaite stratégique du Hamas, quelle incitation ce dernier aurait-il à négocier dès maintenant ? Enfin, celle de la coordination avec les partenaires régionaux : l’Égypte et le Qatar, qui ont construit des passerelles de discussion, cherchent des marges de manœuvre pour éviter un blocage complet.
Reste l’effet interne de cette posture. En Israël, la libération des otages demeure un impératif national, et l’opinion publique oscille entre l’exigence d’efficacité et la crainte d’enlisement. En rappelant à plusieurs reprises « le 7 octobre », Trump met l’accent sur la dimension sécuritaire et mémorielle de la crise, donnant la priorité au registre de la force. Ce récit trouve un écho certain auprès de ceux qui jugent que des concessions prématurées vidées de garanties solides ne produiront que des répliques du conflit.
L’alternative posée par l’ancien président — victoire d’abord, libération ensuite — clarifie les options mais durcit les angles. À court terme, elle renforce l’idée que la solution ne viendra pas d’un compromis rapide. À moyen terme, elle suppose de maintenir un niveau d’engagement militaire élevé, avec les coûts humains et politiques que cela implique, tout en préservant la capacité de saisir une opportunité de libération si elle se présente. Dans cet espace étroit, chaque mot pèse : l’articulation entre fermeté stratégique et fenêtre humanitaire demeure l’épreuve centrale pour ceux qui cherchent, par la négociation ou par la force, à ramener les captifs chez eux.
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