L’armée israélienne se prépare à évacuer la ville de Gaza
À la veille d’une nouvelle phase des opérations autour de Gaza-Ville, l’armée israélienne annonce une accélération coordonnée du transfert de civils vers le sud de l’enclave. Le porte-parole en arabe de Tsahal, Avichai Adraee, a indiqué que des tentes et abris seraient distribués à partir de demain pour faciliter la réinstallation temporaire des habitants loin des combats. Le dispositif, présenté comme une mesure de protection des populations, s’inscrit « conformément aux instructions des dirigeants politiques » et ouvre la voie à un resserrement du calendrier militaire.
Sur le plan logistique, l’acheminement du matériel humanitaire doit transiter par le point de passage de Kerem Shalom, après inspections par la Direction des points de passage terrestres du ministère de la Défense. L’opération est annoncée comme un effort conjoint de l’ONU et d’organisations humanitaires internationales. Tsahal souligne que l’unité du Coordonnateur des activités gouvernementales dans les territoires (COGAT) poursuivra son action pour garantir l’accès à l’aide conformément au droit international. L’objectif affiché est double : sécuriser les déplacements de civils et préserver des corridors d’assistance, tout en maintenant la pression militaire autour de la capitale de facto de la bande.
Le tempo opérationnel est, lui aussi, revu à la hausse. Alors que l’encerclement de Gaza-Ville avait initialement été planifié sur une période de deux mois — une cible évoquée jusqu’en octobre —, le délai est désormais raccourci à « quelques semaines ». Cette compression du calendrier suppose un enchaînement millimétré : samedi soir, le commandant du Commandement Sud, le général de division Yaniv Asor, doit tenir une réunion de validation des plans ; dimanche, le chef d’état-major Eyal Zamir est appelé à donner l’aval final. L’architecture décisionnelle s’inscrit ainsi dans une séquence d’approbations rapides, signe d’une volonté d’éviter tout enlisement administratif avant la montée en puissance sur le terrain.
Sur le front politique, le ministre de la Défense, Israël Katz, insiste sur un cap présenté comme « cohérent et clair » : vaincre le Hamas et rapatrier les otages. Cette ligne, qui associe objectifs militaires et impératif humanitaire, vise à cadrer la communication gouvernementale au moment où les forces israéliennes cherchent à verrouiller Gaza-Ville. La distribution de tentes et la facilitation d’un déplacement ordonné des civils vers le sud sont mises en avant comme des gages de « gestion responsable » des effets collatéraux de l’opération.
Le volet humanitaire demeure toutefois le plus délicat. Réussir un transfert massif de population dans un espace contraint nécessite des garanties sur la sécurité des itinéraires, la disponibilité des abris et la continuité de l’aide. Le rôle des agences onusiennes et des ONG est central pour absorber le choc logistique : cartographier les sites de regroupement, assurer l’accès à l’eau et aux soins, et prévenir les risques de déplacements secondaires si les lignes de front évoluent. L’annonce d’un « redémarrage » des livraisons d’abris via Kerem Shalom vise précisément à montrer que le pont humanitaire est réactivé en amont de la pression militaire.
Sur le terrain, la réduction du calendrier change l’équation. Elle peut, d’un côté, surprendre les acteurs armés adverses en limitant leurs capacités d’adaptation ; de l’autre, elle impose une coordination accrue pour éviter des goulots d’étranglement humanitaires. De fait, l’efficacité de l’évacuation sera jugée à l’aune de trois critères : la clarté des consignes transmises à la population, la sécurisation des routes de déplacement et la mise en place rapide des structures d’accueil. Tout incident majeur sur l’un de ces maillons fragiliserait l’ensemble du dispositif et alourdirait le coût humain de l’opération.
Reste l’inconnue des temps de bascule : à quel moment l’armée considérera-t-elle que le volume de civils déplacés est suffisant pour autoriser une intensification autour de Gaza-Ville ? La réponse dépendra de la cadence des distributions, de l’afflux réel aux zones désignées au sud et de la capacité des partenaires humanitaires à stabiliser les nouveaux sites. Dans ce cadre, la réaffirmation du respect du droit international et le rappel du rôle du COGAT fonctionnent comme des engagements publics destinés à rassurer les médiateurs et bailleurs.
En somme, l’annonce du déploiement de tentes, la coordination avec l’ONU, la validation accélérée des plans par la chaîne de commandement et la promesse politique d’un plan global contre le Hamas dessinent une séquence à la fois militaire et humanitaire. Sa réussite dépendra de l’exécution : protéger les civils tout en serrant l’étau sur Gaza-Ville, sans rupture d’approvisionnement ni confusion de consignes. C’est à cette condition qu’une accélération opérationnelle pourra se traduire, sur le terrain, par un gain stratégique durable.
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