Iran : entre tensions internes et menace de guerre
L’Iran face à une crise multidimensionnelle
L’Iran traverse actuellement l’une des périodes les plus instables de son histoire récente. Confronté à des tensions internes croissantes, à un programme nucléaire fragilisé et à une pression internationale accrue, le pays se retrouve dans une situation où la perspective d’un nouveau conflit armé paraît de plus en plus plausible.
Près de deux mois après le début de la guerre qui l’a opposé à Israël, les négociations nucléaires sont dans l’impasse. L’intransigeance de Téhéran sur certains points a conduit à la rupture du dialogue et à l’affrontement militaire. Les puissances européennes — France, Allemagne et Royaume-Uni — menacent désormais de recourir au mécanisme de « snapback », qui rétablirait les sanctions internationales de l’ONU levées après l’accord de 2015.
Le « snapback » : un retour des sanctions lourdes
Ce mécanisme, inscrit dans l’accord nucléaire de 2015, permet de réimposer sans veto les sanctions en vigueur entre 2006 et 2010. Leur réactivation signifierait un embargo total sur les armes, l’interdiction d’enrichir de l’uranium, l’interdiction des essais de missiles balistiques à capacité nucléaire et un gel des avoirs d’entités et de responsables iraniens. Les inspections de cargaisons aériennes et maritimes seraient également rétablies.
Pour un haut responsable iranien, il s’agit d’une « menace existentielle ». Selon lui, la République islamique n’aurait ni la capacité économique ni la force militaire pour résister à un tel retour de sanctions, ce qui pourrait provoquer des manifestations massives plus difficiles à contenir que par le passé.
Une crise de l’eau aggravée
En parallèle, le pays affronte une pénurie d’eau qualifiée de « grave » par le président Massoud Pezeshkian. L’Iran manque de ressources hydriques tant dans ses nappes souterraines que dans ses barrages. La situation est telle que le président du Parlement, Mohammad-Bagher Ghalibaf, a accusé Israël d’avoir bombardé des canalisations d’eau à Téhéran, aggravant la crise.
Netanyahou, de son côté, avait proposé d’aider le peuple iranien à résoudre ses problèmes d’approvisionnement en eau « après la fin du régime », une offre rejetée par Pezeshkian comme relevant de la provocation.
Des tensions politiques internes
Les déclarations du président sur la nécessité de négocier ont suscité de vives critiques dans les rangs conservateurs. Le quotidien Kayhan, proche du Guide suprême Ali Khamenei, a qualifié ses propos d’« ignorance », accusant Pezeshkian de présenter l’Iran comme faible face à ses adversaires. L’agence Tasnim, liée aux Gardiens de la révolution, a également dénoncé une image de « désespoir » donnée à l’ennemi.
Le chef de l’État a répondu en défendant la transparence : « Reconnaître les problèmes, c’est respecter la conscience du peuple. Nous sommes là pour construire, pas pour cacher. »
Un programme nucléaire affaibli mais stratégique
La guerre de Douze Jours a infligé des dommages importants aux infrastructures nucléaires iraniennes. Néanmoins, Téhéran conserve plus de 400 kg d’uranium enrichi à 60 %, de quoi fabriquer plusieurs ogives après enrichissement supplémentaire. Pour Netanyahou, ce stock n’est pas immédiatement exploitable pour produire des armes nucléaires, mais Israël reste vigilant quant à toute tentative de reconstruction du programme.
Selon Danny Citrinowicz, ancien haut responsable du renseignement militaire israélien, l’Iran se trouve dans une « situation stratégique critique » combinant la guerre, la crise hydrique et les tensions régionales. Malgré les pertes subies par ses alliés au Liban et en Irak, Téhéran chercherait à rétablir ses réseaux et à renforcer ses défenses aériennes et ses capacités balistiques avant toute décision majeure sur le nucléaire.
Un risque élevé d’escalade
Citrinowicz estime qu’une nouvelle confrontation pourrait éclater si l’Iran pense qu’Israël s’apprête à frapper, mais qu’il évitera de reproduire le scénario initial du dernier conflit, jugé trop risqué pour le régime. L’option d’un accord tacite de « non-agression », en échange de concessions sur le nucléaire, est évoquée comme un moyen d’éviter l’escalade, même si la probabilité d’un retour à la guerre reste élevée.
Jforum.fr
Similaire
La rédaction de JForum, retirera d’office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.
La source de cet article se trouve sur ce site