Ce vendredi soir c’est la question posée à tous les analystes militaires israéliens : avec l’invasion de Gaza aurons nous assez de militaires disponibles? Réponse dans l’article de Marianne ci-dessous. Pour nos lecteurs qui n’ont pas suivi l’actualité Israël a décidé de rentrer massivement sur Gaza.
« C’est vraiment un contrôle, et non pas une occupation ou autre chose », explique le porte-parole de l’armée israélienne, Colonel Olivier Rafowicz, sur LCI. « Le but ici est de faire que le Hamas soit défait », poursuit-il. « Il y aura toujours cette intention du Hamas de soit préparer une nouvelle invasion, soit de se préparer pour les prochaines années à de nouvelles attaques. Si le Hamas dépose les armes, la guerre s’arrête, et donc il n’y aura pas d’opération de prise de contrôle de telle ou telle ville. On ne peut, en aucun cas, laisser le Hamas présent », indique-t-il encore.
UN ARTICLE DE MARIANNE. Confrontée à une grave pénurie d’effectifs, l’armée israélienne, qui se bat sur de multiples fronts, cherche à tout prix à regarnir ses troupes, y compris en envisageant de faire appel à des demandeurs d’asile africains.
Des immigrés africains en situation illégale sous l’uniforme de Tsahal : c’est la dernière idée en date des responsables militaires israéliens pour faire face à un pénurie de soldats. Les 300 000 réservistes mobilisés ne suffisent plus à combler les vides, alors que le pays est menacé sur 8 fronts: dans la bande de Gaza, au Liban, en Cisjordanie, en Syrie, en Irak, au Yémen avec les rebelles Houthis, sans compter la frontière avec la Jordanie et en arrière plan, l’Iran. Il manque à l’appel entre 10 000 à 20 000 militaires.
À la recherche désespérée de nouvelles recrues, l’armée a commencé à tester la possibilité d’effectuer des recrutements parmi les 30 000 demandeurs d’asile africains. Le « deal » proposé est simple : en échange d’un service militaire, ces immigrés, pour la plupart en situation illégale et précaire, se verraient proposer un statut de résident permanent en bonne et due forme, ce qui empêcherait leur éventuelle expulsion.
Certains candidats potentiels ont été sondés discrètement en se voyant proposer une formation militaire accélérée de deux semaines, une solde équivalente à leur salaire, a révélé le quotidien d’opposition de gauche Haaretz. Une formule proche a d’ores et déjà été utilisée pour les immigrés arrivés enfants en Israël avec leurs parents, qui ont ensuite suivi toute leur éducation dans des écoles israéliennes avant de se porter volontaires pour endosser l’uniforme et obtenir ainsi un statut légal pour eux et leur proche famille.
Difficile de prévoir si cette opération de séduction va réussir. Seule certitude : certains de ces immigrés ont déjà partagé le sort des Israéliens. Deux d’entre eux ont été tués par le Hamas lors des massacres commis le 7 octobre dans le sud d’Israël. Certains d’entre eux se sont également portés volontaires notamment pour travailler dans l’agriculture ou pour acheminer de l’aide de première urgence dans les localités israéliennes proches de la bande de Gaza dévastées par les islamistes palestiniens.
Mais le recours à ces recrues, même s’il se généralise, ne suffira pas à boucher les trous. Le gouvernement fait feu de tout bois pour remplir les rangs. L’âge maximum des réservistes susceptibles d’être appelés va être repoussé d’un an à 41 ans pour les soldats et 46 ans pour les officiers. Plus de 15 000 réservistes, qui n’étaient plus appelés sous les drapeaux depuis des années à la suite du démantèlement ou de la diminution des effectifs de leurs unités, vont devoir rempiler.
Le service militaire va passer de 32 à 36 mois pour une période de cinq ans, alors qu’il avait tendance à diminuer progressivement ces dernières années. À noter que de plus en plus de soldats, ayant achevé leur service obligatoire, n’en ont pas fini avec l’armée et doivent immédiatement enchaîner avec des périodes de réserve de plusieurs mois parfois.
Enfin, une bataille homérique bat son plein à propos des ultraorthodoxes juifs qui bénéficiaient jusqu’à présent d’une exemption quasi-totale de service militaire alors que guerre bat son plein. Au total 60 000 harédim (les « craignant Dieu » en hébreu) qui étudient dans des yéchivot, les séminaires d’études religieuses, échappent à Tsahal.
Ce privilège dure depuis la création de l’État d’Israël en 1948. Mais il est de plus en plus mal supporté par la grande majorité des laïcs qui doivent crapahuter et mettre leur vie en danger. En juin, la Cour suprême a statué que cette situation était illégale et devait prendre fin en prescrivant que les yéchivot, dont les étudiants ne servent pas devaient être privées de fonds publics. Mais Benyamin Netanyahou, le Premier ministre fait tout pour traîner les pieds. Il redoute par-dessus tout que les deux partis ultraorthodoxes, membres de sa majorité, qui sont vent debout contre toute idée de conscription, fassent tomber son gouvernement si d’aventure les jeunes religieux étaient contraints d’aller à l’armée. Yoav Gallant, le ministre de la Défense, pousse au contraire à aller de l’avant sur ce « front », mais sans grand succès pour le moment.
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